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mardi, 23 avril 2024
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Au festival de cinéma Jean Rouch des films de pays russophones

Anastasia Bureaux, traduction d'Olga Vesic0:56, 28 novembre 2017CulturesImprimer

À Paris se déroule la 36è édition du Festival International Jean Rouch, dédié au film ethnographique. 

Y sont présentés 66 films dont neuf venant de pays russophones — Russie, Ukraine, Kazakhstan et Géorgie.

Selon les dires des organisateurs, le festival a pour but de faire connaître aux spectateurs le genre documentaire où sont évoqués des thématiques culturelles, sociales et environnementales.

Neuf films russophones sont présentés au festival : « Demain la mer » de la réalisatrice Katerina Suvorova (Kazakhstan), « Voyage en troisième classe » de Rodion Ismailov (Russie), « L'éclat du soleil couchant »  de Salomé Jashi (Géorgie), « Les ramasseurs d'herbes marines » de Maria Murashova ( Russie), « Territoire de la liberté » d'Alexander Kuznetsov (Russie), « À la recherche du bonheur » d'Alexander Gutman (Russie), « L'amour en Sibérie » de la réalisatrice russe Olga Delan qui vit en Allemagne, et d’autres films.

Parmi les films russophones déjà projetés «Voyage en troisième classe» et «Demain la mer» ont connu le plus grand succès. Selon un membre du comité organisateur du festival, Milena Boclé, ce sont ces deux films qui ont réuni le plus de spectateurs.

"Je crois que c’est la deuxième fois de toute l’histoire du Festival qu’il y a eu autant de monde, à tel point que beaucoup n’ont pas pu rentrer dans la salle — nous a fait part madame Boclé.

La salle était également pleine pour la projection du film «L'amour en Sibérie», dans lequel la réalisatrice Olga Delan, après vingt ans de vie passés à Berlin, arrive dans un petit village de Sibérie et pose à ses habitants une question, si simple et si compliquée à la fois : « Qu'est ce que l'amour? »

Après la projection, les spectateurs ont pu poser leurs questions à la réalisatrice

La réalisatrice Olga Delan (au milieu)

«Ce film porte avant tout sur les valeurs familiales, — raconte Olga. — Dedans, il n'y a pas de politique, tout comme il n'y a pas de publicités et de routes asphaltées. Ou plutôt, il y en a (de la politique), mais une heure par jour tout au plus, à la télévision. Qui plus est, lorsque ma mère s'est retrouvée pour la première fois dans ces lieux, dans les années 70, après avoir rencontré mon père, elle disait qu'elle avait rencontré des gens qui ne savaient rien de la Seconde guerre mondiale et n’en avaient jamais entendu parler.»

— Vos protagonistes parlent beaucoup d'amour, de sentiments, de choses intimes. Comment avez-vous réussi à les faire parler ?

— Lorsque je regarde ce film, je m'étonne moi-même parce que, personnellement, je ne l'aurais pas fait. En 2010, je me suis retrouvée pour la première fois dans ce village et j'ai appris que j'avais des proches qui y vivaient. Mais pour les gens du village, j'étais avant tout non pas une «européenne» ou une proche, mais une journaliste américaine qui avait toujours son appareil photo sur elle, j’étais de « quelque part loin là-bas ». Mais mon amour pour ces gens était si grand qu'ils sont devenus pour moi des héros. Je suis sûre que c'est justement l'amour et la confiance qui ont permis d'entrouvrir leurs cœurs.

— Il y a beaucoup de jeunes gens au village. Veulent-ils partir, déménager en ville pour y trouver du travail et rencontrer plus de gens ?

— C’est probablement à eux qu’il faudrait poser la question. Mais pour être honnête, je ne souhaite pas cela. Pour moi, ils sont purs, naïfs (bien qu'ils soient de temps en temps également un peu malpolis), comme des enfants. En déménageant en ville ils deviendraient banals et perdraient leur pureté.

— Pourquoi dans le film les femmes parlent d'amour, dévoilent leurs sentiments alors que les hommes se taisent ?

— Là-bas, les hommes ne sont pas très bavards. Ceci dit, dans le film, à un moment l'oncle Tolia dit qu'il ne sait pas si sa femme l'aime. Après le tournage, nous avons discuté pendant près d’une heure : j'essayais de le convaincre que l'amour existe depuis longtemps, qu’il ne pouvait tout simplement pas ne pas y en avoir entre eux. Il restait silencieux, fumait beaucoup, puis il a levé les yeux vers moi et dit: «Oui, sûrement, il y en a».

À la fin du film, j'ai demandé à sa femme: «Votre mari se comporte-t-il mieux avec vous?» Elle a répondu que oui, qu'il était devenu plus doux. Mais elle n'était pas au courant de notre conversation et pensait qu'il avait juste vieilli. Elle ne savait pas que, pour lui, notre conversation avait effectivement changé quelque chose.

— La vie en ville ou à la campagne influe-t-elle sur les relations des gens?

— Sans aucun doute. La campagne dicte un style de vie familial, et la ville — d'affaires. Mais en tout cas ce sont juste des vecteurs et nous choisissons nous même notre direction.

La question familiale se pose non seulement pour le village en Sibérie, mais également en Allemagne, en France et n'importe où ailleurs. C'est simplement un style et un mode de vie au sens général.

Le festival se déroule à Paris au  Musée de l’Homme, au Musée du quai Branly, à l’ Inalco, à l’ EHESS.
 Plus d’informations  ICI

Jusqu’au 3 décembre. L’entrée est libre.

 

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