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samedi, 20 avril 2024
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Un siècle après la révolution d’Octobre, ou l’histoire d’une génération d’orthodoxes

Anastasia Bureau, traduction de Jasmine Beaune0:10, 26 février 2017Russie IciImprimer

Cette année marque le centenaire de la révolution d’Octobre, événement qui a transformé le monde, la vie des peuples et de millions de familles de Russie.
C’est justement sur le destin du peuple russe après les événements d’octobre que portait début février à Paris la réunion de l’association « Glagol » en l’église Saint-Jacques du Haut-Pas.

И.Г.Дробот | Ivan Drobot

Lors de la réunion, Ivan Gueorgievitch Drobot a pris la parole pour raconter l’histoire de sa grande famille orthodoxe, une génération que le destin a mise sur le chemin de l’exil.

Émigration

Ivan Drobot est né en France dans les années 50 dans une ville de la banlieue parisienne, dans la famille de l’archiprêtre Gueorgi Drobot. Son arbre généalogique est complexe et riche : les ancêtres de son père étaient originaires de la province d’Orel et ceux de sa mère étaient des Cosaques du Kouban.

« Mon père est né à Kharkov en 1925. Mon grand-père paternel, Nicolas Trofimovitch Drobot, est né à Graïvoron et ma grand-mère Anna Ivanovna Moroz était originaire de la stanitsa cosaque d’Oust-Labinsk. Du coté maternel, mon grand-père Ellidifor Mikhailovitch Tikhonitski était le fils du martyr Mikhaïl, prêtre d’Orel. Nous sommes une grande famille : plus de 52 personnes enfants, petits-enfants, maris et femmes confondus », explique Ivan Drobot.

Les parents d’Ivan se sont rencontrés en France après de nombreuses péripéties. Sa mère s’est enfuie en Autriche pendant la Seconde Guerre mondiale, au terme de laquelle elle essaya de retrouver sa famille en écrivant des lettres : elle a réussi à trouver son oncle, évêque Vladimir (Tikhonitski), fils du père et martyr Mikhaïl, qui lui a offert un toit à Paris.

« A Paris, elle fut diplômée du lycée russe. A vingt ans elle rencontra un étudiant de l’Institut Théologique (La paroisse Saint-Serge), Gueorgi Drobot. Ils se sont mariés puis il a été ordonné prêtre », poursuit Drobot.

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Responsabilité

Ivan Drobot est l’arrière-petit-fils du martyr Mikhaïl Tikhonitski, qui fut supérieur dans les paroisses rurales du diocèse de Viatka.

Le 5 février 1918, lors de la Divine Liturgie, il fit la lecture de l’épître de Sa Sainteté le patriarche Tikhon à l’encontre les bolcheviks. Il a fut placé en résidence surveillée le soir même.

Plus tard, il fut condamné à être fusillé. Sur le chemin de la mort, il chantait le Canon de Pâques et après avoir creusé lui-même sa propre tombe, pria avant mourir.
Il fut exécuté le 20 septembre 1918.

Près d’un siècle plus tard, en 2003, le père Mikhaïl fut glorifié au rang de martyr du peuple russe.
« On me demande souvent ce qu’est d’avoir un martyr dans sa propre famille. Les gens pensent que c’est une chance. Non, ce n’est pas une chance, c'est une grande responsabilité. Il faut essayer de correspondre à ce statut, d’éduquer convenablement sa famille. En effet, malgré ce qui s’est passé avec la Russie, elle a un chemin de salut et nous en avons également un, en nous-mêmes », poursuit Ivan Drobot.

Les deux fils du père Mikhaïl, Benjamin et Vladimir, sont devenus évêques orthodoxes, et le troisième, Ellidifor, travaille dans le domaine de l'éducation. Ses filles Maria, Ioulia et Vera sont devenues enseignantes.

« À l’époque, on disait souvent, que les révolutionnaires étaient repartis dans le peuple afin d’élever le niveau de conscience. En fait, les enfants du clergé faisaient de même : ils se sacrifiaient pour l’éducation. Par exemple, deux de mes tantes « ont plongé la tête la première » dans la pédagogie et ne sont pas mariées », déclare Ivan Georgiyevich.

La Russie

« Je me suis rendu en Russie pour la première fois en 1983 pour mon travail. Cependant, malgré le fait que ma famille et moi vivons en France, nous parlons absolument tous russe. Nous nous y tenons, nous conservons la « pureté » de la langue, c’est seulement ainsi que nous pourrons conserver les traditions et la culture russe » conclut Drobot.

Ce n’est pas en vain que le vingtième siècle est appelé le siècle des tournants : certains ont réussi à suivre le mouvement et à atteindre des sommets sans précédent, mais pour d’autres, tous ces événements ont été une réelle tragédie.

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