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четверг, 28 марта 2024
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Et la Bretagne «submergea» le bois de Boulogne

Texte et photos : Ogoulbibi MARIAS, traduction : Isabelle MARIAS.14:00, 7 августа 2013НовостиРаспечатать


Comme le dit un proverbe breton «Quand les 7 vents soufflent ensemble, la tempête va se déchaîner!»

«Quel vent a apporté ici autant de monde? » me demandais-je ce dimanche-là dans une des longues files d'attente à l'entrée du Jardin d'Acclimatation ; je n'avais jamais vu un tel attroupement dans ce parc. Une joyeuse ambiance régnait derrière les grilles du jardin. Le festival « La Bretagne à Paris » battait son plein. Quand les sons de cornemuses, des bombardes et des tambours retentirent, les personnes dans la file d'attente commencèrent à s'impatienter et observaient avec tristesse à travers les barreaux comment le groupe de musiciens aux habits bleus qui se tenaient au-dessous du drapeau breton aux rayures noires-blanches commençait sa parade festive à travers le parc. Finalement nos inquiétudes disparurent très vite puisque cette musique bretonne allait nous accompagner tout au fil de notre promenade.


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A côté de la file d'attente devant l'entrée, il y avait une grande carte de Bretagne grâce à laquelle nous avons appris que dans cette région à l'ouest de la France vivent 4,5 millions d'habitants, qu'elle réunit 800 îles, que les côtes sont bordées par l'Océan sur plus de 1100 km et qu'elle contient le plus grand ensemble mégalithique du monde. La carte, étalée tel un tapis servait de divertissement pour les enfants, qui à ma grande stupéfaction, connaissaient la région. Les enfants sautaient de ville en ville sur la carte dès que leurs mères prononçaient un nom de ville. Il paraissait clair à tous qu'ils étaient des enfants issus de familles bretonnes. Cela me rappela soudain que dans mon entourage à Paris il y a toujours eu beaucoup de descendants de Bretons : c'est-à-dire que mes amis bretons portent leurs racines avec fierté non pas pour se sentir supérieur aux autres mais au contraire comme pour se moquer d'eux-mêmes et dire « ne me jugez pas, je suis breton ».


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C'est incroyable comment les Bretons, qui ont été emportés par les vents de l'histoire loin de leurs berceau de granite n'aient pas perdu leurs traditions ni oublié leurs origines mais transmettent la mémoire de leur patrie de génération en génération bien qu'ils l'aient quittée il y a fort longtemps. Je ne connais aucune autre région de France où les gens résistent avec autant d'obstination et de persévérance au nivellement et à la tonsure « à la française », où non seulement les vieillards gardent les traditions de leurs aïeuls mais où les jeunes aussi sont fiers de leur appartenance à cette ancienne tribu celte.

Dès que nous sommes entrés dans le parc, nous sommes d'abord allés vers la grande scène d'où retentissaient des mélodies de Bretagne, qui emmenaient notre imagination vers les côtes Atlantiques avec leurs légendes de druides et leurs tristes histoires de fées et de sirènes. Et voilà que les cornemuses, les bombardes de différentes tailles, les gros tambours commencèrent à jouer une musique entraînante et qu'une partie du public — sans se faire prier- se mit soudain à danser en face de nous tout en formant un cercle en se tenant par les petits doigts ; connaissant l'enchaînement ils se mirent soit par paires soit en ronde. S'incruster dans une telle ronde n'est pas une mince affaire, il faut connaître l'ordre, le rythme et la chorégraphie.


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Mais il y avait aussi une autre scène plus loin, un peu plus basse et d'où les artistes descendaient simplement dans le pré vert pour entrer dans la danse, se mélangeant avec le public. Sur cette scène, les artistes expliquaient les quelques « secrets» des danses bretonnes et montraient les gestes simples : il faut donc, dans une des danses traditionnelles s'accrocher chacun avec ses deux voisins par l'auriculaire et tourner deux fois les mains vers l'avant et deux fois en arrière. A un certain moment dans ce pré, il y avait tellement de volontaires pour danser que les artistes commencèrent de guider la foule en serpentant en spirale pour qu'il y ait de la place pour tout le monde. L'objectif de mon appareil photo n'arrivait pas à embrasser tout le champ et on ne voit qu'une petite partie de cette joyeuse ronde. Il faut noter que les danseurs dans le pré n'étaient pas tous d'origine bretonne.


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« Une île » bretonne à Paris

Lors du festival «La Bretagne à Paris» — «Breizh e Paris» qui, hélas, arrivait à sa fin, 500 artistes ont été mobilisés (musiciens, danseurs, conteurs) de différentes villes bretonnes, ainsi que de Paris et d'Ile-de-France. Il s'avère qu'à Paris et en banlieue, selon les données de l'association « Paris breton », vivent plus d'un million de personnes originaires de Bretagne. Leurs ancêtres ont depuis fort longtemps un lien avec la capitale : soit ils travaillaient dans la garde du Roi, soit ils étaient marins ou missionnaires qui partaient en voyages vers des pays lointains depuis la France.

Le plus fort flux des émigrées bretons a débuté au 19ème siècle quand après les révolutions et durant les guerres napoléoniennes la France se détourna de la mer et la laissa à l'Angleterre, arrêta toutes les marchés et tous les liens économiques entre les pays du sud et du nord, interdit l'exportation des tissus de lin en Angleterre. Les marins bretons perdirent alors leur utilité. Vers 1872 il y eut un pic démographique dans la région qui atteignait les 3 millions d'habitants. Les hommes bretons commencèrent à partir pour du travail saisonnier à la capitale où on les appréciait pour leurs fortes mains et un petit salaire ; on les exploitait dans les travaux pénibles — la construction en ville, le creusement des tranchées, la réfection de routes.


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Dès que les premiers trains atteignirent la Bretagne, toute de suite commença la migration en masse de Bretons vers la capitale. Avec le chemin de fer commença également l'exportation de gros blocs de granite gris, décorations de pierre pour les travaux grandioses du préfet Haussmann. Les mêmes trains en direction de la capitale amenèrent la main-d'œuvre, maçons, graveurs loin de leurs chères côtes rocheuses. De 1893 à 1911, 200 000 Bretons quittèrent leurs pénates et s'installèrent pour toujours à Paris. En outre, ils se sont principalement installés autour de la gare Montparnasse où les déposaient leurs trains.

On notera aussi que par hasard cette gare porte le nom d'un Breton célèbre, Fulgence Bienvenüe, le «père» du métro parisien. Voilà pourquoi dans les 14ème et 15ème arrondissements il y a la plus forte concentration de la capitale en crêperies, cafés et bars bretons où flotte le drapeau aux rayures noires et blanches.

D'ailleurs, aujourd'hui les maires des 6ème, 15ème, 16ème et 19ème arrondissements de Paris sont bretons.

Les Bretons ne coupent pas leurs liens avec leur patrie historique. A Paris et en banlieue il existe environ 100 associations bretonnes actives, groupes de différents types, ensembles de musiciens. Il existe même à Paris une école où les enfants apprennent les deux langues — français et breton.

La langue bretonne fait partie du groupe des langues indo-européennes. Cette langue est dans la liste de l'UNESCO parmi les langues menacées de disparition.


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« Made in Bretagne »

Sur les deux scènes se produisaient en alternance des collectifs d'artistes, en costumes traditionnels. Des jeunes filles, des femmes mûres montraient avec fierté leurs incroyables tenues de couleurs différentes, avec des broderies, des dentelles, des tabliers de soie. On se demandait comment leurs coiffes tenaient sur leurs têtes. Chaque village possède son propre costume, ses ornements insolites, ses dentelles originales. La plupart des vêtements se sont gardés avec beaucoup de soins pendant 100 ans !

Les hommes aussi ont de la chance : sur leurs costumes coquets se trouvent des broderies originales sur deux rangs, des boutons brillants de métal ou d'os. On nous montrait les costumes qui ont été portés lors des fêtes et des jours de marchés. On aurait dit que les enfants sur scène sortaient de films historiques et ils faisaient aussi la démonstration de leurs vêtements hérités de leurs arrière grands-pères et arrière grand-mères.

« Je couds moi-même mes costumes, mais les broderies et les dentelles sont anciennes et datent du début du 20ème siècle, — m'expliquait une femme du collectif «Cercle Celtique Kan Breizh » de Rambouillet, — on envoie chaque année les dentelles en Bretagne pour les blanchir et empeser ».

Son compagnon de danse M. Dujardin voulait ajouter autre chose: « Nous participons aux différents concours de danses bretonnes. Regardez-nous sur Youtube... Sachez que dans notre groupe nous avons une femme russe. Notre culture et nos danses lui plaisent ! »


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Quand le programme musical s'approcha de la fin, nous nous dirigeâmes vers un village breton où nous pouvions déguster de délicieuses crêpes et galettes de sarrasin ou alors acheter des célèbres biscuits bretons, des sardines, des soupes de poisson.


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Ici on pouvait admirer ou acheter de la bijouterie, des cosmétiques, des sacs fabriqués avec de vraies voiles. Tous ces produits étaient « Made in Bretagne ». Bien évidemment il n'est pas possible d'imaginer la Bretagne sans les fameuses marinières ! Nous trouvâmes le stand de la célèbre marque « Armorlux » qui est comme le phare solitaire qui illumine les ruines du textile français. Des marinières de toutes les couleurs et de toutes les tailles sont confectionnées en France! Et pour mieux nous convaincre on a installé une machine à couture où une jeune fille coud différents motifs. Elle peut même coudre tout ce que l'acheteur lui demande.

Dans ce « village » les musiciens fatigués ont rangé leurs cornemuses et bombardes et se sont posés dans le bar en mangeant des huitres ou buvant de la bière bretonne et du breizh cola.

Seulement les spectateurs ne se pressaient pas pour s'en aller, et sous la musique bretonne enregistrée ils continuaient de danser et de mener les rondes.

Nous sortîmes du parc et une pensée traversa mon esprit : c'est bien que le peuple breton endurci sous «les sept vents» comme un rochet de granite ne se soit pas dessoudé, ni ne se soit plié sous les coups de l'histoire ...

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