A la Maison Européenne de la Photographie. Tim Parchikov et les autres
Installée au pied du quartier des Marais, la Maison européenne de la Photographie, se révèle être depuis près de vingt ans, l’un des plus grands centres européens dédicacés à la photographie. En dehors du grand espace d’exposition, on trouve une bibliothèque, une médiathèque ainsi qu’un amphithéâtre, où se déroulent des conférences menés par de célèbres photographes et ainsi que leurs agents.
L’ouverture de la nouvelle saison d’exposition s’est déroulée courant septembre. On notera, qu’à chaque fois, les expositions sont organisées de façon à ce que les visiteurs prennent connaissance des différents genres et styles de photographies (des portraits studios aux dures chroniques militaires), et puissent admirer les œuvres de maîtres reconnus et découvrir de nouveaux noms. C’est justement par cette volonté de saisir toutes les facettes de la photographie, que s’explique le choix des auteurs qui, à première vue, peut sembler paradoxal.
Cette fois sur les murs de la maison européenne, les photographies présentées sont les ouvrages du « lumineux sculpteur » Keiichi Tahara, « le photographe nomade » Pascal Maitre, membre de l’association Magnum Photos, René Burri, l’ « œil » de l’intelligentsia européenne François Lagarde, et aussi de jeunes photographes russes dont Tim Parchikov et Anastasia Khoroshilova.
Les ouvrages de Tim Parchikov sont regroupés sous le nom de « Suspense ». Celui-ci entre dans le vocabulaire du maitre de l’horreur Hitchcock. Ce terme reflète en vérité l’état d’inquiétude dans lequel se retrouve plongé les spectateurs, comme cela s’est vu dans la salle consacrée aux travaux de Parchikov. Notons que les œuvres sont présentées d’une façon assez originale : les photographies sont tirées sur un support transparent et éclairées en leur centre, tandis que la salle est plongée dans le noir complet. Encore une fois, cela renvoie à l’atmosphère sombre régnant dans les salles de cinéma. Tandis que les cadres immortalisés par le photographe, provenant de films imaginaires, font penser, de leur côté, au premier projet photo de Cindy Sherman intitulé «Untitled Film Stills ».
Anastasia Khoroshilova est l’autre artiste russe qui présente ses photographies à la maison européenne, à qui la série « Starie Novosti » remet en mémoire la catastrophe de Beslan. Les portraits (pratiquement de taille réelle) de mères d’enfants tués, sont installés dans des remorques à moitié découvertes, tandis que des écrans miniatures, diffusent des chaines d’information russes. L’idée d’opposer sèchement le monde mécanique de l’information de masse à des personnes réelles, subissant la douleur de la perte, a d’elle-même semblée significative et intéressante.
A l’inverse, on note que les photographies de plan moyen des mères ne sont pas trop suggestives ni originales, et qu’elles n’ont pas permis aux spectateurs peu informés sur l’histoire de Beslan, de ressentir toute l’ampleur de la tragédie.
Hormis des artistes russes, il faudra aussi fixer son attention sur les rigoureuses et lumineuses compositions du japonais Keiichi Tahara, qui, quant à elles, contrastent parfaitement de par ses couleurs chaudes avec l’œuvre « Afrique » de Pascal Maitre… Le musée européen de la photographie a, en somme, ouvert sa nouvelle saison avec succès et a encore une fois renforcé sa réputation de plus important centre de la photographie en Europe.
Maison Européenne de la Photographie. Jusqu’au 2 novembre 2014 5-7 rue de Fourcy, 75004 Paris, Entrée : 8 € / 4, 5 €
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