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vendredi, 19 avril 2024
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Parlons amour, sous un Paris enneigé

Ekaterina Gadal, traduction de Ludmilla Balitskaya0:58, 12 février 2018OpinionsImprimer

«Pour être à deux, il faut du temps, ce temps où l'on ne se dit rien, cet espace où le silence de l'autre ne nous gêne pas mais, au contraire, nous enrichit».

Gérard Depardieu «Monstre» Cherche Midi, 2017

A la veille du 14 février de la Saint Valentin, dans un bon groupe d’amis français, s’engagea une discussion sur l’amour et quelles seraient ses perspectifs avenirs…

Vanves, février 2018. Photo:Boris Guessel

Une discussion à table

Un joyeux groupe d’amis français, se réunies à table. Il parla de choses et d’autres, et comme il se doit, du temps.

Mais ces derniers jours, la météo est devenue soudainement un sujet trop sensible en France. Alors que les invités n’ont pour seul sujet de conversation : le niveau de la neige sur les routes, le travail des services municipaux, des embardées jamais vues auparavant et de l’interruption des transports en commun, pour détendre l’atmosphère autour de la table, l’hôte, qui fêtait alors son anniversaire, dirigea la discussion vers un tout autre sujet : l’amour.

« Vous savez, j’ai de la peine pour les jeunes filles d’aujourd’hui, elles sont complètement dépourvues d’amour.

Pensez-y, toute leur vie privée est semblable à une suite d’épisodes de film pornographique », déclara-t-il, tandis qu’il fut déjà été marié à plusieurs reprises, a vécu des divorces avec des partages de biens, puis a de nouveau reconstruit sa vie. Au cours de toutes ces histoires, il est devenu le père de deux garçons déjà presque adultes. Et même s’il avait un peu plus de cinquante ans, nous ne lui donnions pas son âge.

Tomba un silence de plomb.

« Sois plus clair, s’il te plait, Pierre ! » — la première à briser ce silence fut Martine, la mère d’une jeune fille.

« Bon… souviens-toi de nos soirées étudiantes. J’ai l’impression, que nous organisions tout le temps des fêtes, d’ailleurs le plus souvent chez une des filles, puisque vous, vous saviez toujours préparer quelque chose de bon pour le diner. Combien de garçons ne te couraient pas après, tu restais impassible. Et si quelqu’un commençait à trop t’embêter, tu n’hésitais pas à lui donner un bon coup de correction… (il rit). C’est drôle, à l’époque, tout cela paraissait si naïf, et que savions nous des plaisirs sexuels ? Internet n’existait pas encore… »

« Oui, tu as raison, c’était si naïf, ma fille aurait dit que nous étions « coincés ». Tu te rappelles, à la fin de l’année scolaire nous nous sommes réunis chez Marie. Une fille rousse était là elle aussi. Je ne me souviens plus de son nom. A la fin de la soirée, elle s’est retirée avec l’un des garçons dans la chambre de Marie, alors que nous, nous faisions la fête dans la pièce juste à coté. Quand ils sont, enfin, revenues, tout le monde les regardait un peu de biais. C’était alors complètement inimaginable. Qui était ce garçon, je ne m’en rappelle plus, mais elle… nous ne l’avons plus jamais invité », — répondit Martine.

« Vous revenez trop loin dans de le passé, souviens-toi encore, Pierre, comme toi et moi, après les cours, allions dans le métro, et jouions à « mettre la main au cul », c’était drôle, mais nous risquions de recevoir des claques. Je me demande bien où cela a pu disparaître : avant, les femmes savaient se défendre et ne courraient pas au tribunal pour une bêtise naïve. S’imaginer ça aujourd’hui… », — se remémora Jean-Claude, un vieil ami de l’hôte.

« Attends un peu Jean Claude, avec tes souvenirs d’enfance… Pierre qu’est ce que tu disais sur la pornographie ? J’aimerais bien savoir où tu voulais en venir », — insista Martine.

« C’est simple, à l’époque je demandais toujours à mon père de me montrer comment nouer une cravate. Alors que mon fils, Stéphane, quand il lui a fallu attacher ce nœud d'anguille autour du cou, il demanda simplement à Google : «comment nouer une cravate ? ». Devant lui s’affichèrent plusieurs onglets de réponses avec des vidéos et des tutos. Après en avoir regardé quelques uns sur youtube, il a commencé à s’entrainer devant le miroir. Je lui ai proposé mon aide, mais il refusa catégoriquement», — continua Pierre.

« Je connais très bien cette situation : ma fille, elle aussi, regarde des vidéos sur youtube pour apprendre à se maquiller : mettre du mascara, de l’eyeliner... Elle refuse tous mes conseils et toutes mes astuces. Elle est comme ça la jeunesse d’aujourd’hui : autonome. Nous, nous écoutions encore nos parents à cet âge. Mais pourquoi as-tu parlé de porno ? Tu digresses à nouveau... », — remarqua Martine.

« Non, non, Martine, dans ce même youtube ils tirent leurs connaissances sur la façon de faire l'amour, et ils trouvent des vidéos de série « hard » sur internet… » — déplora Pierre.

« Et tu regardes souvent ce genre de vidéos, Pierre ? », — intervient Michelle, l’épouse de Pierre.

« Je n’en regarde pas ma chérie, ce sont mes fils qui me le racontent. C’est de là que les jeunes garçons et les jeunes filles puisent de ce qu’ils pensent être la « norme » des relations sexuelles. Leur relation au sexe est devenue bien plus simplifiée, personne ne jugera une fille parce qu’elle a accepté de coucher avec un garçon dès le premier soir. Et les attractions dans les draps du lit sont devenues bien plus balaises qu’il y a 10 ans. Quand Internet est-il entré dans l'utilisation de masse : dans les années 2000?!

C’est comme ça, qu’une fille s’amuse en passant d’un lit à un autre, en passant d’une série d’épisodes porno à une autre… », — acheva Pierre ses réflexions.

« Ecoute, Pierre, tu devrais te réjouir pour cette fille, sa génération connaît encore une relation entre les genres, parce que bientôt, très vite, il n’en restera rien : la science a appris à concevoir des « bébés éprouvettes », est la « fonction » des hommes sera parfaitement inutile. Pourquoi me regardez-vous de cette façon ? Depuis combien d’années déjà, mangez-vous de la viande et buvez-vous du lait d’une vache artificiellement inséminée ? Et ce fait ne vous choque en rien ! Et avez-vous déjà pensé qu’à cause de ça, il a beaucoup moins de taureaux ? », — conclut Jean-Claude.

A nouveau tomba un silence de plomb.

Un soir de février, sous un Paris enneigé, s’est tenue cette discussion sur le thème de l’amour.

 

9 commentaires

  1. Жанна dit :

    «О, времена, о нравы!» — и трактовать можно как угодно, в одну или в другую сторону))

  2. Шарль П. dit :

    Наверное, из-за фотографии, но, несмотря на пессимизм приведённого разговора, впечатление у меня осталось какое-то романтическое...

  3. Светлана dit :

    У каждого поколения свои проблемы...

    Тема отцов и детей — тема вечная... но подмена любви сексом обедняет жизнь

  4. Irene dit :

    Несмотря на вроде бы «сожалеющую о прошлом, чистом и наивном» тему беседы, статья получилась какой-то уютной. Так и представляешь себе тихую, тёплую гостиную, друзья расположились в мягких креслах вокруг камина, ласково потрескивают поленья, дымится ароматный кофе, все погружены в размышления и воспоминания... О сути — я бы ответила устами героини фильма «Москва слезам не верит»: «Времена всегда одинаковые!» Не все нынче вот такие, как современные девушки, о ком говорит герой беседы, не все лезут в Гугл вместо душевного разговора с родителями, всегда рядом соседствовали невинность и распущенность, долгий брак и частые разводы... Ну, и что? Разные судьбы и разные обстоятельста жизни приводят нас иногда и к неожиданным для себя поступкам... Так что, каждому — свой путь!

  5. Anonyme dit :

    какие убогие комментарии.

  6. Anonyme dit :

    хорошо написано

  7. Anonyme dit :

    Спасибо за статью. Действительно эпоха влиет на всю нашу жизнь. Не сможем это отрицать. Прочла и стало немного грустно. Радость открытий исчезает за доступностью...и чувств в первую очередь.

    Ждем с интересом еще статей. Скоро 23 февраля и 8е марта!! Повод подискутировать согласно нашим таким разным иторическим дорогам.

  8. Хорошая заметка.

    Это вечный сюжет. Я уверен, что родители Пьера и Жан Клода точно так же сидели в свое время на кухне и говорили о том, как изменился мир ...

  9. JP94 dit :

    Il faut relire le livre d'Engels, l'origine de la propriété privée, de la famille, et de l'Etat.

    Les 3 sont corrélés.

    Chez les anciens Ecossais , relate Engels, étaient considérés comme mariés un couple ayant vécu sous ensemble 7 ans. Et cette coutume des 7 ans existe ailleurs dans le monde... le temps de se connaître vraiment et de savoir si on s'aime...

    Mais pour le Capital, ce n'est pas rentable, cette façon d'envisager la vie dictée par l'amour.

    Et l'accélération des relations hommes-femmes ne reflète-t-elle pas le propre mouvement du capital, frénétique aujourd'hui, avec des placements hasardeux, mais «jouissifs» à court terme. Au bout du compte ,il est destructeur.

    Ceux qui résistent à l'idéologie dominante ne se laissent pas prendre à ce piège.

    Ces jeunes sont déjà «bouffés» par le capitalisme, qui leur dicte ses propres désirs, pour mieux les asservir en leur laissant croire qu'ils obéissent aux leurs.

    Il y a un livre de Stendhal : De l'amour...une analyse de la construction amoureux. Bien plus instructif que les vidéos des pornographes.

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