SFR + Numéricâble : une transaction inattendue sur le marché des télécommunications françaises
La fusion des deux compagnies risque d’entraîner une hausse des prix.
Sur le marché français des télécommunications, des changements vont avoir lieu. Le 14 mars, SFR, opérateur de téléphonie mobile et fournisseur d’accès à Internet, a annoncé un rapprochement avec la compagnie de câble Numéricâble. Le montant de ce marché s’élève à 11.75 milliards d’euro. Qui plus est, ils vont récupérer 32% du capital du nouvel opérateur. Jusqu’à ce jour, SFR examinait également la proposition d’un autre concurrent, l’opérateur Bouygues, qui s’élevait à 11.3 milliards d’euro et 43% du capital de la nouvelle compagnie. La décision n’est pas encore définitive. Les deux compagnies disposent de trois semaines pour étudier les détails du marché.
La proposition de rachat du fournisseur d’accès à Internet Numéricâble, qui est une marque du holding luxembourgeois Altice, n’était pas au goût du ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, qui a fait clairement comprendre toute la semaine dernière qu’il préférait un rachat par le groupe français Bouygues. Mais dans son communiqué, la compagnie Numéricâble a tenu compte des souhaits du ministre et a annoncé sa volonté de conserver tous les postes avec la fusion ainsi que de préférer les compagnies françaises telles que Alcatel-Lucent ou Sagemcom pour le développement des infrastructures. Numéricâble a aussi promis d’investir dans le développement de la fibre optique en France pour couvrir 12 millions de foyers en 2017. Pour le moment, la France reste loin derrière ses voisins sur le plan de la fibre optique.
Pourquoi Vivendi vend-il SFR ?
Des discussions quant à la fusion de SFR avec un de ses concurrents ont lieu depuis 2012. Alors que c’est la première fois que l’ancien directeur de l’opérateur –Stéphane Roussel, se met à en parler. Le fait est que le magnat du multimédia Vivendi, propriétaire de SFR, veut depuis longtemps refuser ses activités dans la sphère des télécommunications pour se concentrer sur la télévision (la famille Canal +) et sur la musique (les marques Universal, Emi).
Il vaut la peine de noter que le gouvernement français a, pendant tout ce temps, assez clairement exprimé sa position. Ainsi, fin janvier, Arnaud Montebourg s’est exprimé quant à passer de quatre opérateurs mobiles français à trois, « voulant calmer le désir des consommateurs pour les prix bas ». Selon lui, il serait préférable pour les opérateurs d’investir dans le développement du réseau mobile et des nouvelles technologies en France, au lieu de se battre pour baisser les prix .
Qui peut acheter SFR ?
Aujourd’hui, le marché français des opérateurs mobiles est divisé en quatre grands groupes : Orange (36% du marché), SFR (28%), Bouygues (15%) et Free (11%). Les 11% restants appartiennent aux opérateurs virtuels de téléphonie mobile (MNVO), qui utilisent les infrastructures des grands opérateurs mais qui vendent leurs services sous leur propre marque (par exemple Virgin mobile, Ortel, NRJ mobile, etc.). Le marché des fournisseurs d’accès à Internet est divisé entre les cinq joueurs principaux : Orange (41%), Free (23%), SFR (22%), Bouygues (8%) et Numéricâble (4%).
Au fond, Vivendi était prêt à vendre SFR à n’importe quel concurrent, tant que le prix était convenable. La capitalisation de la compagnie est estimée à 15 milliards de dollars. Mais l’Autorité de la concurrence est en droit de bloquer certains marchés. Ainsi, l’an dernier, cet organisme s’était déjà opposé à la fusion entre Free et SFR. Une telle fusion aurait permis aux deux compagnies de contrôler plus de la moitié du marché de téléphonie mobile et d’Internet. Il y aurait également eu un refus s’il y avait eu une proposition de fusion entre SFR et Orange.
Une fusion entre SFR et Bouygues aurait également dû être refusée. Cependant, l’Autorité de la concurrence a permis aux deux compagnies, il y a un mois de cela, d’utiliser chacune les réseaux de l’autre dans les zones un peu plus perdues, où vit 57% de la population. Cette décision, accordée dans le but d’améliorer la qualité du réseau mobile dans les régions à faible densité de population, les experts la considèrent comme un premier pas vers la concentration des compagnies du secteur, bien qu’elle ait été prise dans un but purement technique.
Qu’est-ce qui changera pour les consommateurs ?
Il n’y a aucun raison de penser que quelque chose changera sur le marché de la téléphonie mobile. Comme avant, il y aura toujours quatre opérateurs. Il y a même des hypothèses selon lesquelles les prix commenceront à baisser sous la pression de Free qui, en se servant de la fusion entre SFR et Numéricâble, essaye d’attirer vers lui une partie des clients avec des promesses.
Cependant, sur le marché des fournisseurs d’accès à Internet, les prix peuvent tout à fait augmenter… avec la mise en place d’un Internet plus rapide et plus confortable. En effet, le développement d’un Internet ultrarapide, qui est en retard en France, nécessite des opérateurs des investissements. Qui plus est, si la fusion a lieu, la dette de Numéricâble pourrait s’élever à 13.5 milliards d’euro, et la nouvelle compagnie ne pourra simplement pas se permettre de baisser ses tarifs.
Aujourd’hui, presque tous les opérateurs français proposent l’accès à une zone Internet pour 30-35 euros par mois. A l’exception de Bouygues, qui a lancé fin février une offre spéciale à 19.90 euros.
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