Roland Dumas – un mousquetaire politique
Roland Dumas, âgé de 92 ans, doyen de la politique extérieure française, vient tout juste de faire publier son livre « Politiquement incorrect. Secrets d’états et autres confidences ». Il s’agit des carnets de 670 pages tenus par l’ancien ministre des affaires étrangères et président du conseil constitutionnel pendant trois décennies – de 1984 à 2014.
« La seule arme de la diplomatie qui permette d’éviter la guerre, ce sont les mots », souligne l’auteur dans sa préface. « Comme avocat et ministre, je me suis convaincu pendant 70 ans d’activité politique et professionnelle que les mots pouvaient changer beaucoup de choses, influencer des jurés, convaincre un dictateur de renoncer à ses vues, briser l’obstination d’un opposant et conquérir une femme qui semblait inaccessible… Les mots, ce sont des amis. » Homonyme de l'auteur du comte de Monte-Cristo, il se nomme lui-même, non sans humour, « mousquetaire politique ».
Pendant la présidence de François Mitterrand, Roland Dumas, son proche confident, a joué un rôle clé dans les dossiers internationaux, et, en particulier, dans le rapprochement de Moscou et Paris. En 1985 il accompagnait le président français à Moscou à l’enterrement de Konstantin Chernenko et à « l’intronisation » de Mikhaïl Gorbatchev. Il participa aux négociations avec Boris Eltsine quand « la vodka coulait à flot ». Ami des diplomates russes et, avant tout, des ambassadeurs russes en France. « Favori des dames », il se passionna aussi pour les femmes russes. Connaisseur de la langue de Lermontov et de Pouchkine, il eu même l’occasion de s’expliquer dans cette langue avec Andrei Gromyko, qu’il rencontrait à Moscou. Dans sa jeunesse a même traduit des poésies de Pouchkine.
Dans ses mémoires, Roland Dumas n’a de cesse de faire référence à son amour pour la Russie. « J’admire le peuple russe et sa culture », note-t-il dans son carnet début novembre après deux spectacles de Rodion Chtchedrine au théâtre parisien du Châtelet : le ballet « Le petit cheval bossu » et l’opéra « Le vagabond ensorcelé », dirigés par Valery Gergiev.
Roland Dumas qualifie « d’erreur » le retour de la France dans l’organisation militaire du traité de l’atlantique nord en 2009. Une telle chose aurait été impensable pendant la présidence de François Mitterrand. Aujourd’hui il soutient le Kremlin tous azimuts : « J’admire Poutine, parce que j’aime les russes. C’est un peuple patriote. »
Il considère que l’occident et en premier lieu les États-Unis et l’Otan sont derrière le conflit ukrainien, de même qu’en Irak, en Syrie et en Libye. L’ancien ministre est convaincu que la Crimée, selon le droit, est une terre russe. D’autant plus que la presqu’île a toujours été et reste le port de stationnement de la flotte russe. Dans son rattachement à la Russie il voit une justice historique. Selon Dumas, il est tout aussi naturel que le retour à la France de l’Alsace et de la Lorraine. Il qualifie le référendum d’instrument pacifique permettant de satisfaire le droit d’un peuple à l’autodétermination.
Ces dernières années, de retour dans le domaine juridique, Rolland Dumas fut également l’avocat du dirigeant libyen Muammar Gaddafi. Il condamne son assassinat, commis avec la participation des États-Unis et de la France. « L’OTAN et Nicolas Sarkozy ont organisé ce à quoi nous nous sommes toujours opposés avec Mitterrand. »
Aujourd’hui Dumas continue de s’intéresser à la vie politique extérieure comme intérieure. Il évalue de manière critique l’action du gouvernement socialiste et en premier lieu du premier ministre Manuels Valls ainsi que du chef de la diplomatie, Laurent Fabius.
Il ironise à propos du président Hollande qui, à l’époque, avait été directeur de son cabinet. Il désigne l’actuel chef de l’état de « petit farceur » pour son goût des bons mots.
Octobre 2012 François Hollande et Rolland Dumas se sont rencontrés à l’occasion d’une cérémonie de décoration au palais de l’Elysée. Le président de cette manière badine qui lui est propre de s’enquérir auprès de Dumas :
« Comment vont les affaires de Rolland ?
- Elles vont bien…
- Et avec les femmes ?
- Il est maintenant avec une russe charmante.
- Et bien elle finira par le mettre sur la paille !
Avant que de se lancer en politique Roland Dumas fut un аvocat prospère. Il a instruit les dossiers de peintres célèbres : Picasso, Chagall, Giacometti, Braque, Charchoune et réuni une importante collection de leurs travaux. Après la mort de Pablo Picasso il s’est occupé de la division de son héritage entre sa femme, ses enfants et ses petits-enfants : environ 50 mille toiles, sculptures, dessins, collages, céramiques. Еt François Mitterrand, qui n’aimait pas Picasso, de lui demander avec perplexité : « Dites-moi Roland, est-ce vraiment un bon peintre ? »
Cet article est tres interessant. je vpoudrais le publier a ma page au FB.
Est-ce qu'il y a sa traduction en russe? Par ce que la plupart de mes amis ne lisent pas en francais.
Merci!
Natalia Popova
Наталье Поповой. Статья, безусловно, опубликована по-русски. Достаточно нажать на флаг РФ вверху страницы. РО в первую очередь публикует статьи на русском языке.