On voulait faire au mieux, ou A quoi bon partir à l'étranger ?
L'enfer, comme on sait, est pavé de bonnes intentions ; et la modification de la durée de validité de la carte nationale d'identité est devenue un cauchemar pour les Français en voyage.
Voici le problème : en ce moment, une campagne bat son plein en France sous la marque « choc de simplification » ; ce que l'on peut traduire par quelque chose du genre « simplification accélérée de procédures excessivement lourdes ». Dès à présent, afin d'économiser le temps et l'argent des électeurs, le gouvernement socialiste a prolongé de cinq ans le délai de péremption (qui était de dix ans) des cartes d'identité délivrées entre janvier 2004 et décembre 2013
Et bien, direz-vous, c'est très bien ! Plus besoin de courir les instances et de rassembler des papiers tous les 10 ans. Et cela signifie qu'il faudra allonger une fois et demie moins souvent 25 euros gagnés à la sueur de son front (le prix de fabrication de la carte), et c'est toujours ça de gagné. Comme le dit la sagesse populaire française : « Il n'y a pas de petites économies ».
En apparence, comme le dit la chanson : «Tout va très bien madame la marquise !» Bien, mais pas trop. Ou plutôt, pas bien du tout. Voici la triste histoire racontée dans le journal « le Monde » du 29 août de cette année.
La famille française R. (un mari, une femme et deux enfants) part presque chaque été en vacances en Turquie. Ce sont des gens prévoyants : en mars, bien avant leur voyage estival, ils se sont rendus à la mairie locale avec l'intention de remplacer les cartes en plastique avec laquelle ils avaient l'habitude de voyager « à l'étranger proche », car sa durée de validité, selon la date inscrite au dos, expirait le 26 mai.
Une fonctionnaire municipale leur a annoncé la bonne nouvelle : « Ne vous inquiétez pas: depuis le 1er janvier, les cartes d'identité sont valides quinze ans, et non plus dix ».
M. et Mme G. ont observé, non sans inquiétude, que « ce n'est pas marqué dessus », que la Turquie n'était peut-être pas au courant de cette nouvelle disposition, et ils ont tout de même demandé de nouvelles cartes d'identité.
« Impossible : la préfecture refuse de renouveler des cartes non périmées » a répondu la fonctionnaire.
Ce n'est pas en vain que le couple R. s'était inquiété. Lors de leur changement d'avion (le 27 juillet) à l'aéroport de Stuttgart, on a refusé d'enregistrer leurs billets en raison de documents périmés. « On a eu beau lui dire que c'était faux, et de le vérifier sur le site du ministère de l'Intérieur, elle n'a rien voulu savoir » se sont désolés les R.
Il y avait de quoi s'affliger. Adieu les billets, adieu les vacances en Turquie pour lesquelles une avance de 4500 euros avait été payée !
« On a réussi à joindre notre maire, mais il a répondu qu'il ne pouvait rien faire, car la carte est encore valable cinq ans » racontent les époux. Les malheureux ont essayé de joindre la préfecture de la ville de Colmar, le centre de leur région, en leur suppliant de leur délivrer des passeports temporaires. C'est une réponse peu réconfortante qui a suivi : « La préfecture m'a répondu qu'il y a désormais trop de cas de ce genre pour qu'elle puisse faire quelque chose ».
La situation décrite dans « le Monde » est digne de la plume de Saltykov-Chtchedrine. Et les récits de semblables incidents sont légion à l'heure actuelle. A cause de cette carte d'identité « périmée en cours de validité », on refuse l'embarquement à une très grande quantité de Français dans un certain nombre d'aéroports internationaux qui acceptaient jusque-là la carte en plastique comme document de voyage. Au nombre de ces pays : la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, Monaco, le Monténégro, la République tchèque, la Suisse, etc.
En un mot : on voulait faire au mieux, mais on a fait comme d'habitude !* [* NdT : Expression de Viktor Tchernomyrdine, prononcée au cours d'une conférence de presse tenue le 6 août 1993, à propos de la réforme monétaire "ratée" de la même année.] Aucun des « rénovationistes*» [* NdT : Référence à un ensemble de mouvements schismatiques de l'Eglise orthodoxe de Russie entre 1922 et 1946, interdits ensuite par Staline.] n'avait pensé, au plus fort de l'enthousiasme administratif, que la campagne gouvernementale actuelle tournerait ainsi pour la population. Il semblerait, en outre, que ce problème ne sera pas régulé avant le 31 décembre 2028 ; mais jusque-là, les droits des détenteurs d'une carte nationale d'identité à circuler librement dans l'espace européen seront, si non bafoués, au moins limités.
C'est pourquoi le Centre européen de la consommation France-Allemagne (CEC) sonne aujourd'hui l'alarme. En réaction aux demandes de cette organisation, le ministère français des Affaires étrangères a placé sur son site des informations concernant le prolongement de la durée de validité des anciennes cartes, et cela en plusieurs langues européennes. Mais cela ne résout pas le problème : dans de nombreux aéroports, l'enregistrement est effectué par des validateurs électroniques, et non plus par des humains. Or, une machine dépourvue du jugement, après avoir lu la durée de validité de la carte « périmée », refuse tout simplement d'ouvrir le tourniquet devant le pauvre Français qui ne souhaite que prendre son vol. Et c'est un retour immédiat à la maison par le prochain avion qui attend ceux qui sont parvenus à destination.
Mais alors, que faire ? Bien sûr, il n'y a pas de situations sans issue. On peut, par exemple, accomplir les formalités pour obtenir un passeport (les Français n'en ont pas en règle générale). Mais les Français ne voyagent pas très loin, essentiellement dans l'espace Schengen ou dans les pays de l'UE : alors pourquoi demander un passeport dont les frais s'élèvent à 86 euros ? Allons ! Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit le proverbe. L'argent ne fait pas le bonheur, mais il faut tout de même en avoir (ce n'est pas moi qui le dis, mais Mark Twain).
Il y a un autre moyen : on peut tout simplement « perdre » sa carte et demander son renouvellement selon les nouvelles règles (pour 25 euros, naturellement)
Enfin, voici le conseil pertinent donné par des blogueurs lecteurs du « Monde» « C'est simple ! Il suffit pendant les cinq ans supplémentaires de ne pas bouger ». A quoi bon partir à l'étranger ?
PS: J'ai demandé à une fonctionnaire de la mairie du 3e arrondissement si elle savait quelque chose à propos du prolongement de la durée de validité de la carte d'identité. Il s'est avéré qu'elle ne savait rien à ce sujet...
Просмотрел всефранцузские законы. Нигде не написано, что менятт внутреннийпаспорт надо по исмтечении срока. Закон молчит. А то, что не запрещено, разрешено. И если чиновник не даетс, его уничтожают. Вперед!
Французы горят из-за лени и по собственной дури. Не надо это называть кошмаром. За рубеж ваааааще-то ездят по (заграничному) паспорту, даже если можно проехать по внутренним документам. Не дай Б-г что-либо случится. Всегда найдется идиот в другой стране, которому внутреннего иностранного документа окажется недостаточно. Или вдруг изменятся какие-либо законы, о чем рядовой житель может и не знать. Или компьютер будет настроен не так, как вам хочется. Это как страховка – как правило, не нужна, но иногда выручает, хотя приходится платить (86 евро, как пишет Кира). Если у человека не мелькнула в голове мысль о заведении паспорта даже, когда возникли сомнения в действительности внутреннего документа, то это называется «сам дурак». В результате вместо платы за страховку 86 х 2 = 172 евро господа, о которых пишет Кира, заплатили более 5 тыс. (с учетом стоимости билетов). Впрочем, не могу не задать вопроса: если эти граждане в состоянии заплатить такую сумму за отдых, то зачем им Турция? И если они при этом пожалели 172 евро на собственную юридическую безопасность, то наказание вполне справедливо.