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jeudi, 28 mars 2024
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Tenue d'un colloque sur la révolution de février 1917 à Paris

Ekaterina Gadal, traduction de Clara Dimitrov0:25, 1 mars 2017RencontresImprimer

Cet événement historique qui s'est déroulé il y a cent ans en Russie a touché pratiquement tous les habitants de la planète. Depuis, les spécialistes ne cessent d'en parler.

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Vyacheslav Nikonov, historien, professeur et député de la Douma est venu à Paris afin de participer au colloque franco-russe: «Les causes et les enseignements de la Révolution de février 1917 en Russie» consacré au centenaire de la révolution russe de février et qui s'est déroulé à l'Institut de la Démocratie et de la Coopération.

L'Observateur russe partage avec ses lecteurs ce qui a pu se dire durant cette table ronde.

Quelques passages intéressants

« Au début du XXème siècle, la Russie n'était pas une grande puissance, mais avec son développement économique, elle est entrée dans le classement des quatre plus grandes puissances mondiales. Sa population était d'environ 170 millions d'habitants, ce qui faisait qu'au sein de l'Empire russe, vivait un huitième de la population mondiale. De plus, la moitié de sa population avait moins de vingt ans».

«L'économie russe était réellement miraculeuse : si dans les années 1860 la croissance annuelle du PIB était de 5 %, en 1917, la production russe représentait 8,2 % de la production mondiale. En comparaison, la production allemande en représentait 14 % et la production britannique, 13 %».

«Nicolas II se montrait indécis quant à l'utilisation de la force, ce qui fut perçu comme une faiblesse, et la Russie pardonne tout à ses leaders, sauf la faiblesse».

«La révolution de février est souvent appelée la révolution bourgeoise, mais la bourgeoisie comme classe sociale n'a pas joué de rôle crucial dans la révolution, peu de commerçants étaient des activistes politiques. La classe sociale la plus importante, celle qui a précipité la révolution, était l'intelligentsia».

«La Révolution de février, comme celle d'octobre, a été superficielle, mais elle a été spontanée. Si tout le monde connaît le nom des auteurs de la révolution d'octobre, principalement Lénine et Trotski, le nom des auteurs de la révolution de février est moins connu. On peut l'expliquer par son impopularité et le fait qu'elle n'ait pas immédiatement amélioré la vie de la population. C'est pourquoi la Révolution de février n'est associée à aucun nom, aucun de ses auteurs, qui y ait vraiment pris part, ne l'ayant revendiqué».

«La Douma a joué un triste rôle dans la révolution de février. Le discours accusateur de Milioukov, où il accuse l'impératrice et le premier ministre de trahison au profit de l'Allemagne a servi de catalyseur à la révolution. Mais, le gouvernement provisoire n'a pas abandonné la Douma, de plus, elle ne s'est pas réunie une seule fois alors qu'il était au pouvoir. Si bien que la Douma a servi de tribune au début de la révolution. Ensuite, elle a été écartée, comme institution superflue, ce qui par la suite est devenu un véritable problème pour ce même gouvernement, qui n'avait par conséquent aucune légitimité».

La force motrice de la Révolution

Le mot «intelligentsia» n'existe qu'en Russie. Dans le reste du monde, c'est le terme «intellectuel» qui est le plus souvent utilisé. L'intelligentsia russe était bien évidemment «intellectuelle», mais de façon très spécifique. Les intellectuels pensaient à faire quelque chose de positif, au meilleur moyen de faire avancer les choses.

Mais l'intelligentsia russe, qui est née au XXème siècle se devait obligatoirement d'être dans l'opposition. Les intellectuels qui travaillaient pour le pouvoir, et il y en avait, étaient de véritables ennemis pour l'intelligentsia. Si on travaillait pour le pouvoir, alors on ne faisait plus partie de l'intelligentsia, et on était un «serviteur du régime». C'est pourquoi un véritable membre de l'intelligentsia devait œuvrer pour le renversement du régime politique. Qu'importe le régime, il devait y être réfractaire, peu importe qui était au pouvoir, l'intelligentsia devait être dans l'opposition.

Une autre spécificité de l'intelligentsia russe est qu'elle était influencée par les théories philosophiques étrangères, qui en Occident sont sujettes aux jeux intellectuels dans des cercles restreints. En Russie, dans l'esprit de l'intelligentsia, ils devaient acquérir un état d'esprit universel, en enrichissant leur idéologie. Et c'est l'une des raisons pour laquelle le marxisme, qui n'était qu'une idéologie marginale en Occident, est devenue une idéologie populaire, qui ravissait la majorité de l'intelligentsia russe.

Cependant, l'intelligentsia ne connaissait absolument pas son peuple. Elle pensait que si on lui donnait la possibilité d'exprimer ce qu'il voulait, il mettrait tout en place de lui-même. Et c'est ce qu'a fait le Gouvernement provisoire, mettre en pratique les idées et les pensées de l'intelligentsia russe : «le renversement du pouvoir en place, et la volonté libre des gens libres».

En 1917, la Russie fut le premier pays du monde à mettre en place le suffrage universel.
À ce moment là, les femmes ne pouvaient voter nulle part, ni en France, ni en Angleterre, ni aux États-Unis.

Le résultat des premières élections pour une assemblée constituante donnèrent une majorité de voix, plus de 90 %, à deux partis : le parti socialiste révolutionnaire, autrement dit, ce qu'on appellerait aujourd'hui le parti terroriste, et le parti bolchevique. Le parti constitutionnel démocratique, qui représentait tout l'éventail de l'intelligentsia russe, n'a reçu que 4 % des voix. Et ce n'est pas un hasard : le peuple rejetait l'intelligentsia, et la réciproque était vraie.

L'intelligentsia idéalisait le peuple, et le peuple se disait tout simplement : «vous n'avez pas besoin de nous».

C'est un phénomène étonnant, particulièrement parce que l'intelligentsia russe faisait partie à 99,9%, des forces motrices principales de la révolution, elle était à la direction de tous les partis politiques, affirme le professeur Nikonov, y compris le parti bolchevique, qui évidemment n'était pas composé de travailleurs, c'était la quintessence de l'intelligentsia de gauche.

L'erreur de l'intelligentsia russe fut de ne pas penser à comment améliorer, à comment moderniser les institutions gouvernementales du pays, elle ne faisait que s'y opposer. Le progrès et la démocratie lui semblaient être le résultat naturel de l'évolution du pays, l'évolution naturelle de humanité, dont le seul obstacle était l'autocratie.

Le problème de la première guerre mondiale fut le défaitisme de l'intelligentsia, qui était très répandu, et cette idée que le patriotisme était le refuge des scélérats.

L'armée russe est passée de trois millions d'hommes au début de la guerre à sept millions à la fin de 1916, soit une armée plus grande que les forces de l'Entente et de l'armée ennemie.

Évidemment, l'histoire ne se conjugue pas au conditionnel, mais avec de telles troupes pendant la première guerre mondiale, comme celles de l'Offensive Broussilov, on peut penser que si la Russie avait continué de participer à la guerre, ça n'aurait pas changé l'Histoire, mais elle aurait pu se dénouer plus tôt.

5 commentaires

  1. Irene dit :

    Познавательная статья: интересный взгляд на события прошлой эпохи, перевернувшие жизнь всех, кто жил в России, и моих предков, в частности... Мне нравится узнавать разные точки зрения на одно и то же... Спасибо Кате!

  2. Серж dit :

    Кого цитирует автор репортажа? Чьи это высказывания?

  3. Екатерина Гадаль dit :

    Серж, автор репортажа цитирует профессора Вячеслава Никонова

  4. Александр Соколов dit :

    Знания Никонова — внука Молотова, достаточно поверхостны и повторяют расхожие мифы. Интеллегенция эне менее польское, чем русское слово, но оппозиционность настроний ее представителей связана не только с историей польских восстаний. В Великую войну интеллегенция массово пошла на фронт и заменила в поредевший кадровый офицерский корпус. Однако цели войны были далеки от мобилизованного простого народа, развал флота, а затем и армии окостеневшая власть не сумела предотвратить. Ну а упомянутый брусиловский прорыв не вызвал стратегического изменения на фронте и достигнутый на первых порах успех закончился отступлением. Рассуждения же большевистского [потомка] о событиях тех лет не более достоверны, чем агитация его предка.

  5. Анна dit :

    Интеллигент — человек с широким кругозором. Интеллектуал — узкий специалист в той или иной области.

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