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vendredi, 26 avril 2024
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Russophonie 2017 : de la dissidence à la modernité

Anastasia Bureau, traduction de Jasmine Beaune0:05, 7 février 2017Russie IciImprimer

Samedi 4 et dimanche 5 février à la mairie du 5ème arrondissement de Paris s’est déroulée la 8ème édition des Journées du Livre Russe.

Photo: Boris Guessel

Le principal événement de ces « Journées », est devenu par tradition la remise du Prix Russophonie, qui récompense depuis déjà onze années consécutives la meilleure traduction d’un ouvrage du russe vers le français.
Samedi, les noms des cinq nouveaux lauréats ont été révélés. D’ailleurs, cette année, en tête de liste ne figuraient que des lauréates : Marianne Gourg-Antuszewicz pour L’hôtel du futur de Gaïto Gazdanov, Hélène Henry pour Le Voyage de Hanumân d’Andreï Ivanov, Anne de Pouvourville pour Un poète fusillé : vers choisis de Nikolaï Oleïnikov et Macha Zonina pour Le pont sur la Nerotch de Leonid Tsypkine.

La première place a été remportée par Fanchon Deligne

Qui, comme l’a souligné l’un des membres du jury, le critique littéraire français Gérard Conio, directeur de l’Institut des Études russes, codirecteur du Centre d’Étude des littératures européennes de l’Université de Nancy et directeur de la maison d’édition « L’Age d’Homme » , la traductrice n’a pas seulement traduit l’œuvre, elle a fait ré-entendre la voix de l’auteur.

Photo: Boris Guessel

« Fanchon Deligne n’a pas traduit l’intégralité du livre. Elle a créé sa version, à partir d’éléments qu’elle a pu trouver traitant de l’émigration russe dans les journaux. Ces publications concernent les souvenirs et le passé de Vladislav Khodassevitch, qui a été contraint de quitter la Russie. Il ne s’agit pas de la biographie du poète en tant que tel mais du destin tragique d’une époque.
Vous savez, parfois, le traducteur ne peut pas entièrement retranscrire la pensée de l’auteur. Nous assistons alors à une renaissance de l’œuvre », explique Gérard Conio.

Le thème de la culture russe et de la littérature de l’émigration

était le fil rouge de ces deux journées. De nombreuses discussions ont eu lieu au sujet du destin des écrivains russes émigrés qui ont quitté la Russie pour plusieurs raisons : problèmes économiques, quête de nouvelles sources d’inspiration, divergences politiques et culturelles... La journaliste, poétesse et romancière Kira Sapguir a abordé ce sujet — la dissidence — dans le cadre d’une table ronde :

Photo: Boris Guessel

« En fait, la dissidence a donné naissance à deux camps, séparés uniquement par les pronoms « je » et « nous ». Ceux qui faisaient de la politique se sont toujours exprimés avec le « nous ». Les représentants de la résistance culturelle, au contraire, n’utilisaient pas le « nous », même au Goulag. C’était toujours « je ».
Mais ce qui est le plus remarquable, c’est le puissant impact que pouvaient avoir les dissidents sur le pouvoir soviétique. Je fais référence à Alexandre Guinsburg, qui publiait des « périodiques » à partir des ses poèmes, tel un grain de sable s'immisçant dans un rouage ».

De la théorie à la pratique

Dans le cadre des tables rondes, les thèmes suivants, parmi tant d’autres, furent abordés : la recherche de sources d’inspiration des membres de la diaspora russe, l’émigration, la créativité propre à chacun, les caractéristiques de la socialisation et de l’intégration dont les participants en sont l’exemple.

En particulier, l’écrivaine Natalia Jouravliova (également membre du jury de la 8ème édition du Prix Russophonie) qui a inconsciemment soulevé la question de la différence de pensée entre la génération actuelle et celle des émigrants de la génération précédente.

Photo: Boris Guessel

« Malgré le fait que j’habite en France, je ne suis pas venue dans l’idée de ne jamais en repartir. J’envisage la possibilité de retourner en Russie, et c’est probablement ce qui me distingue de la génération précédente. » raconte Natalia.

« Quand tu arrives, tu te rends compte que tout est différent » poursuit l’écrivaine et journaliste Irina Kudesova. « Et avec le temps, tu changes complètement. Ton chemin et les inspirations de ton œuvre changent. Oui, incontestablement, nous serons toujours des étrangers ici, mais des étrangers qui ont adhéré à la société ».

« Une chose est indéniable, c’est l’amour de la langue russe », conclu Kira Sapguir. « Nous l’adorons, nous adorons ses « chuintements », ses « grincements » et ses autres sons... Nous adorons même le « i kratkoié » ! Et lorsque nous écrivons et transmettons notre pensée, nous sommes heureux. Je ne nie pas le bonheur d’écrire dans une langue étrangère. Mais je n’écris pas en français, bien que je puisse. Pour moi, c’est comme un instrument extra-terrestre, je ne sais pas comment il répond ni comment il sonne. C’est aussi ce qui m’inquiète, tout comme mon parcours difficile en tant qu’émigrée ».

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5 commentaires

  1. Кира dit :

    К сожалению, автор сообщения не понял моих слов про «самиздат» — Александр Гинзбург стихов не писал, а издавал неподцензурный машинописный альманах «Синтаксис». Возможно, причина недоразумения плохая акустика в зале.

  2. Автор dit :

    Уважаемая Кира!

    Действительно, акустика в зале оставляла желать лучшего. Прошу меня извинить за произошедшее недопонимание.

    С уважением, Анастасия Вендеревских

  3. Влад Горбов dit :

    Стоит добавить, что га фотографии рядом с Кирой Сапгир - знаменитые слависты Мишель Окутурье и ЖоржНива.

    А то как в анекдоте:

    — А кто это рядом с Василием Ивановичем?

    — Да так, еругнда — Папа Римский!

  4. Автор dit :

    Уважаемая Кира!

    Я благодарю Вас за поправки к моему материалу.

    К сожалению, акустика в зале действительно оставляла желать лучшего.

    Приношу свои извинения за недопонимание.

    С уважением к Вам,

    Анастасия Вендеревских

  5. Владимир Батшев dit :

    Кира, замечательное точное определение — политическое \\\\\\\"мы\\\\\\\" и литературное \\\\\\\"я\\\\\\\". Спасибо!

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