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jeudi, 25 avril 2024
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La révolution russe au Dôme des Invalides

Elena Iakounine, traduction d'Emmanuelle Rousseau0:18, 22 octobre 2017ImagesImprimer

En ce mois d’octobre 2017, une vague de conférences, colloques, expositions consacrées au centenaire de la révolution russe déferle sur Paris.

L’exposition « Et 1917 devient révolution » a été inaugurée à l’Hôtel des Invalides.

Le mouvement révolutionnaire qui a renversé le tsar a eu un grand écho en France.

Au début du printemps 1917, l’opinion publique française, la presse, les soldats se trouvant au front, sont fascinés par cette « grande flambée à l’Est », comme le retrace l’exposition.

La France accueillît la première vague de l’émigration blanche. C’est au plus fort de la sympathie à l’égard du nouveau pouvoir soviétique que naquit le Parti communiste français, considéré au XXe siècle comme un des partis communistes les plus influents du monde capitaliste.

Par la suite, tous les mouvements politiques protestataires du XXe siècle, notamment en France, trouvaient leurs racines dans la révolution russe.

Le penseur et organisateur de cette exposition est la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). Le centenaire de la révolution russe coïncide avec les 100 ans de la bibliothèque du Musée de la guerre, rebaptisée ultérieurement BDIC.

La bibliothèque du musée à proprement parler a été créée afin de réunir, dans le feu des évènements et sur les champs de bataille, des artefacts qui sont devenus des témoins inestimables des périodes de guerres, de révoltes et/ou de révolutions.

La BDIC est aujourd'hui la seule institution en France à s’occuper de cette documentation du XX et XXIe siècles.

Plus de trois millions de documents, écrits en différentes langues, sont conservés à Nanterre et 1,5 million de photographies, d’affiches, de dessins, de coupures de presse et d’œuvres d’art se trouvent encore au Musée de la guerre à l’Hôtel des Invalides. Un nouveau bâtiment devrait être construit à Nanterre à l’horizon 2020 pour réunir toutes les archives en un seul lieu.

Pour qui a grandi en URSS, certains des documents présentés sont familiers. Ces affiches, posters, slogans et caricatures étaient publiés dans les manuels d’histoire soviétiques.

Le corps expéditionnaire russe, qui a combattu aux côtés des Alliés durant la Première Guerre mondiale, et grâce auquel Paris a été sauvée (les Russes ont empêchés les forces allemandes d’atteindre la capitale), est quant à lui devenu très célèbre en Russie seulement après la perestroïka.

L’exposition aux Invalides consacre un stand spécial au corps expéditionnaire russe avec des photographies de soldats russes sur le front français.

Les images de soldats russes à La Courtine sont rarement exposées. En 1917, ayant eu connaissance des évènements révolutionnaires dans leur pays, les soldats russes de la première brigade exigèrent de retourner en Russie. La mutinerie qui éclata fut réprimée par l’artillerie.

Les conservateurs de l’exposition ont attiré dans l’exposition des documents de la BDIC mais ont aussi sollicité des collectionneurs parisiens, en particulier Gérard Gorokhov et Andreï Koliakov.

Ils ont aussi fait des demandes aux fonds de la bibliothèque de Souvarine et de la bibliothèque ukrainienne Simon Petlura à Paris.

Une importance toute particulière est portée à la Russie en tant que prison des peuples et au désir de sécession des périphéries. Figurent par exemple parmi ces dernières, la Finlande, le Caucase, le Turkestan et bien sûr l’Ukraine. L’exposition présente une photo du premier gouvernement ukrainien, le décret de la reconquête nationale de l’Ukraine avec l’aide des forces pro-bolcheviques à l’intérieure de la république. La prise de Kazan (« la principale porte vers l’Est ») par l’armée rouge est dirigée par Trotsky. Le nom de Trotsky est associé dans l’exposition au train de propagande qui a faisait le tour de l’empire. L’entreprise de grande ampleur d’Agitprop incluait des leçons, la distribution de tracts et la projection de films révolutionnaires.

 

Les Français dans la Russie révolutionnaire

Baron de Baye

Un présentoir de l’exposition est spécifiquement dédié aux Français qui se trouvaient en Russie au plus fort de la révolution.

Parmi eux, le Baron de Baye, un nanti, possédant des domaines en Champagne. Le Baron avait passé trente ans en Russie, parcourant de long en large ce pays qu’il considérait comme sa seconde patrie. Joseph de Baye était ethnologue et archéologue, mais dans un pays submergé par la révolution, il avait une tache particulière: recueillir des témoignages des évènements qui se trouveraient bientôt dans le fonds russe de la collection de la BDIC.

De Baye ramena en France tous les documents qui lui passaient entre les mains et qu’il considérait comme importants pour l’histoire. Au péril de sa vie, il ramassa des tracts, arracha des proclamations collées sur des lampadaires et recueilli des caricatures de Kerenski.

Eugène Petit et Charles Dumas, envoyés du Premier ministre Georges Clemenceau en Russie, devinrent aussi les premiers Français témoins de la révolution. Dans la vitrine de l’exposition se trouve le passeport diplomatique de Dumas, avec les marques du passage des frontières de tous les pays européens; c’est ainsi qu’il rejoignit sa destination.

Pierre Pascal et Jacques Sadoul furent envoyés en Russie avec une mission militaire. Les conservateurs de l’exposition estiment que Pierre Pascal, en tant que brillant slaviste, comprenait très bien le russe et se sentait particulièrement proche de la relation que les Russes entretiennent avec la liberté et de leur soif d’équité.

Pascal et Sadoul accueillirent la révolution et rejoignirent le mouvement bolchévique. Ils créèrent même la première section bolchévique française. Une photographie de Pierre Pascal en uniforme bolchévique est exposée. Pierre Pascal resta en Russie jusqu’en 1933. Après son retour en France, il parla peu de son passé soviétique et travailla en tant que traducteur.

Dans les années 1970, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) filma une interview avec Pierre Pascal, dans laquelle il se rappelle de ses années passées dans la Russie soviétique, et particulièrement des évènements d’octobre. Ce film est projeté dans la salle d’exposition.

 

Hôtel national des Invalides
Jusqu’au 18 février 2018

2 commentaires

  1. Igor Voskressensky dit :

    «„...В 2017 году, узнав про революционные события на родине, русские солдаты 1-ой бригады потребовали возвращения в Россию. ...“»"

    -----------------Что ж, можно их понять! За 100 лет натурально заскучаешь даже по России!

  2. От редакции | La rédaction dit :

    Игорю Воскрессенскому.

    Да уж, без комментариев... Спасибо, что заметили!

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