Le danger de la réforme des «professions réglementées»
Le dernier jour de septembre 2014, beaucoup de pharmacies, de laboratoires d'analyses médicales, de cabinets de médecins et d'avocats, d'études de notaires et d'autres établissements de «professions réglementées» ont fermé leurs portes aux visiteurs à l'appel des syndicats professionnels et de l'Union nationale des professions libérales, manifestant contre les réformes proposées par le ministère de l'Economie afin d'augmenter le pouvoir d'achat des Français.
L'initiateur de cette réforme, Arnaud Montebourg, a promis, en déréglementant les professions, de susciter la création de 120000 emplois et d'augmenter le pouvoir d'achat de la population de 6 milliards d'euros.
Son successeur au poste de ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, s'est contenté de dire : «Les consommateurs sont perdants dans la situation actuelle, certains tarifs ne correspondent pas aux prestations fournies».
Que sont les «professions réglementées» ?
«Profession[s] dont l'exercice requiert la possession d'un diplôme ou à une autre condition formelle de qualification» nous dit le site du gouvernement.
Elles se divisent en deux grands groupes :
Les professions libérales : il s'agit des avocats, des architectes, des médecins, des vétérinaires, des dentistes, des pharmaciens, etc.
Les offices ministériels : il s'agit des commissaires-priseurs, des huissiers de justice, des greffiers, des avocats de la Cour d'appel, des notaires, etc.
Une situation de monopole
Selon la loi, les représentants de ces professions possèdent le monopole de l'exercice de l'activité dans leur domaine. Cela concerne, par exemple, le droit des greffiers à enregistrer les décisions de justice, celui des notaires à porter des modifications dans le cadastre lors d'un transfert de propriété, ou encore celui des pharmaciens à vendre des médicaments.
Un marché tentant
Examinons la situation avec l'exemple des pharmaciens. Cela fait longtemps que l'attrait du marché pharmaceutique empêche les propriétaires de réseaux commerciaux de dormir tranquillement : tout simplement parce que les Français sont les premiers consommateurs de médicaments en Europe. Ces réseaux ont déjà englouti certains secteurs de ce marché : la vente de vitamines et de compléments alimentaires au supermarché n'étonne déjà plus personne, et c'est à présent au tour des préparations analgésiques sans ordonnance ; mais pourquoi prendre un médicament après l'autre quand on peut tout prendre d'un coup ?
Les pharmaciens sont sortis dans la rue parce qu'ils ne veulent pas se retrouver dans la peau de «l'homme à la blouse blanche» de la publicité du rayon pharmacie des supermarchés Leclerc. A l'écran, celui-ci explique à une cliente qu'il a pourtant, lui aussi, «six ans» d'études ; mais les pharmaciens comprennent très bien que tout ce qui se retrouve dans la «matrice des réseaux» perd progressivement sa valeur, est lavé comme le sable, et que dans un futur très proche, la limite entre les vendeurs de pommes de terre et de médicaments s'effacera, et ceux-ci deviendront interchangeables.
Les docteurs estiment que cela est inacceptable, puisque les médicaments ne sont pas de simples produits de consommation, qu'il ne faut pas négliger la santé et la sécurité du consommateur, malade ou bien-portant.
Chaque médaille a son revers, et ce conflit ne fait pas exception. Selon les données des services statistiques de l'Insee, le salaire moyen d'un pharmacien s'élève à 7621 euros, alors que le salaire moyen en France est de 1712 euros, ce que ne touchent même pas 50% des travailleurs. Il est évident qu'en se retrouvant dans la «blouse blanche de Leclerc», le pharmacien peut oublier ses anciens revenus : on ne paye pas autant les salariés.
Le notariat
Le système de notariat en France est l'une des références mondiales, et de nombreux pays s'en inspirent (par exemple, la Chine) : cela fait longtemps que l'indépendance des notaires français ne donne pas de répit aux fonctionnaires européens partisans du modèle anglo-saxon. Le système français défend le droit familial de propriété et de succession : on y trouve un ordre rigoureux dans l'héritage, et c'est le notaire lui-même qui est le gardien du cadastre et la figure indépendante qui intervient au tribunal à égalité avec l'avocat.
Dans le système anglo-saxon, c'est un simple clerc qui légalise les documents.
Les actions proposées par le ministère détruisent le système élaboré au cours des siècles et qui préserve les intérêts de tous les citoyens et de chacun d'entre eux. Pourquoi cette réforme ?
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Мне кажется, автор, излишне идиализирует французский нотариат
Согласна, что нельзя продавать лекарства так же, как и картошку. Фармацевт должен быть профессионалом своего дела, что означает специализированные знания.
7000 евро? вот эти люди в аптеках? что-то не верится...
Наверно 7000 это все же заработок владельца аптеки а не служащего, иначе оказалось бы что нас — потребителей еще и очень серьезно грабят на продаже лекарств.
За границей, в англо-саксонских странах, , много безрецепнтых лекарств продается в супермаркетах и пр. и о массовых отравлениях что-то не слышно.
Всякое ограничение свободного рынка (лицензия таксиста или фармацевта) обращается против потребителя и в пользу монополиста. Если сейчас не время повышать зарплаты, то как раз время пошерстить монополистов, коея традиция идет еще со средневековых гильдий, когда например на право быть кровельшиком нужно было иметь специальное разрешение, которое трудно получить. Так что поход против этого средневековья можно только приветствовать. Но конечно никто не спорит, что за этим делом, как и за всяким свободным рынком, нужно наблюдение соотвествующих органов, чтоб рынок не стал уж черезчур свободным.
Ален, результатом реформы в секторе аптек будет — рынок будет отдан монополисту — торговым сетям, которые уже превратили помидоры из натуральных в пластиковые
Дело в том, что основная цель сетей снижение себестоимости
Вот мне бы лично не хотелось, чтобы лекарства превращались в некий ходовой товар. Это как-то странно и по-моему не всегда безопасно для самих же покупателей. И так куча народу покупает лекарства без рецепта благодаря рекламной промывке мозгов. Плюс в аптеках все-таки проверяется качество (я, конечно, не могу отвечать за все аптеки на свете — моя знакомая является директором аптеки, и я знаю, как у них строго ведется проверка всяких там сертификатов и документов. Плюс в этой аптеке работают очень грамотные фармацевты — порой лучше врачей могут что-то подсказать, или наоборот отсоветовать покупать то, что покупатель сам себе прописал. А в магазине??? Хватай, что под руку попадется? И если нам продают некачественные продукты, то почему-бы не переклеить срок годности на таблетках? Не, я за узкую специализацию!