L’automne à Paris a été inauguré par le Salon des collectionneurs au Grand Palais.

Après ce salon de grande envergure, le musée Jacquemart André ouvre ses portes aux tableaux des collectionneurs Wilhelm et Henny Hansen.

Paul Cézanne, Baigneuses, vers 1895, huile sur toile, 47 x 77 cm. Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague / Photo : Anders Sune Berg

Homme d’affaire accompli et féru d’art, William Hansen a assemblé sa collection en deux ans seulement, entre 1916 et 1918. Celle-ci contient les plus belles œuvres impressionnistes et postimpressionnistes. Hansen se rendait souvent à Paris pour affaires.

Cet homme qui portait un regard différent sur l’art et qu’on pourrait presque considérer comme un visionnaire est tombé amoureux des artistes peintres français. Il a ainsi décidé d’assembler cette collection afin de familiariser les danois à ces artistes chers à son cœur. Et avec cela, il s’était promis de rassembler douze œuvres de chaque peintre, de Corot à Cézanne.

Ordrupgaard, la résidence des Hansen qui abritait à l’époque une galerie d’art, se trouve à quelques kilomètres au nord de Copenhague. Les propriétaires l’ont rendue accessible au public dès 1918. Et conformément à leur volonté, la propriété fut léguée à l’Etat qui en a fait un musée.

Plus de quarante toiles sont actuellement exposées à Paris, et ce pour la première fois.

Pissarro, le peintre danois...

…et la fierté du Danemark. En effet, l’artiste est né sur l’île Saint-Thomas située dans la mer des Caraïbes, qui à l’époque appartenait au Danemark. En dépit du fait que les français le considèrent toujours comme l’un des leurs (surtout parce qu’il a passé la majeure partie de sa vie en France), Pissarro n’a jamais refusé la nationalité danoise.

Il vivait près de Paris à Eragny, petite ville dont la banlieue et les faubourgs sont devenus un décor récurrent dans ses tableaux. Pendant vingt ans, il a trouvé dans ces paysages environnants de nouvelles couleurs et nuances, de nouveaux reflets et lumières.

Une peinture très intéressante de Claude Monet se trouve dans la collection de Hansen. Une peinture qui paraît familière. Observez attentivement la toile, et remémorez-vous Le déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet : il s’agit du même endroit et de la même clairière, mais sans les gens.

Claude Monet, Le Pavé de Chailly dans la forêt de Fontainebleau, 1865, huile sur toile, 97 x 130,5 cm. Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague / Photo : Pernille Klemp

Il est possible d’étudier la dernière technique de Manet à travers l’une de ses dernières œuvres, une petite mais précieuse nature morte que l’on peut considérer comme son testament.

Mais qu’est-ce qu’une exposition des meilleurs artistes peintres français sans Les baigneuses de Cézanne ? Bien évidemment, Hansen possède le tableau dans sa collection.

D’ailleurs, les œuvres de Gustave Courbet sont également indispensables dans n’importe quelle collection digne de ce nom. Membre de la Commune de Paris, et initiateur de la démolition de la colonne de Vendôme, Courbet peignait en parallèle des tableaux pour le grand public, et réussissait même à le provoquer avec ses représentations réalistes de la vie.

Gustave Courbet, “Le Change, épisode de chasse au chevreuil (Franche-Comté, 1866)”, 1866, huile sur toile, 97 x 130 cm. Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague / Photo : Anders Sune Berg

On ne peut pas ignorer Berthe Morisot, la seule femme co-fondatrice du mouvement impressionniste. Seule une femme avec un fort caractère pouvait résister dans cet environnement exclusivement masculin où les hommes ne sont pas habitués à la présence du sexe « faible » dans le milieu créatif.

Berthe Morisot, Femme à l’éventail. Portrait de Madame Marie Hubbard, 1874, huile sur toile, 50,5 x 81 cm, Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague / Photo : Anders Sune Berg

Bien sûr, les œuvres de Paul Gauguin apparaissent aussi dans la collection. Il était marié à une danoise, et ses travaux réalisés à l’Ecole de Pont-Aven étaient gardés chez elle, au Danemark.

Les peintures des impressionnistes et de leurs adeptes sont encadrées dans des cadres dorés de style rococo. Les marchands parisiens l’ont fait délibérément, sachant que les riches bourgeois achetaient généralement ces tableaux.

«Le Jardin secret des Hansen»
Musée Jacquemart André, 158, bd.Haussmann, Paris 75008
Jusqu’au 22 janvier 2018