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Vœux de René Cagnat adressés aux lecteurs de L’Observateur Russe

René Cagnat, écrivain, spécialiste de l'Asie centrale11:12, 25 декабря 2014Наши встречиРаспечатать

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Paris ce 24 décembre 2014,
Chers parents et amis,
Comme personne ou presque ne réagit à une actualité préoccupante, j'ai considéré de mon devoir, à l'occasion de ces vœux, de donner mon sentiment de la situation et de prendre position.

GL

Prenez aussi connaissance par le lien suivant (1) de mon article  inséré dans une revue de  haute tenue littéraire : Le monde de l’art et des lettres. Consacré au destin tragique du poète Mikhaïl Lermontov, il vous montrera que je suis conscient du problème constant que pose le pouvoir russe. Et pourtant c'est vers lui que je souhaite que mon pays s'oriente : nous aiderons le pouvoir russe à s'humaniser, il nous aidera à nous renforcer. Ensemble, nous obtiendrons enfin  cette « Europe de l’Atlantique à l’Oural » qui inquiète tellement les Etats-Unis et nous pourrons affronter l'avenir. Il y a tout à redouter, pour nous Européens, du conflit qui s’esquisse entre Russie et Etats-Unis et du retour à la dictature qu’il induit à Moscou. De même, il y a beaucoup à craindre à terme, pour le « petit cap asiatique » que nous représentons, d’une alliance privilégiée entre Russie et Chine : nous ne devons pas accepter que le Kremlin soit astreint à une telle extrémité par la Maison blanche.
En ce jour de solstice d'hiver, alors que les relations franco-russes sont honteusement mises à mal, je vous envoie, en guise de vœux, un article que j'ai consacré au poète russe Mikhaïl Lermontov à l'occasion du bicentenaire de sa naissance (lien en 1/). Il y transparaît tout l'amour que j'ai toujours nourri pour la terre russe, son peuple, sa merveilleuse langue et l'âpreté de son histoire : c'était à un point tel que, moi Français, épris de littérature, j'en étais venu à choisir, dès l'adolescence, comme auteurs préférés, avant même les écrivains de mon pays, Tolstoï et Lermontov ! Pourtant, en vingt-huit années de Guerre froide, il m'a fallu lutter de toutes mes forces, notamment à Moscou, à Berlin, à Sofia, contre mes amis russes égarés par le communisme. Si je suis parvenu à me battre de mon mieux contre cet adversaire, du moins fut-ce toujours avec beaucoup de respect.
Après la chute du Mur, en 1990, j'ai d'abord eu l'impression que mon pays relevait noblement le défi que posait l'effondrement de l'URSS. Je me souviens de la consigne souvent répétée par le président Chirac : «soyez gentils avec les Russes».  En filigrane, je voyais pourtant combien le malheur de ce grand peuple était exploité -surtout par nos alliés- pour l'enfoncer encore plus dans le désastre. J'ai commencé par ne pas comprendre le maintien de l'OTAN alors que le Pacte de Varsovie avait été dissout. J’ai été surpris par l’extension à l’est de l’OTAN face à une menace quasi inexistante. En Yougoslavie, je n'ai pas compris notre hostilité à l’encontre de nos amis traditionnels, les Serbes, et notre acceptation de l'intervention américaine au Kossovo. Déjà, nous renions nos traditions d'amitié, voire nos engagements au nom d'un «atlantisme» qui nous rendait de plus en plus esclaves... C'en était trop ! J'ai quitté discrètement l'institution militaire, entre autres raisons pour ne pas participer à ce renoncement.
De l'Asie centrale, où je m'étais quasiment réfugié, je fus, hélas, aux premières loges pour voir notre asservissement s'accroître, d'année en année, par notre intervention en Afghanistan : aux côtés de l’Amérique, nous y avons mené une guerre inepte et nous avons fini par nous réinsérer dans  le commandement intégré de l'OTAN alors que le général de Gaulle avait pris grand soin de nous  en extraire. Notre dernière parcelle d'indépendance étant ainsi compromise, notre abaissement n'a pu que se poursuivre : il a culminé avec le refus de livrer les deux vaisseaux logistiques Mistral pourtant promis par contrat à la Russie. Sans cesse Paris s'aligne sur Washington, même au prix de sa parole : la France existe de moins en moins et nous risquons d’être embarqués derrière les Américains dans un conflit qui ne sera pas seulement financier, économique, médiatique mais aussi militaire…Il s’agira pour les Etats-Unis de susciter une guerre diversifiée entre Européens de l'ouest et de l'est et, ainsi, d'obliger Poutine, pour faire front, à revenir à la dictature et à se discréditer…
Avons-nous atteint, ce 21 décembre 2014,  avec ce triste solstice d'hiver, notre nadir ? Notre étoile dorénavant va-t-elle remonter ? Il est temps de  nous soustraire à la fascination du soleil couchant  et de nous tourner enfin,  dans une aube nouvelle, vers l'Orient où nous attendent tant d'affinités, tant de complémentarités. Arrêtons de décevoir nos amis russes qui ont besoin de nous autant que nous avons besoin d'eux. Pour nous, comme pour l'Europe, l'avenir politique et économique est à l'Est (sans pour autant nous couper de nos amis traditionnels de tout bord). Si je me situe dans cette perspective, je peux vraiment, avec quelques chances de succès, vous souhaiter une bonne année, un bel avenir !
Joyeux Noël !

 

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