Les passions de l’Académie française
Jeudi, le 11 avril 2014, Alain Finkielkraut –philosophe français âgé de 64 ans, a été élu membre de l’Académie française. Il a reçu ce statut « d’immortel » au premier tour, avec 16 voix sur 28.
Deux de ses adversaires ont reçu un nombre de voix insuffisant : le premier a eu seulement trois voix, et l’autre une seule. Mais ce qui est intéressant, c’est que lors du vote, entre 7 et 9 académiciens ont apposé une croix noire sur leurs bulletins de vote. Selon les règles de l’Académie française, la croix noire signifie l’opposition de tous les candidats. Mais il était parfaitement clair que la véritable cible était en fait Finkielkraut, considéré comme « réactionnaire prémédité » par ceux de gauche.
Avant l’élection de Finkielkraut, à vrai dire, les passions bouillonnaient sous la Coupole du Quai de Conti ! Elles avaient atteint une telle effervescence qu’il semblait que la Coupole allait exploser à l’instant.
Le nouvel « immortel », Alain Finkielkraut, à cause duquel les épées académiques se sont croisées avec tant de véhémence, est le fils d’émigrants juifs de Pologne (son père était prisonnier à Auschwitz). Dans sa jeunesse, Finkielkraut a passé l’épreuve du maoïsme, ainsi que ses collègues, qu’on appelait « les nouveaux philosophes ».
Alain Finkielkraut a enseigné la philosophie et a été professeur à l’Ecole Polytechnique jusqu’à l’année dernier. C’est un polémiste né, un « nageur à contre-courant », qui a reçu sa célébrité après la publication du livre Le Nouveau Désordre amoureux, coécrit avec son ami Pascal Bruckner, orienté contre la « révolution sexuelle » de 1968.
Mais c’est surtout le livre L’identité malheureuse, sorti en 2013 pour la maison d’éditions Stock, qui a provoqué de violentes discussions. Ici, le philosophe a défendu catégoriquement l’auto-identité dans les frontières de l’Etat national. Le tranchant de sa critique impitoyable est dirigé, d’une part, contre les communautés nationales qui se sont renfermées sur elles-mêmes, dans les ghettos des banlieues ; d’autre part, contre les élites françaises qui, sous prétexte de lutter pour la tolérance et contre la discrimination envers les émigrants, installent systématiquement le doute sur la valeur de la culture de souche.
Alain Finkielkraut est plus que « dans le sujet ». En effet, dans sa jeunesse, il a lui-même reçu tous les bienfaits de la politique d’assimilation de l’époque. La planchette était haute.
Aujourd’hui, concernant le discours sarcastique de Finkielkraut sur l’assimilation, au fond, on a renoncé, en suivant la ligne de la moindre résistance, que la gauche considère comme le pluralisme dans le domaine culturel.
En effet, la principale bataille d’Alain Finkielkraut est pour l’école. Et cela provoque une fureur extraordinaire chez les « progressistes », champions des soi-disant libertés de choisir de l’écolier.
« En quoi a-t-on transformé l’école ? » s’indigne A. Finkielkraut dans ses livres. Il est contre une approche « affaiblie » de l’enseignement, qui n’est en fait rien d’autre que des folies gauchistes. Il faut obliger les enfants à bachoter, il faut leur inculquer la persévérance dans l’acquisition des connaissances, affirme-t-il.
Du fait qu’il protège la tradition française, qu’il préconise l’assimilation et que les immigrants deviennent à valeur requise 100% Français, les politiques politiquement corrects le considèrent presque comme un fasciste. C’est probablement pour cela que la ministre de la culture fraîchement pondue Mlle Filippetti, a tardé avec les traditionnelles félicitations pour l’académicien récemment élu.
« Nous ne voulons pas voir des extrêmes-droites à l’Académie avec nous ! » a déclaré un « immortel » politiquement correct, souhaitant garder l’anonymat. Ce à quoi a suivi immédiatement une réponse sarcastique : « Etrange. Il y a soixante ans, dans les cercles académiques, quelqu’un aurait probablement été choqué par la présence d’un Juif polonais, et encore avec un nom de famille imprononçable. A présent les temps changent, mais à chaque siècle sa bêtise ». Cependant, le trouble-paix de 64 ans a non seulement des adversaires violents, mais aussi des partisans. Ainsi, le comte d’Ormesson, un académicien, a promis de ne « pas mettre les pieds dans la Coupole » si on rejetait la candidature de Finkielkraut.
Paradoxalement, Finkielkraut est à la fois défenseur des idéaux de la République française, militant pour les valeurs européennes, et en même temps fervent défenseur de l’Etat juif d’Israël. Notons que Finkielkraut a reçu le fauteuil n°21, qui était jusque là occupé par Félicien Marceau, accusé d’avoir collaboré sous l’Occupation et décédé en 2012 à l’âge de 99 ans. Un vote pour le fauteuil n°21 avait déjà eu lieu le 14 novembre 2013. Mais aucun des candidats ; y compris l’écrivain éditeur de Soljenistyne –Claude Durand, et le romancier à la mode Didier Van Cauwelaert ; n’avaient été élus.
Bientôt, une véritable tentation attend le nouvel « immortel » : le discours traditionnel, dans lequel Finkielkraut, Juif, devra chanter la gloire de son prédécesseur, ex collaborateur d’une radio profasciste de Bruxelles.
Un rituel existe dans l’Académie française : on ne donne pas le droit de vote au « nouvel immortel » durant les six mois qui suivent son élection. Mais c’est seulement dans les murs de l’Institution. Et en dehors, le philosophe a commencé à s’exprimer directement après son élection.
« On me traite de réactionnaire, a-t-il déclaré lors d’une interview pour la radio France Info, mais désormais cela ne m’empêchera pas de rester moi-même. A vrai dire, je ne vais pas faire de polémique entre les murs de l’Académie, si on ne m’attaque pas sur des sujets de politique » a-t-il précisé.
« Mes parents sont venus de Pologne. La langue française n’était pas leur langue maternelle. Mais dans les années 1950, l’école pouvait encore me donner la possibilité d’acquérir la culture et la langue », a-t-il déclaré dans une interview à l’hebdomadaire Le Point. Et il a expliqué : « Le philosophe met en garde la société contre les conséquences désastreuses de la flagellation publique pour les excès de nationalisme français et pour les excès de colonialisme, jusqu’à en venir à l’aversion de l’authenticité nationale personnelle ».
Et Finkielkraut conclut : « Il faut donner l’alarme, tant qu’il n’est pas trop tard ».
Интересная справочка:Франьо Туджман – личный друг Тито. Член хорватской компартии, но с начала 70-х гг. уходит в оппозицию и становится диссидентом. Несмотря на свой открытый антисемитизм (одна его цитата: «Я счастлив, что моя жена — не сербка и не еврейка»), получает большую поддержку на Западе, в том числе французского философа и писателя Алена Финкелькраута. Президент Хорватии с 1990 по 1999 год.
Будет славен Финкелькрот
Потому что патриот!
Финкельрот,
Хоть патриот,
Все ж не полный идиот:
Видит, что произойдет,
Если всем закроют рот
Кира, большое спасибо за статью! Мне самой очень бы хотелось написать об этом человеке, гораздо дальше от только французских границ. Вы прекрасно всё суммировали.