Tous les journaux français ont fait écho à ce procès.

Sept ans après une mort tragique en plein désert, la cour a condamné l’ancien lieutenant Médéric Bertaud à quatre ans de prison avec sursis.

Il a été reconnu coupable de violences volontaires commises en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la  donner.

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Les faits en bref
Le 5 mars 2008, le deuxième régiment étranger de parachutistes (REP) de la 1ère compagnie s’entraine en plein désert à Djibouti. C’est dans cet enfer sur terre, par une température de 40 degrés à l’ombre et une humidité insupportable, que l’armée française perfectionne les compétences de ses unités d’élite.
Durant une manœuvre aux heures les plus chaudes de la journée (12-16), le légionnaire Slovaque Mathieu Thalas, Joszef Tvarusko de son vrai nom, a refusé de poursuivre l’entrainement sous prétexte d’une douleur au genou.
Durant cette marche, sa jambe et son genou fonctionnaient très bien et ses collègues et supérieurs l’ont qualifié de simulateur.
La première chaine de commandement a incité le légionnaire à continuer car si on ne peut pas laisser quelqu’un seul dans le désert, on ne peut pas non plus refuser d’obéir à un ordre donné par le capitaine et le colonel en personne.
Après environ 200 mètres, le légionnaire Thalas s’arrête, son supérieur hiérarchique le force à poursuivre sa mission, ce qu’il fait sur une courte distance avant de s’arrêter à nouveau.
Le jeune lieutenant Médéric Bertaud, commandant des trois unités du premier REP, a tout d’abord observé le comportement de ses subordonnés.
Mais quand d'après lui, le simulacre dure trop longtemps, il intervient, la frappe d’un coup de pied et prend sa mitraillette en lui faisant comprendre qu'il allait le laisser dans le désert
La menace a eu l’effet escompté sur Thalas qui a continué de marcher encore 500 mètres avant de tomber pour ne jamais se relever.

Un récit policier digne d’Agatha Christie.

Le rapport médical a indiqué que Thalas était mort d’un coup de chaleur, ce qui peut arriver à des individus en surpoids ou en mauvaise condition physique.

Les faits
L’armée ne lave pas son linge sale en public et ce n’est qu’en décembre 2008 que le lieutenant et trois de ses proches subordonnées furent inculpés pour «actes de violence en réunion ayant entrainé la mort».
Le lieutenant a été renvoyé de l’armée et mis en prison pour trois mois avant de connaitre le motif d’inculpation.

Au tribunal
Au tribunal, le lieutenant a expliqué que selon lui, le légionnaire Thalas était un simulateur au comportement inapproprié. Par exemple, durant un entrainement de montée de corde, Thalas a essayé deux fois de tenir la corde par ses mains et a fondu en larmes.
«Pourquoi lui avoir donné un coup de pied au lieu de l’aider ?» demanda le juge.
«Je voulais que Thalas mène sa mission à bien et se dépasse car c’est son devoir en tant que légionnaire.»
«Et vous, avez-vous aussi été frappé de la sorte ?» l’interrogea de nouveau le juge.
«Oui, répondit l’ancien lieutenant, par exemple, durant une course, on reçoit souvent des coups de pieds au cul pour aller plus vite !». A l’armée, on appelle ça le coup de fonctionnement.
Le juge, le jury et le procureur étaient dans une situation difficile. Ils avaient besoin de comprendre comment fonctionne ce monde fermé, secret, muni de ses propres règles. Et d’ailleurs, qui connait vraiment les règles de vie de la Légion étrangère, ce régiment qui marche et chante différemment du reste de l’armée française ?

Des témoins sont venus à la barre, parmi eux, des militaires, des actifs et des retraités. Lorsque ceux-ci ont décliné leur identité, nom, profession et âge, ils paraissaient bien plus vieux que ce qu’ils affirmaient — un dur travail qui laisse des traces.
«Le jeune a fait une erreur, c’est évident» dit l’ancien colonel Jacques Hogard, fort d’une grande expérience dans l’armée et avec la légion.
Il n’est pas rare que des homes succombent à la chaleur, l’armée française a ainsi perdu plusieurs hommes. Jacques Hogard dit que cet incident provient d’une erreur de jugement du capitaine et du colonel qui ont laissé un jeune lieutenant qui n’a pas connu l’épreuve du feu faire face à une telle situation.
Sous un tel climat et dans des conditions psychologiques et morales pareilles, n’importe qui aurait pu faire une erreur, dont moi il y a 25 ans de cela» affirma Hogard.
Le lieutenant était sous pression et devait continuer d’avancer. En plus l'image de la Légion étrangère pesait lourd, de ce monde à part où il y a des militaires avec 15 années d’ancienneté et où en ce moment là il n’y avait pas d'aide de camp

En conséquence le légionnaire a perdu la vie et l’officier plein de promesses n’a plus d’avenir.
L’instructeur Bertaud, de l’école des officiers, nous dit : « L’ennemi, lui ne prendra pas de pause déjeuner. Si l’on ne prend pas de risques à l’entrainement, le danger en situation réelle s’en trouvera accru.
Par ailleurs, nous formons délibérément nos officiers à agir dans un état de stress et de tension.
Les manœuvres devraient être plus proche du terrain, elles doivent dissiper les mythes de l’esprit des gens, sinon leurs missions n’a aucun sens.
Un officier expérimenté saura trouver un juste milieu entre risques et sécurité mais cela viendra avec le temps. »

D’après le psychologue, « Bertaud était trop sur de lui-même, il voulait dominer les autres.»
Mais comment pouvait-il en être autrement alors que Bertaud était le meilleur de sa promotion et faisait partie du régiment d’élite, le deuxième REP ?
Bertaud et Thalas, deux noms liés à jamais par la Légion étrangère où ils ont tous les deux failli à leur manière.

Qui est coupable ?
En 2009, un an après le drame, le commandement a pris la décision de ne plus mener d’exercices aux heures de chaleurs extrêmes (de 12 à 16) et de ne pas laisser les jeunes lieutenants sans supervision.
Le procureur Maryvonne Caillibotte estime que le lieutenant et ses hommes, sont coupables d’avoir poussé le légionnaire à «des efforts qui lui ont couté la vie» et qu’ils en endossent la responsabilité.
Dans une interview au «Parisien», l’avocat maitre Alexandre Varaut dit :
«Je ne veux pas dédouaner mes client mais j’estime que les fautes sont partagées dans l'ensemble de la chaîne de commandement.»

Le colonel a décidé de faire une manœuvre par des températures extrêmes, le capitaine a laissé le lieutenant sans aide et le médecin a déclaré Thalas apte à la Légion étrangère.»
Au sein de l’armée, une rumeur circule. Le jeune lieutenant serait un bouc-émissaire afin de préserver la carrière du capitaine et des autres gradés, responsables des manœuvres à Djibouti en mai 2008.

« Ce qui est dur à l'entraînement sera facile pendant la bataille » aimait à dire le généralissime Alexandre Souvorov.