« Le Chant de la mer »
Quand j’étais enfant et dieu.
Quand il y a longtemps, il y a six ans j’ai eu l’occasion (par hasard !) de regarder un film (ma main ne peut écrire « dessin animé », tant pis si c’est un dessin animé, comme disent les Français), qui – je n’ai pas peur de l’emphase – a changé ma vie.
Bon, bien sûr, cela ne l’a pas exactement changé mais l’a tortillé, enchanté – ce qui est la même chose. Furtivement mise en avant sur un réseau social, la merveille s’intitulait « The secret of Kells » et n’existait qu’en version anglaise, ce qui impliquait pour la découvrir dans son entièreté de regarder en boucle ce chef-d’œuvre sans les envahissantes lettres blanches des sous-titres amateurs (il faut alors tout connaître par cœur afin de le maîtriser).
Moguer n’était pas un modeste village
Mais une merveille blanche – intemporelle
– Etincelante, énorme…
Le film a été créé par un génie irlandais inconnu, du nom de Tomm Moore, la musique a été écrite par Bruno Coulais et le groupe irlandais Kίla (avec, ah !, le délicieux folklore irlandais, fait de harpes, de danses et autres délices). Et personne ne savait rien du film, ni de l’auteur, la presse partisane est restée muette, mais tous les amis « du Secret » l’ont assidument regardé et nous en sommes devenus tous fous.
Des miettes d’informations sur l’auteur et la musique, voilà ce que j’ai réussi à obtenir en parcourant internet, dans l’espoir de trouver encore des merveilles ou ne serait-ce que l’attente déchirante de celles-ci. Et si vous êtes curieux du « Secret of Kells » tissé de couleur, de lumière, de mythes irlandais, de teintes saturées, d’ornements et de toutes les nuances du vert, alors regardez-le ! L’espoir m’a été donné, on m’a promis une suite au film « Le Chant de la mer » (encore six mois entiers ou quelque chose de proche) et on a diffusé une bande-annonce afin d’être encore plus torturé par l’attente.
Mais les six mois passèrent, puis une année, puis une année et demie et « Le Chant » ne paraissait pas. Mais après deux (ou trois ?) ans arriva l’information qu’il ne paraîtrait pas que le projet avait été annulé, etc. Malheureusement, il ne me restait plus qu’à regarder en boucle « The Secret of Kells », en pleurant à chaque fois à la fin, parce que ce film est trop bien, trop beau pour ne pas retenir ses larmes d’émotions.
Et puis un jour, un soir d’hiver, dans le labyrinthe blanc interminable du métro parisien, je me heurte au bleu… à une affiche bleue, qui me fait la promesse, à moi personnellement (et aux autres amateurs de Moore, bien sûr), d’un cadeau inattendu – « Le Chant de la mer », est sorti « hier »… Au cinéma, vite je dois aller au cinéma, avec des connaissances, des amis, du moment que ce soit des gens avec qui partager cette joie nouvelle, cette nouvelle merveille (et c’est ce qu’elle sera). Au sinon, je vais exploser !
A qui d’entre nous est-il donné de connaître cette merveille
Dis-le ?! [i]
« Le Chant de la mer » est sorti sur les écrans français le 10 décembre et est projeté avec des sous-titres ou en version française (la version avec les sous-titres est la mieux, l’anglais ajoute son charme au film !), il dure une heure et demi, aveugle par la densité des couleurs d’un bleu azur profond, étourdit de féerie et de poésie. A nouveau le groupe Kίla et Bruno Coulais, les chansons de Nolween Leroy. Et comment ne pas pleurer pendant le film, tout en séchant rapidement ses larmes afin de pouvoir regarder !
L’histoire a été écrite par Moore lui-même (le conte de Moore !)[i] sur base de nombreuses légendes irlandaises magiques. Le film parle de gens et de merveilles, sur la mer et d’une petit fille, sirène de la mer (prénommée Maïna), se transformant en dauphin, dont le chant peut sauver les légendes-merveilles de ce monde, qui ont été converties en pierre par la compatissante Sorcière-hiboux (et non par méchanceté mais par compassion). Il raconte l’histoire de la famille de la petite fille, vivant dans un phare, de son frère et de son père, de sa mère-selkie, de sa grand-mère tentant de convaincre la famille d’aller à la ville, loin de la mer, de cette même mer et, bien sûr, de différents personnages merveilleux.
L’intrigue est étroitement liée au monde des légendes et des contes, mais la fin du film est plus triste que joyeuse, bien que vous pouvez être d’un autre avis (chacun décidera lui-même), il est clair que les merveilles une fois libérées quittent le monde « réel » des hommes.
Et, c’est ce qui est intéressant : l’histoire se passe en 1987, une année importante pour l’Irlande, après laquelle le pays « s’est socialisé », « est entré dans le monde », année après laquelle son folklore, sa transmission et sa conservation minutieuse des légendes et contes nationaux ont perdu leur importance et leur actualité et sont progressivement entrés dans le passé – il est donc vrai qu’ils sont partis, ils se sont séparés.
« Le Chant de la mer » est à l’écran de beaucoup de cinémas parisiens, mais je vous conseille surtout le Studio des Ursulines où on le passe même à la dernière séance de Paris, à 20h45. On donne aussi là des dépliants du film. Avec un coloriage et des instructions pour la construction d’un phare miniature.
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