Zviaguintsev à Cannes : encore un succès
Le 25 mai dernier, le 67ième Festival de Cannes a fermé ses portes.
18 films étaient en compétition, sur les bords de la Méditerranée, pour recevoir la fameuse Palme d'Or. Parmi eux, «Léviathan» du Russe Andréï Zviaguintsev qui a reçu le prix du meilleur scénario. Rappelons que c'est la troisième fois que ce metteur en scène est récompensé à Cannes. En 2007 son film «le bannissement» avait reçu le prix du meilleur rôle masculin, en 2011, son film «Eléna» le prix spécial du jury dans la catégorie «Un Certain Regard».
Pour les critiques, ce film propose, dans un travail sérieux, un récit politico-social sur la Russie d'aujourd'hui, et c'est une première.
Le cinéaste n'aime pas analyser ses œuvres, mais voilà ce qu'il dit de son film: «Le bien le plus précieux de l'être humain, c'est sa liberté, sa dignité. Le nom de l'œuvre renvoie à deux choses: à la vie de Job, dans l'Ancien Testament, et à l'ouvrage « Léviathan»de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIIème siècle. Hobbes était partisan de la monarchie absolue. Selon Hobbes, les hommes doivent se soumettre à ce pouvoir qu'ils ont eux mêmes choisi. En cela mon film est un jugement à l'usage de notre société russe. En abdiquant sa liberté souveraine en échange d'un bien être social, l'homme, de fait, signe un contrat avec le diable ».
Ce film est une interprétation personnelle du destin de Job dans la Bible.
Le Seigneur le soumet à des expériences, lui retirant famille et fortune et lui envoyant toutes sortes de maladies, pour mettre sa foi à l'épreuve. Un drame politico-social terrible se déroule sous nos yeux, non sans satire, cependant.
Après « le retour » et «le bannissement», couronné à la Mostra de Venise et qui ont apporté au cinéaste la notoriété en Europe, Zviaguintsev semblait appartenir à cette catégorie d'auteurs sérieux qui parlent «de l'intemporel». Mais déjà son film précédent, « Eléna», démontrait son goût de l'observation féroce de la société russe. Léviathan apporte, lui, la preuve qu'il n'a pas son égal dans le domaine de la satire et de l'humour.
Que nous dit son film? Qu'un homme honnête est impuissant et sans droit dans sa lutte contre un pouvoir corrompu omniprésent dans la société russe actuelle... pouvoir en outre protégé par l'église.
Oui, «Léviathan», est une interprétation de la parabole biblique de Job.
Sauf que si c'est Dieu lui-même qui a envoyé ces épreuves à Job, pour le héros du film, les épreuves viennent d'un dieu privatisé par un pouvoir dont les intermédiaires sur terre ont su s'emparer et protègent un régime corrompu.
On dit que le film drôle et terrible de Zviaguintsev ne sera pas distribué en Russie. Trop d'argot et d'alcool. A la question d'un journaliste américain « pourquoi dans votre film, on boit de la vodka, comme on boit de l'eau par canicule », Andréï Zviaguintsev a répondu que le ministre de la culture russe, Monsieur Médinski, lui avait fait la même remarque : «En Russie, on ne boit pas comme ça ! »
Lors de la conférence de presse, d'autres questions lui furent posées sur la liberté de création dans la Russie actuelle, sur la possibilité de critiquer le pouvoir dans une œuvre et le prix à payer pour cela. Zviaguintsev a souligné qu'il n'y avait dans son film aucune intention de lutte avec qui que ce soit. Et il a précisé que le ministre de la culture, bien qu'il n'ait pas aimé son film, est prêt à recevoir toutes ses propositions de scénarios.
Quel que soit le destin de son film en Russie, Zviaguintsev est sûr de son avenir en Europe. Il est comparé ici à Sokourov et Tarkovski. A son nouveau film on donne du « chef d'œuvre ».
Sa sortie est prévue en France le 24 septembre prochain.
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Некоторые считают Звягинцева лучшим русским сегодняшним режиссером.
Придется ждать до сентября