Tournage en France du film: «Le secret du tsar»
Pas la peine d'être Dan Brown pour imaginer un sujet prenant de film ou de roman.
L'histoire quelquefois nous met en présence de faits non moins étonnants et non moins fantastiques. Et tout le charme de ces rébus historiques tient au fait que les élucider est possible, pour aussi compliqué que cela soit, en s'appuyant sur des faits et non sur des élucubrations nées de l'imagination. C'est justement cette atteinte possible de la vérité qui pousse toujours plus de savants et d'amateurs d'histoire à se fracasser sur ces casse-têtes passionnants.
Le sujet préféré de l'histoire russe, c'est le secret de la véritable identité, la vie sous un nom d'emprunt, la disparition sans laisser de trace. Là, se succèdent les histoires des faux Dimitri, de la révolte paysanne de Pougatchev, se faisant passer pour le tsar Pierre III, l'hypothétique sauvetage de la princesse Anastassia Nikolaïevna. Le cas des imposteurs n'est pas très compliqué; la congère qui sauve au dernier moment des princesses, non plus (se faire passer pour la princesse Anastassia, pour échapper à une exécution capitale, la motivation des imposteurs n'est pas difficile à comprendre).
Mais le récit du « tsar- ermite », qui suscite en outre le mythe du bon souverain, quasiment sacré chez le peuple russe, voilà qui laisse de l'espace et à l'étude et à l'imaginaire.
Nous évoquons là Fiodor Kouzmitch, starets qui vécut au milieu du XIXième siècle près de Tomsk: en plus d'une religiosité peu commune, il étonnait ceux qui le connaissaient par une culture brillante et éducation excellente que l'on ne s'attendait pas à trouver chez une personne de sa condition.
Une certaine ressemblance physique avec le tsar Alexandre 1er, mort à Taganrog et enfermé dans un cercueil scellé (voilà qui excite l'imagination!), le secret dont entourait soigneusement ses origines Fiodor Kouzmitch, tout cela nourrissait l'idée qu'Alexandre n'était pas mort, avait quitté le trône et s'était retiré pour vivre une vie de juste.
Un prêtre du lieu, Ioann Alexandrovskii, qui avait servi un temps à Pétersbourg, avait reconnu en Fiodor Kouzmitch le tsar Alexandre 1er. Semion Khromov, un marchand qui offrit le gîte au starets à la fin de sa vie, appuya cette thèse. Le starets connaissait bien l'histoire russe, les langues étrangères, évoquait souvent la guerre de 1812, s'y connaissait visiblement en politique et savait démêler les pratiques de la cour. Peu avant sa mort, il dit, parlant d'une bourse qu'il avait toujours sur lui et dans lequel il y avait deux mots codés : « là est mon secret ». Déchiffrés, ces mots ne sont pas assez explicites pour éclairer l'origine du starets et leur lecture prête à interprétation; l'authenticité même en est contestée. Sa vie fut vite embellie de légendes et il est très compliqué de faire la part du vrai et du faux.
Léon Tolstoï lui-même s'est intéressé à la vie de Fiodor Kouzmitch. Il commença à écrire un récit autour de sa personnalité, mais ne mena pas son projet à terme. Il prêtait peu de crédit à la ressemblance du starets et du tsar. Mais il était attiré par l'idée de rupture volontaire d'avec le monde, idée qui visiblement le travailla aussi.
Après les nombreux chercheurs et historiens qui se sont cassés les dents sur ce mystère, Marc Jeanson a décidé de tenter d'y voir clair. Il tourne en ce moment un film documentaire « le secret du tsar », consacré à cette énigme de l'histoire russe. Le tournage se déroule en France, Moscou, St-Pétersbourg, Tomsk. Il pense donner la parole à des historiens russes et français, des descendants de la famille Romanov, des prêtres orthodoxes; il n'exclut pas d'interroger de simples habitants de Tomsk. A l'intention des sceptiques et des ombrageux, il produira des documents inédits.
Marie-Pierre Rey, qui dirige le centre de Recherches en Histoire Slaves et enseigne à Paris I Sorbonne, auteur d'une monographie consacrée à Alexandre 1er, a été sollicitée pour assurer l'essentiel du commentaire.
Le film sera programmé à la télévision à la fin de l'année 2014.
Jeanson parviendra-t-il à donner une réponse unique à cette question: un tsar peut-il décider de renoncer au trône et vivre la vie d'un ermite sacré? Ou bien la légende du « bon souverain » est-elle un fantasme collectif du peuple russe? Nous verrons!
Annonce du film: http://www.youtube.com/watch?v=CffgEWFiJd8#t=16
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