Le 22 septembre de cette année s'est déroulée au quartier général de l'UMP une conférence intitulée « La nécessité d'une politique indépendante en Europe de l’Est pour la France», organisée par «Les Jeunes de la Droite Populaire», l'aile jeunesse du parti.

Выступающие на конференции (справа налево): Тьерри Мариани, Александр Латса, Ксавье Моро, Пьер Жантие Photo:Ekaterina Gadal

«Мистраль, его не поставка полностью дискредитирует французский ОПК в глазах партнеров, скажем Индии, если у неё возникнут проблемы с соседом, нет гарантии, что ей поставят оборудование. А вот если Франции на этом рынке не будет, ее с радостью заменят США».

«США – наш союзник, но Америка и Франция — экономические конкуренты, об этом нельзя забывать! Санкции отменяют тогда, когда это выгодно США, так было недавно в Узбекистане, французские компании ушли из-за введенных санкций, а вернуться уже было некуда, все места были заняты американским бизнесом», -добавил Марьяни в конце своего выступления.

Les murs de cette salle n'ont jamais connu de débats aussi houleux, de clameurs aussi vives de la part de la tendance adverse, une atmosphère aussi tendue.

Le président de l'organisation Pierre Gentillet a ouvert la conférence en citant Dostoïevski et le thème de la Russie a été le fil rouge de la soirée. Notre format de publication ne permettant pas de donner un sténogramme de la conférence, nous citons les moments les plus intéressants.

Alexandre Latsa, journaliste – «Plus de mille entreprises françaises travaillent en Russie; quand l'Europe introduit des sanctions, elle leur tire dans le dos !»

«Le défaut de livraison des Mistral discrédite complètement le complexe militaro-industriel français aux yeux de ses partenaires, de l'Inde par exemple : si des problèmes surgissent entre elle et son voisin, il n'y a pas de garantie qu'on lui fournira du matériel. Mais si la France n'est pas sur le marché, les Etats-Unis la remplaceront avec joie.».

Le professeur Denys Pluvinage s'est affligé du fait que les sanctions auront une influence négative sur l'économie de la Russie sans avoir le moindre effet politique. Il considère qu'il s'agit de « la fin de la diplomatie, et c'est regrettable, parce que la diplomatie est une invention traditionnellement française. La France doit revenir à la langue de la diplomatie ».

Le député Thierry Mariani, l'un des quatorze députés français invités à Moscou par la Douma d'Etat de la Fédération de Russie, est arrivé avec beaucoup de retard : « Je suis arrivé après la bataille », a-t-il déclaré.

«Vous soutenez les Russes alors qu'ils ont occupé l'Ukraine !» a crié quelqu'un dans la salle.

Le député Mariani a répliqué en souriant : « En ce qui concerne la Crimée, les Russes, parlant le langage des affaires, ont simplement mis à profit «l'effet d'aubaine», ils n'ont pas laissé passer l'occasion qui se présentait : le gouvernement ukrainien a perdu sa légitimité, et le peuple de Crimée voulait des changements ».

«Les Etats-Unis sont notre partenaire, mais l'Amérique et la France sont des concurrents économiques, il ne faut pas l'oublier ! On annule les sanctions quand cela est avantageux pour les Etats-Unis, comme cela a été le cas récemment en Ouzbékistan ; les entreprises françaises ont fui à cause des sanctions introduites et il n'y a plus de retour possible, toutes les places ont été occupées par les entreprises américaines», a ajouté Mariani à la fin de son intervention.

Après la fin de la conférence, «l'Observateur russe» s'est entretenu avec Xavier Moreau. Son intervention contenait une analyse géopolitique clairement structurée de la situation en Europe et en Europe orientale. Il a parlé en particulier du désir de la Pologne de faire entrer l'Ukraine dans la sphère de son influence, et cette déclaration a suscité de vives réactions, tant positives que négatives.

Il a été interrompu par des applaudissements et par les cris : « Nous ne sommes pas au Front National, mais à l'UMP ! » ou pire encore : « Agent du FSB ! »

En réponse à une question de l'audience concernant la situation en Ukraine, X.Moreau a dit être très inquiet de ce qui arrive au peuple ukrainien, et il regrette que peu de gens en Ukraine comprennent que leurs problèmes ne viennent pas de Moscou, mais de Washington.

OR : La majorité des intervenants a décrit la situation générale en Russie comme suffisamment positive ; mais puisque les sanctions sont maintenant bilatérales, peut-on être optimiste à ce sujet, selon vous ?

X. Moreau : Je pense que les sanctions ont un effet positif dans les domaines où les Russes possèdent suffisamment d'alternatives aux importations, en premier lieu par sa propre production intérieure. De ce point de vue, j'estime que les sanctions sont positives. En tout cas, en ce qui concerne les sanctions européennes, si elles ont une influence réelle sur l'économie russe, ce sera à moyen terme ou à long terme. Ce qui est très négatif dans cette situation, c'est la présence d'une « atmosphère délétère » mondiale à cause de laquelle les investisseurs européens craignent d'investir en Russie. Personne ne veut se retrouver dans la situation de BNP Paribas et payer une lourde amende. Mais il est certain qu'il est impossible, de cette manière, de contraindre la Russie à changer sa position en Crimée, au Donbass, etc.

OR : Nous avons vu aujourd'hui dans la salle l'intensité des humeurs antirusses ; peut-être que la Russie n'aurait pas dû introduire ces sanctions afin de ne pas envenimer encore cette atmosphère ?

X. Moreau : Je considère qu'une réponse était nécessaire afin de montrer à l'Union européenne à quel point l'économie européenne est à présent acculée.

OR : Vous avez dit que vous ne vouliez pas de « guerre froide », de même que n'importe quel Européen. De nombreux experts notent que la Russie est à présent plus isolée que jamais, comme l'Union soviétique même ne l'a jamais été. A partir de quand peut-on parler de « guerre froide»?

X. Moreau : Premièrement, je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que la Russie est aujourd'hui isolée. A mon avis, votre pays a aujourd'hui de nombreux alliés, par exemple les pays du BRICS. Deuxièmement, la condition nécessaire de la « guerre froide », c'est la course aux armements, et il n'y en a pas actuellement.

OR : Comment expliquez-vous les dernières actions des Etats-Unis au Proche-Orient, où ils bombardent dans certains cas et non dans d'autres ? Comment la situation va-t-elle évoluer avec les djihadistes, par exemple?

X. Moreau : Ce dont vous parlez est un exemple de « double standard » : les Américains aiment beaucoup un certain type de djihadistes, de nazis, de mafieux lorsqu'ils ont besoin d'eux ; lorsque ce n'est pas le cas, ils les anéantissent : c'est ce que nous constatons actuellement.

OR : Pour finir, une question un peu personnelle : vous vivez et travaillez en Russie depuis 14 ans. Qu'est-ce qui vous a amené là-bas?

X. Moreau : J'ai toujours rêvé de travailler en Russie, une sorte de « rêve américain » du XXIe siècle que je voulais réaliser. En outre, je trouve, en un sens, une certaine liberté en travaillant là-bas