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vendredi, 29 mars 2024
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Voyage de Paris à Moscou

Ekaterina Gadal, traduction Clara Dimitrov0:58, 12 mars 2017RencontresImprimer

L'humanité, qui au XXème siècle a atteint la vitesse cosmique, pense à présent à ralentir et à revenir à la source. Même dans la ville froide de Moscou, ses habitants échangent leurs voitures contre des vélos.

Et l'Observateur russe, en ma personne, a voyagé en train de Paris à Moscou.

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Un peu d'histoire

L'histoire de la liaison ferroviaire entre les capitales française et russe remonte à plus de 120 ans, à 1896 pour être précis, quand le premier train «Nord express» est parti de Paris pour Saint-Pétersbourg, qui était alors la capitale russe. Au début du XXème siècle, pendant l'âge d'or des chemins de fer, il fallait 58 heures à nos ancêtres pour atteindre la capitale nordique depuis Paris.

Il a toujours été possible, à l’exception de quelques courtes périodes, de courageusement s’asseoir dans un wagon (le plus souvent dans une baladeuse après la guerre) dans une capitale, et d’en sortir dans l'autre.
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En 2007, la compagnie des chemins de fer russes a reconstitué la liaison Moscou-Paris. Le trajet prenait 50 heures, avec un arrêt à Berlin. Ce n'était pas une mauvaise idée pour les touristes courageux, capables de faire le tour des lieux touristiques de la capitale allemande mais un véritable bazar pour les passagers âgés et ceux avec des enfants, forcés d'attendre patiemment 8 ou 9 heures le départ du train dans leur compartiment ou à la gare.

En 2011, la halte à Berlin s'est vu réduite à 20 minutes. Les banquettes de trois places des wagons de type européen ont suscité des plaintes de la part des passagers, on y était soit tous allongés les uns sur les autres, serrés comme des sardines, soit assis par trois sur les banquettes du bas, ce qui est confortable pour de courts trajets européens mais très pénible pour les longs trajets de deux jours et une nuit.

En route

Au départ du train pour Moscou, sur le quai de la gare de l'Est, il n'y avait pas beaucoup de monde. Dans mon wagon, à part moi, se trouvaient seulement quatre passagers. Fait intéressant, ils n'allaient pas à Moscou. Un des français allait à Berlin, l'autre à Varsovie et deux femmes allaient en Biélorussie, dans des villes différentes.

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Depuis 2016, le train a été doté de quelque chose qui est habituel dans nos trains, des voiture-lits, pour que chaque passager puisse se reposer, sans déranger les autres. Le trajet a été rendu plus humain, en passant à deux nuits et un jour.
Le wagon impressionne par sa modernité et sa propreté. Des toilettes se trouvent de chaque coté, dont l'une comprend une douche.

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En échange du billet, le contrôleur nous donne une carte plastifiée pour entrer dans notre compartiment où se trouvent quatre larges couchettes et des draps. La couchette inférieure est très pratique puisqu'elle peut se rabattre et devenir soit trois sièges, soit un lit. Si vous ne voulez pas qu'un derrière inconnu s'asseye sur votre couchette, vous pouvez facilement la retourner.

Chaque compartiment a son propre système d'air conditionné, ainsi, pas besoin d'attendre le bon-vouloir du contrôleur qui choisis la température de tout le wagon, si vous avez trop chaud ou au contraire trop froid, il vous suffit d'appuyer sur un bouton au dessus de la porte.

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Dans chaque wagon se trouvent deux contrôleurs, ils sont dans les deux premiers compartiments, le premier étant pour se reposer et le deuxième, une sorte de cuisine, où le contrôleur vous propose avec plaisir du thé, du café, du chocolat chaud, des confiseries ou encore de jolis souvenirs à l’emblème de la compagnie des chemins de fer russes. Tout cela étant disponible 24/24h.

Il n'y a pas de Wi-fi dans le train, par conséquent, on peut soit se couper du monde extérieur et lire un livre, soit payer des frais d’itinérance.

Si vous faites le voyage pendant l'hiver, quand les jours sont encore courts, vous pouvez courageusement aller vous coucher tôt, vous ne verrez rien d’intéressant par la fenêtre à cause de l'obscurité. Le premier arrêt, court, est à Strasbourg aux alentours de 23 heures.

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Conseil : prévoyez votre dîner, petit-déjeuner et déjeuner jusqu'à Varsovie. Il y a un restaurant polonais dans le train, mais le rapport qualité/prix laisse à désirer. De plus, tous les passagers ne veulent pas avoir à se traîner à travers tout le train jusqu'au wagon-restaurant, en particulier les personnes âgées et les passagers avec des enfants, ils n'ont pas besoin d'une telle aventure.

Allemagne

Je me suis réveillée tôt, assez tôt pour voir par la fenêtre l'Allemagne, et en regardant attentivement Berlin avec sa banlieue et sa combinaison étrange et typique d'architecture allemande, soviétique, et moderne.
J'ai très bien dormi pendant cette première nuit, peut-être parce que j'étais seule dans le compartiment, bercée par le bruit des roues. En me réveillant à 10 heures du matin, je me suis attristée : je pensais avoir manqué Berlin, et en regardant par la fenêtre, je me suis sentie comme l'hurluberlu dans ce poème de Samuel Marchak : "Connaissez-vous l'hurluberlu / De la rue Lanturlu ? " qui demande un peu surpris "Mais quel est cet arrêt ? "

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Et le contrôleur dit «C'est Berlin». Et effectivement, les constructions visibles depuis la fenêtre m’ont fortement rappelée les restaurations des immeubles de la période Khrouchtchev qui datent d'après la chute du mur de Berlin, que j'avais vu dans un documentaire sur la capitale allemande. Mais en regardant ma montre, je ne pouvais pas en croire mes yeux. Il s'est avéré que le train avait trois heures de retard, et que nous arrivions tout juste à la gare.

À Berlin, beaucoup de passagers se sont engouffrés dans le train, ils étaient tous très excités et se sont installés à leurs places sans hésitation.

Imaginez, vous arrivez à la gare à 7 heures du matin, en ayant du mal à garder les yeux ouverts, pour être à l'heure pour le train «Paris-Moscou» qui passe par Berlin. En courant vers la plateforme où se trouve habituellement votre train, beaucoup de passagers font régulièrement le trajet d’Allemagne en Biélorussie ou en Russie dans ce train, vous ne le trouvez pas. Vous revenez au tableau d'affichage, et vous n’y voyez pas votre train.

À 7 heures du matin, la gare est endormie, et vous parlez peu ou pas du tout allemand. Vous vous rendez compte qu'au bout d'un moment, un groupe important de touristes parlant russe s’est réuni autour du tableau d'affichage, et quelques-unes des personnes les accompagnant parlent allemand. D'un effort commun vous trouvez un employé de la gare et il vous explique que votre train partira d'ici trois heures mais d'une autre gare berlinoise, et qu'un malheureux s'est jeté sous le train pendant la nuit. Et vous partez tous vers l’endroit où le train doit arrivé après son détour.

Vous êtes rongés par le doute, comment le train peut prendre le chemin d'une autre gare, mais vous n'avez pas le choix, et tout le groupe part en excursion à travers Berlin.
Et c'est seulement à présent, une fois dans l'intimité d'un wagon du train que vous commencez lentement à vous calmer et à raconter en riant cette histoire à vos compagnons de route, mais à 7 heures du matin, vous ne rigoliez pas du tout.

Le compartiment se remplit, un ingénieur de Togliatti qui travaille dans un grand groupe automobile rentre chez lui au bord de la Volga, deux jeunes femmes en visite chez des parents en Allemagne vont dans différentes villes de Biélorussie…

Pologne

Par la fenêtre, on voit principalement des champs et des forêts. Contrairement aux paysages français ou allemands, tout est recouvert de belle neige blanche. Pour vous raconter rapidement, avant d'arriver à la frontière, les passagers se font peur avec des histoires effrayantes sur des douaniers cruels et des confiscations «de produits interdits à l'import/export», mais les Polonais ne s’intéressent pas au contenu des valises des simples touristes, et ne fouillent que quatre grosses malles de passagers biélorusses.

Biélorussie

Alors que le train entre dans le dépôt pour changer les roues, dans notre compartiment entre «Madame Broshinka», cette femme ne pouvait que travailler au restaurant. En la regardant, elle me rappelle tout de suite Tante Macha, la cantinière de notre école.

« Mes pauvres, vous devez sûrement mourir de faim », nous dit-elle.
«Voilà notre menu, allez, je vous aide, vous préférez de la viande ou de la volaille ? » demande t-elle au seul homme de notre compartiment. Elle conseille tout le monde, nous choisissons tous notre déjeuner très rapidement, ainsi que notre petit-déjeuner pour moi et l’ingénieur.
«Attendez encore un petit peu, on allume les plaques et on commence à cuisiner ! »

Les douaniers biélorusses sont plus fouineurs que leurs collèges polonais et demandent à chacun d'entre nous d'ouvrir nos valises, et si quelque chose retient leur attention, ils mettent la main dessus. Au cas où, un maître-chien et son chien se trouvent dans le couloir.

Tard le soir, quand le train arrive sur le territoire de la Biélorussie, un serveur frappe astucieusement à notre compartiment, avec sur un plateau, notre repas, chaque plat recouvert de film étirable. Ils n'étaient pas très chauds, juste à la bonne température pour qu'on puisse les manger tout de suite.

J'ai commandé de la viande en pot, la quantité se révèle être celle pour un homme affamé. J'ai dû tout manger, afin de ne pas vexer le chef, mais le plat était très bien cuisiné. Malheureusement, l'éclairage dans le compartiment ne permettait pas de faire de bonnes photos des assiettes, et mettre le flash n’était pas possible, j'avais très envie de manger. Tous les passagers ont pris des plats différents : soupes, kacha, desserts légers et tous étaient satisfaits de leurs choix.

La nuit ne fut pas tranquille, personne ne savait de combien serait notre retard. Au moment de passer la frontière biélorusse, il y avait à peu près trois heures de retard, mes camarades allaient jusqu'à Minsk et Orcha, et devaient normalement arrivés à 2 et 4 heures du matin. Le temps d’arrêt à Minsk était un mystère. L'obscurité ne permettant pas de savoir où on se trouvait, au moindre ralentissement du train, une des jeunes femmes se précipitait vers le contrôleur. Finalement, la première arriva chez elle à 4 heures et pour la deuxième, je dormais comme un loir.

En se réveillant à 9 heures du matin, nous avons compris que le train n'avait pas rattrapé ses trois heures de retard pendant la nuit et en sortant du compartiment, j'ai découvert que le wagon s'était considérablement vidé.

Après avoir fait ma toilette, me remettre au lit n'avait aucun sens, nous avons parlé de la pluie et du beau temps, et nous riions en pensant que le restaurant avait oublié notre commande pour le petit-déjeuner quand le serveur est arrivé avec une omelette pour mon voisin et de la kacha chaude pour moi. La note est arrivée un peu plus tard, avec notre amie de la veille (600 roubles pour les deux plats).

Le train est arrivé à la gare de Biélorussie avec deux heures de retard, mais malgré ça, je vous recommande de suivre mon exemple et de voyager en train de Paris à Moscou.

Astuce
La compagnie des chemins de fer russes vous offre 35 % de réduction sur ses billets pour la semaine précédant ou suivant votre anniversaire. Sinon, si vous prenez vos billets avec de 45 à 60 jours d'avance, vous aurez une réduction de 10 %. Ses réductions s'accumulent, si bien que l'on peut se faire un cadeau, et voyager en train pour moitié prix aller-retour.

Photos et vidéo de l'auteur

5 commentaires

  1. С. Комов dit :

    А сколько стоит все удовольствие (в среднем и без скидок)? Я истомился до конца статьи в ожидании информации!

  2. Екатерина dit :

    Коров, без скидок дороговато, немногим менее 500 евро туда обратно во 2 классе. Подробнее о ценах и скидках с сайта поезда:

    www.poezd-moscow-paris.ru...skva_parizh.html

  3. Irene dit :

    Какая прекрасная статья! Спасибо Катюше) Сразу захотелось отправиться в путешествие, отдохнуть и помечтать под стук колёс) да если ещё такие вкусности готовят — что ж ещё нужно для ощущения счастья?)

  4. Svetlana A dit :

    Очень интересное путешествие, хотя меня несколько напрягает душ в поезде. Все же лучше, чем раньше, когда его в поезде вообще не было.

    Проблема в Берлине, как я надеюсь, — очень редкое исключение, да и на совести немцев, а не РЖД.

    про польско-белорусскую границу по-прежнему не убеждена, слишком много было всяких публикаций... С другой стороны, если вы не челночник, то возможно вы и не везете с собой тонну наличной валюты, поэтому для таможенников интереса не представляете.

    Неудобно, что нет беспроводного интернета, хотя бы и медленного. Или за дополнительную плату ))

  5. А. Радищев dit :

    Чудесная статья, большое спасибо! Три часа опоздания и другой вокзал — вот вам и немецкая точность и качество :)

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