Quels sont ces cadeaux ? Voyons cela.

Alors...

Le chef de famille déballe... trois écharpes tricotées : une de son épouse, une de sa mère et une de sa belle-mère !

L'épouse reçoit de la part de son tendre mari une salière et une poivrière esthétiques en forme de petits lapins. Le dernier et avant dernier Noël, c'était des poulets et des porcelets !

La belle-mère adorée se voit offrir par son gendre une demi-douzaine de pots à confiture.

Et l'autre belle-mère adorée reçoit de sa bru un énième grille-pain.

Le neveu obtient un pull en laine (pas de la bonne taille).

La nièce, un métier à tisser des sandales (sic!)

Les plus jeunes enfants, des oursons et des petits lapins

(comme les années passées), et les plus grands, des livres « instructifs » de géographie, d'histoire, etc.          Les cadeaux de Noël dont personne ne veut sont :

Les pantoufles (considérées comme une allusion à l'âge avancé) ;

Les énièmes petits pots ;

La nappe ;

La cafetière.

Et ainsi de suite...

Les pires cadeaux possibles

Le sempiternel tapis orientable, qui attire les mites ;

Le cendrier en marbre en forme de Colisée (et presque grandeur nature !) ;

Son propre best— seller ;

Un bon pour une séance en institut de beauté (un chèque cadeau que l'on obtient gratuitement après plusieurs achats dans les magasins bon marché Leclerc)

Les disques des succès cinématographiques de la saison automne-hiver de l'an dernier.

Enfin, le cadeau le plus détesté en France : la CRAVATE ! Ici, cela fait bien longtemps que plus personne ne la porte, à part les employés des pompes funèbres !

Où se défaire du bric-à-brac qu'on nous a offert ?

Vous vous souvenez de la nouvelle humoristique Œuvre d'art d'Anton Tchekhov ? Il était question d'un candélabre en bronze, laid et ridicule, que les protagonistes se refourguaient mutuellement, jusqu'à ce que celui-ci revienne finalement à son premier propriétaire, au grand dam de ce dernier ! Pendant les fêtes, personne, en effet, n'est à l'abri d'un tel piège !

« Pas la peine de vous ruiner en cadeaux ! Il y a toujours chez vous tout un tas de cadeaux dont vous ne voulez pas et que vous pouvez roffrir ! », me signifia mon ami et poète Igor Sergueïevitch Kholine qui, il faut bien l'avouer, est un grand radin.

On ne donne pas ce qu'on nous a offert, dit la sagesse populaire. Mais qu'en est-il de l'achat et revente de cadeaux ?

Les lumières du sapin n'ont pas eu le temps de s'éteindre, ni les aiguilles de tomber, que les places de marché en ligne abondent déjà en annonces de revente de cadeaux non désirés à moitié prix. Le journal Le Figaro écrit, en réponse aux interrogations, qu'un français sur deux (plus exactement 52 % d'entre eux) est prêt à revendre les cadeaux qui ne lui plaisent pas. Rien que l'an dernier, le montant de ces reventes a atteint en France 359 millions d'euros.

Par rapport aux autres pays de l'UE, les Français, avec leur pragmatisme caractéristique, se débarrassent ouvertement et massivement sur internet des cadeaux non désirés. En outre, 36 % sont disposés à revendre des cadeaux même pas déballés.

Selon une étude, le pic de ces reventes en France est déjà atteint par les leaders du marché d'après Noël, РriceMinister et eBay France, dès le 7 janvier. Autrement dit, deux semaines plus tôt qu'en Allemagne et qu'au Royaume-Uni. Le bénéfice total de ces reventes sur internet revient ici en moyenne à 90 euros par personne. L'Autriche, cependant, l'emporte pour ce qui est du prix moyen de la revente d'un seul cadeau (57 euros)...

Qu'est-ce qui prédomine dans ce cas ? L'esprit rationnel ou le cynisme ? Nous pouvons constater que l'attitude envers la revente d'objets superflus change partout, pas seulement en France. La vague de ventes d'après Noël sur internet a envahi beaucoup d'autres pays. Si, en 2013, les Danois ont acheté pour environ 8 milliards de couronnes (1,5 milliard de dollars) de cadeaux de Noël, 4 % d'entre eux sont retournés en magasin, rapportant à ces mêmes vendeurs 229 millions de couronnes (41,6 millions de dollars). Les Suédois, eux, commencent juste après Noël à revendre les cadeaux dont ils n'ont pas besoin sur des sites internet comme AVITO.com. Et en Russie, l'attitude décomplexée envers les présents du Ded Moroz (le père Noël russe du Nouvel An) n'est plus tabou : les gens ont très vite compris qu'avec toutes ces nouvelles places de marché en ligne, ils pouvaient très rapidement transformer les cadeaux inutiles en argent fort bien nécessaire.

Pourtant, à peine 14 % de ces pragmatiques ont le courage d'avouer à leurs proches qu'ils n'aiment pas leurs cadeaux et qu'ils ont décidé de s'en débarrasser. C'est plutôt dommage lorsque l'on considère les foules qui, en période de Noël, prennent d'assaut les grands magasins. Ce n'est un secret pour personne : nous n'avons habituellement pas le temps, voire l'imagination, pour choisir quelque chose de vraiment agréable et utile. Alors nous attrapons la première chose que nous voyons qui, de surcroît, coûte souvent une somme rondelette, et tout cela pour ne pas faire plaisir au destinataire du cadeau ! Cette erreur n'est pas le propre de l'homme car même le père Noël peut, par mégarde, confondre les cheminées et ne pas vous apporter ce à quoi vous rêviez ! Ainsi, il n'est pas rare d'entendre à la fin de l'année :

— Ecoute, nous sommes ta famille. Honnêtement, dis-nous, qu'est-ce que tu aimerais pour Noël ?

Une telle méthode est évidemment pleine de bon sens mais que fait-on de la magie de Noël et du Nouvel An ?

Alors que faire ? Les temps changent. Le monde, comme chacun sait, est en proie à la crise. C'est pourquoi aujourd'hui, vraisemblablement, une écrasante majorité de la population préfère, la nuit de Noël, Hanouka ou Kwanzaa (une fête célébrée par les afro-américains), trouver sous le sapin simplement... une enveloppe remplie d'argent.