Avec, en toile de fond, les résultats des élections municipales et les événements en Ukraine, cette information est passée pratiquement inaperçue, bien qu’elle ait dû arriver sans crier gare.

Le film

Le film « Crème de la crème » met en lumière ce phénomène (le nom russe est « Sexe contre prépaiement »). Il sort dans les salles le 2 avril, et parle franchement de la prostitution dans le milieu étudiant.

Скриншот кадра из фильма «Секс по предоплате» | Capture d'écran d'une image de «La crème de la crème».

Le sujet est simple. Les héros du film étudient dans l’une des plus prestigieuses écoles de commerce françaises. La jeunesse dorée, la future « crème de la société », bientôt ils deviendront une nouvelle élite. Mais ces jeunes ne veulent pas attendre demain, ils sont pleins d’énergie, d’esprit d’entreprise, et veulent agir ici et maintenant, pour fonder leur capital initial. En pensant pendant peu de temps, les amis ouvrent leur premier business, qui n’est rien d’autre que de l’escorte de services directement dans leur établissement d’études, en effet ces businessmen fraîchement moulus sont persuadés que les relations entre jeunes hommes et jeunes femmes font partie intégrante de l’économie de marché…

Une réalité cruelle

Les organisations féministes sont alarmées. Elles ont découvert que 7.5 milliers d’étudiantes ont été enregistrées sur le site Seeking Arrangement. Le site propose aux hommes aisés les services d’escort-girl.

« Sugar baby », ainsi s’appelle la partie du site où sont publiées les annonces avec les données des étudiantes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts en fin de mois.

Dans beaucoup d’universités françaises, de plus en plus d’étudiantes sont entrainées dans différentes structures, qui masquent en fait la prostitution. Une chaîne de télévision a réussit à obtenir l’interview d’une étudiante qui est escort-girl. Je suis tombée sur un homme, qui devait avoir dans la cinquantaine, qui voulait que je sois ‘accompagnatrice’. Je n’ai pas accepté», dit-elle. Mais elles sont loin de toutes refuser, et sur Seeking Arrangement, sans le moindre remord, les « Sugar daddy » entrent en relation avec des jeunes femmes, en échange de cadeaux ou d’un bon revenu. Par exemple, selon l’information de l’une des inscrites du site, une sortie au restaurant peut être payée environ 300 euros. Et avec cela, les relations sexuelles ne sont pas exclues.

Et tout cela dans le cadre de la loi ?

Le fait est que les fondateurs du site ne parlent pas de prostitution, ils appellent les services donnés « relations mutuellement avantageuses » ou « aide financière ». Et jusqu’à ce jour, ce tel site est totalement l égal, c’est simplement un site d’annonces privées, tel que « de main à main ».

C’est ce qui le rend encore plus dangereux, et qui inquiètent les organisations féministes. « On voit beaucoup de jeunes filles qui, au départ, se prostituent pour financer leurs études. Petit à petit, cette activité devient difficilement conciliable avec les cours, et certaines basculent et deviennent prostituées à 100%. C’est un cercle vicieux qui s’installe et dont il est très difficile de s’extraire », explique Claire Serre-Combe, d’Osons le féminisme.

Les associations de féministes appellent les parlementaires à établir une loi, qui régirait le contenu de ce genre de sites Internet. A l’heure actuelle, il n’existe pas de loi permettant de lutter contre ce phénomène.

Pour information. Estimation du budget mensuel d’un étudiant :

La résidence :

Les résidences pour étudiants : entre 150 et 250€

Si vous n’êtes pas l’heureux possesseur d’une résidence pour étudiants :

Le loyer d’un studio en province : 350€

Le loyer d’un studio à Paris : minimum 700€ — 500€ pour une chambre de bonne

La nourriture :

Ticket pour le restaurant universitaire : 3.10€ (données de 2012—2013)

Les petits-déjeuners, les dîners et les sorties : 200€

Les transports en commun :

En fonction de la ville et de la distance jusqu’à l’université, entre 15 et 50€

Par exemple à Paris, le forfait imagine R (pour les étudiants, à l’année), pour deux zones coûte 332.90€, et pour cinq zones 720.80€ (données de 2014)

Le téléphone et Internet :

Un forfait low-cost, 20 plus 20€. Le détenteur d’un smartphone dépense deux fois plus.

L’Hygiène :

30€ par mois.

Divers (pharmacies, soirées, livres, fringues) :

De façon raisonnable, entre 100 et 200€.

Ainsi, les besoins financiers moyens d’un étudiant s’élèvent entre 600 et 1000€.

Durant les premiers mois d’études, cette somme peut doubler, voire tripler, puisqu’il faut payer l’assurance, la commission de l’agence immobilière etc.