La visite du Pape au cœur de la politique européenne
Ce 25 novembre la vie de la capitale d’Alsace, Strasbourg, semble s’être arrêtée : depuis le matin le périmètre du Parlement Européen et du Conseil de l’Europe a été barré, il y a partout des voitures de polices, des hélicoptères dans les airs, la circulation sur le tracé de l’aéroport au Parlement Européen est sous contrôle, il y a des snipers sur les toits… Depuis ce matin 3000 strasbourgeois ont pris place à Notre-Dame de Strasbourg devant les deux écrans, installés spécialement à cette occasion. En effet, la ville s’immobilise dans l’attente du Pape François.
La dernière fois, le Pape Jean-Paul II avait rendu visite aux institutions européennes en 1988. C’est alors qu’il avait prononcé son fameux discours sur « l’âme de l’Europe ».
Aujourd’hui, l’avion en provenance de Rome a atterri à l’aéroport de Strasbourg, précisément à 10 heures du matin, comme cela était planifié. Devant la passerelle de l’avion le Pape a rencontré le maire de Strasbourg, Roland Ries, et la ministre de l’écologie, Ségolène Royal. La visite de l’invité d’honneur est programmée à la seconde près, à 14h00 il doit quitter la capitale européenne. Depuis son élection au titre honorifique en mars 2013, François a déjà rendu visite à d’autres pays : au Brésil, en Corée du Sud, au Moyen-Orient, mais cette visite est la plus courte – seulement 4 heures.
A 10h30 au Parlement Européen tout est prêt pour la rencontre avec le Pape : Martin Schulz, le président du Parlement, rencontre le cortège de l’invité et lui serre la main. Au son de l’hymne du Vatican et de l’hymne de l’Union Européenne, s’élève solennellement vers le ciel le drapeau du Vatican.
A 10h55 le Pape est dans le Parlement Européen. Ici, il salue les invités d’honneurs et les personnalités politiques. Parmi eux, une femme âgée de 97 ans. Il s’avère qu’elle est une résidente d’un petit village allemand Boppard et a hébergé le pape François pendant deux mois en 1985, quand il étudiait l’allemand.
A 11h15, le Pape, enfin, monte à la tribune pour prononcer un discours devant les députés, discours qui rentrera forcément dans l’histoire.
Le Pape parle beaucoup des droits de l’homme et de l’immigration. Il invite l’UE à accueillir les immigrants et à les aider. « Nous ne pouvons tolérer que la mer Méditerranée devienne un grand cimetière ! Chaque jour, dans les barques qui arrivent sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d’accueil et d’aide. »
Le Pape est applaudi quand il critique « le style de vie égoïste, la richesse et l’indifférence fréquente vis-à-vis du monde extérieur, en particulier envers les pauvres. » « A notre époque, il y a beaucoup trop de situations où les gens sont traités comme des objets. »
Le Pape en appelle à un « humanisme fondé sur le respect de la dignité humaine », à un dialogue ouvert et transparent entre le Vatican et les institutions européennes.
Le Pape parle de l’importance sociale de la famille et de celle d’une relation prudente envers l’environnement. « Nous ne sommes pas les propriétaires de la Terre, nous devons l’aimer et la respecter. »
« L'heure est venue de construire ensemble une Europe qui ne tourne pas exclusivement autour de l'économie, mais autour de la personne et de valeurs immuables. Le moment est venu de se détourner d'une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter une Europe active, qui se tourne vers le ciel et est tournée vers des idéaux. Une Europe qui protège l'homme. Une Europe qui soit un précieux point de référence pour toute l'humanité. »
« Le christianisme ne représente pas une menace pour le caractère sécularisé des Etats ou l’indépendance des institutions de l’Europe, mais plutôt un enrichissement. » Le Pape a convié « à tout faire pour que l’Europe connaisse ou se souvienne de sa grande âme ». Son âme chrétienne.
Seulement il est difficile de dire si l’Europe a besoin maintenant de « l’âme chrétienne ». Après la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, la France a tout fait pour éloigner le Vatican des relations politiques.
Par exemple, le comportement du groupe activiste Femen. Le 21 novembre le mouvement activiste a posté sur Twitter une vidéo dans laquelle elles auraient soi-disant enlevé un prêtre catholique pour symboliser leur opposition à la visite du Pape à Strasbourg. La scène s’achève sur une interpellation : « Les Femen ont enlevé un prêtre et demande l’annulation de la venue du Pape le 25 novembre au Parlement Européen en échange de la libération des otages. Dieu n’est pas un magicien. Le Pape n’est pas un politicien. »
Le 24 novembre dans la cathédrale de Notre-Dame de Strasbourg une jeune fille seins nus s’est dirigée vers l’autel en brandissement le drapeau Européen. Sur le dos de la fille était écrite l’inscription provocatrice « Pope is not a politician », et sur sa poitrine « Anti-Secular Europe ». Après environ une ou deux minutes, les activistes ont quitté sans résistance la cathédrale.
Peu avant cela, le 14 novembre, trois activistes Femen étaient entrées sur la place Saint-Pierre au Vatican pour protester contre la visite du Pape à Strasbourg qu’elles considèrent comme une « atteinte au sécularisme » en Europe.
Quoi qu’il en soit, la visite du Pape François s’est terminée en beauté. Et peut-être que les députés ne sont pas aussi attentifs et concentrés aux débats politiques du Parlement Européen qu’ils ne l’étaient pendant le discours du Pape.
C’était effectivement un moment historique.
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