Maman au carré
Le film « Mommy », cinquième long-métrage du réalisateur canadien Xavier Dolan est sorti la semaine dernière en grande pompe. Les débats à propos du film ont commencé dès sa première, au festival de Cannes où le film a reçu le prix spécial du Jury, et n’ont pas cessé durant les mois qui ont suivis.
Tout le piquant réside dans le fait que cette même précieuse récompense ait été à la fois attribué à Dolan mais aussi au maître de la cinématographie française d’échelle mondiale, Jean-Luc Godard, pour son dernier film « Adieu au langage ».
Le public n’a pourtant pas été refroidi par le choix si étrange du jury : comment peut-on mettre au même rang le grand novateur Godard avec le jeune Dolan ? Cela reste pour beaucoup encore une énigme. Dolan n’a pas arrangé les choses en déclarant à une maison d’édition française, qu’il ne voyait pas pour lui d’honneur à partager la précieuse statuette avec Godard. Ces paroles ont littéralement rendu furieux tous les cinéphiles et ont d’autre part fourni une incroyable côte au film « Mommy », rassemblant en France, en une semaine seulement plus de 300 000 visiteurs.
Pour le tournage de « Mommy », Xavier Dolan a choisi un format inhabituel pour les spectateurs, le format 1 :1, qui transforme le film au carré et aplati la perception visuelle. Il est particulièrement drôle de voir que pour son film « Adieu au langage », Godard a pour la première fois choisi un format d’image 3 : 3.
L’histoire des relations contradictoires, quasi incestueuses entre l’extravagante « Petite maman » Diane, joué par Anne Dorval et son fils incontrôlable Stiva, joué par Antoine-Oliver Pilon, attirent sans mot dire l’attention. Bien que l’auteur n’a pas été en mesure de justifier précisément ses tels choix de sujets, comme par exemple Diane qui n’est pas en mesure de contrôler son hyperactivité.
Notons que, dans son discours à Cannes Dolan a déclaré que « tout devenait possible si on ose ». Néanmoins le réalisateur n’a pratiquement rien osé au cours de ce film. Il a clairement essayé de faire allusion à quelque chose, mais il n’a mené aucune scène jusqu’au bout ni aucune de ses pensées. Rassemblant en une seule fresque cinématographique trois personnages hauts en couleur, il n’a pas été capable de faire le principal, à savoir les lier entre eux et parler de leur tragique destin.
Au final il ne reste au rien au spectateur, si ce n’est de pouvoir regarder les incessantes et immuables querelles familiales et ajouter à son vocabulaire de nouveaux jargons, laissant, malgré cela chacun complètement indifférent envers ce qu’il se passe à l’écran. Les beaux cadres esthétiques, se suivent l’un après l’autre, comme dans un clip musical, bien qu’un profond psychologisme, tellement important pour Dolan, demeure loin derrière les écrans « au carré » du film.
On peut appréhender le travail de Xavier Dolan de différentes façons, qui a par essence des sujets originaux et une composition bien rangée ; comme toujours quelqu’un ne voit rien d’autre dans le réalisateur qu’un parvenu, qui est par chance tombé dans une nouvelle composition cinématographique. Bien qu’il faille prendre conscience, que « Mommy » est un film que l’on peut difficilement qualifié d’heureux. Par la force de son énoncé, le film cède sa place non pas seulement au dernier Godard, mais aussi au précédent film de Dolan lui-même.
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Годар был первоклассным режиссером, но это было давным давно. Сегодня это просто посредственный режиссер — старость не щадит никого, даже великих. Так что возмущения автора я разделить не могу.
Насчет же фильма, который можно было назвать «Из жизни сумасшедших», то он мне был чем-то неприятен, как вообще неприятны сумасшедшие, но он резко выделяется из общего потока кинопродукции, экспериментален, оригинален, несколько действительно сумбурен, но я не жалею, что пошел его смотреть.
Мамочку не смотрел, но осуждаю
Категорически не согласна с утверждением, что сегодня Годар превратился в посредственного режиссера. Он один из немногих, кто несмотря на преклонный возраст сохранил ясность ума и по-прежнему продолжает экспериментировать и развить кино как искусство.
А мне фильм Долана показался очень сильным: необычная постановка, органичные актеры ( фильм снят без «звезд»мировой величины), сложная и интересная тема. Долан не давит на сентиментальную железу, обилие музыки оправдано, ибо иллюстрирует мир главного героя. Учитывая юный возраст режиссера — браво!