Le « grand mystificateur » aurait eu 100 ans
L'écrivain français, Romain Gary, deux fois lauréat du prix Goncourt, est né le 8 mai 1914 à Vilna.
Qui était-il, ce grand mystificateur ? Les spécialistes de son œuvre s'efforcent de faire le tri entre ce qui, dans ses livres, relève de l'imagination, et ce qui s'inspire d'événements réels. Quant à sa vie personnelle, quelle est la part d'invention? N'a-t-elle pas été elle aussi une œuvre aussi réussie que ses romans ? Dans un de ses romans, il utilise l'image du « plaid », pour décrire la vie d'un de ses personnages ; le plaid ou l’entrelacs de croyances, de langages, de nationalités, de professions, de personnages littéraires.
L'association française « Les Mille Gary » conserve aujourd'hui sa mémoire. Romain Gary aimait à dire qu'il se sentait à l'étroit « dans une seule peau » et était en permanence à la recherche d'un autre « MOI ».
Dans sa revue « Le plaid », l'association recense et publie les articles consacrés à sa vie et son œuvre.
Sa biographie
En 1928, âgé de 14 ans, Roman Katsev arrive à Paris avec sa mère, actrice émigrée. Il parle yiddish, polonais, russe, mais ne sait pas un mot de français. Pourtant peu de temps après, il sera en français le meilleur élève. Après le lycée, il rentre à la faculté de droit et étudie en même temps l'aviation, car il rêve de devenir pilote militaire.
Gary racontait qu'on n'avait pas voulu de lui dans l'armée, car apatride, on n'avait pas confiance en lui. Mais il affirmait en même temps qu'en 1935, il avait reçu la nationalité française. En tout cas, pilote de guerre il fut dès le début du conflit, puis, quand la France fut occupée, il rejoignit en Angleterre les Forces Françaises Libres du Général De Gaulle. Combattant actif de la Résistance, il a été toute sa vie un gaulliste fidèle. La mort du général en 1970 fut pour lui une tragédie personnelle.
La promesse de l'aube
En 1945, son premier ouvrage publié sous le nom de Romain Gary, « Une éducation européenne », est accueilli très chaleureusement par les lecteurs. Rien d'étonnant à cela, car comme toutes ses œuvres, elle passe par le cœur de l'écrivain et il l'a écrit dans un élan passionné.
Mais c'est « La promesse de l'aube » qui va devenir sa signature, son œuvre la plus pénétrante, bouleversante. C'est le dialogue avec la mère tant aimée qui rêvait pour son fils unique d'un « grand avenir ». Mais quelle probabilité y avait-il de faire rentrer dans une seule petite vie humaine tous les rêves d'une mère ?
Lui y parvint ! Il fut aviateur, résistant, chevalier de la Légion d'Honneur, après la guerre, diplomate, représentant français à l'ONU, et écrivain mondialement connu. Comme l'avait souhaité sa mère. Mais elle ne le vit pas, car elle mourut en 1942. Sentant venir la mort, elle écrivit 100 lettres qu'elle donna à une voisine afin qu'elle les envoie régulièrement. « que mon garçon combatte tranquille ! »
L'amour d'une mère !
Deux prix Goncourt
En 1956, il reçoit le premier pour son roman « Les racines du ciel ». Il veut sauver les éléphants d'Afrique, devenant ainsi le premier « défenseur des animaux ».
« Un homme capable de tuer en animal sans défense en le regardant droit dans les yeux a tout pour devenir un SS » disait-il.
Gary est un homme inquiet. En dépit de la critique qui n'aimait ni son style ni son mot , il atteint les sommets de la reconnaissance littéraire. Qu'y a-t-il de plus prestigieux que le prix Goncourt qu'un écrivain ne reçoit qu'une fois dans sa carrière ?
Mais lui s'ennuie. Il tente des expériences , et publie en 1957 son premier livre en anglais. Anglais qu'il avait appris pendant la guerre et qu'il utilisait dans sa charge diplomatique. Six ouvrages ont été écrits en anglais, qu'il a traduit ensuite en français. Quelques admirateurs de Gary s'attachent à étudier et comparer les livres dans les deux langues.
En 1975, il réalise sa mystification la plus élaborée : il crée l'écrivain Emile Ajar. A cette époque, quasi 30 ans de création, la critique l'avait gommé, pensait qu'il avait tout donné et ne pouvait plus produire quelque chose de consistant.
Et là, se produit un événement unique : à l'unanimité le jury Goncourt décerne le prix à un écrivain inconnu, Emile Ajar pour son roman « La vie devant soi ».
Le héros principal, un petit garçon arabe, raconte ; nous sommes dans la pension de famille de madame Rose; elle éduque les enfants que des prostituées lui confient. Notre jeune héros ne connaît pas ses parents et madame Rose, vieille femme juive, rescapée d'Auschwitz, est la seule personne proche. L'amour entre ces deux solitudes traverse le roman, profond, transperçant.
Tout le style de Gary est là. Mais personne ne le voit, tant le style d'Ajar se différencie de la manière de Gary !
Le secret ne sera révélé qu'après la mort de Romain Gary.
Un Hemingway français, ou le suicide
Les dernières lignes de sa vie, il les écrivit avec soin. La veille il téléphona à son ancienne épouse ; « j'ai mal joué mes cartes ». Le 2 décembre 1980, il rédigea un testament au bénéfice de son fils et son ex femme. Ensuite, les légendes diffèrent : il se couvrit d'un bonnet de bain, selon l'une, mit sa tête sous un oreiller, suivant une autre, et se tira une balle dans la bouche : il ne voulait pas que le spectacle soit trop désagréable.
Il a laissé un mot. Selon les sources, son contenu change.
Tel fut Romain Gary, grand mystificateur. Jusqu 'au bout il le resta, nourrissant ainsi toutes les recherches après sa mort.
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26 juin 2021
Супер — легко написано и очень познавательно! Интересно читать. Спасибо.
Очень познавательная статья... и трогательная — как люди умеют любить и быть деликатными при этом. Захотелось познакомиться с биографией писателя и его творчеством подробнее.
Уважаемая Екатерина! Спасибо за материал... Но позвольте добавить, книги появились на русском в начале 90-х большими тиражами, и , кажется, собрание сочинений. Очень интересную передачу снял Эльдар Рязанов. Она не повтопяется на русском тв , но , наверное , есть в записи. Передача -удивительная, очень интересная и способствовала большой популярности кгниг Р. Гари в России.
Holiday,
я с вами абсолютно не согласна, огромными тиражами печатались Маринина, Донцова, Акунин и прочие детективы.Их печатали миллионными тиражами. Гари — это не массовое чтиво
Во время написания статьи я опрашивала знакомых:
1. знают ли они Ромена Гари,
2. читали ли они его
Результат:
слышали о существовании — 10
читали — 3
и это практически из 100 человек нормального, интеллигентского уровня
Переводы (несколько примеров):
1993г. — Обещание на рассвете и Леди Л
1995г. — Голубчик (урезанная версия, полная вышла в 2013г.) и Страхи царя Соломона
1999г. -Корни неба, Белая собака и Пожиратели звезд
Остальное после 2001г.
удивительноЬно ,! человек , проживший героическую жизнь создавший литературные шедевры,не смог преодолеть сложных обстоятельств жизни.