Spectacle du théâtre Vakhtangov à Paris
Paris n'a jamais manqué de vie théâtrale, on y trouve de tout !
Mais il manque quelque chose de très important pour les Parisiens russophones : des représentations de troupes théâtrales russes.
C'est déjà une chance que Lev Dodine s’y produise tous les deux ans.
Il y a quelques années, «Eugène Oneguine» par Rimas Tuminas avec la troupe du théâtre Vakhtangov a fait sensation. Pendant la dernière représentation, le public était assis sur des chaises supplémentaires qu’on avait rapportées des autres salles du théâtre.
Bien sûr, le spectacle n'est ni un opéra, ni un ballet, on a besoin de sous-titres et c'est un problème en tournée. Les rares représentations russes jouent à guichet fermés. La majorité des spectateurs n'étaient pas des russophones de naissance, bien au contraire, beaucoup de Français sont venus assister au spectacle. Ça veut dire qu'il existe une vraie demande, un intérêt pour la langue et la culture russes. Au grand bonheur des défenseurs du «soft-power».
Le projet de produire à Paris le spectacle «Le Journal d'un fou» joué par Youri Kraskov du théâtre Vakhtangov n’émanait à vrai dire non pas d'un Russe, mais d'une Polonaise, Maya De Lacoste, éperdument amoureuse du théâtre russe.
L'idée d’un one-man show était remarquable : une pièce avec un seul acteur, qui ne requiert pas une grande salle, a besoin d’un minimum d’accessoires et qu’on peut comprendre sans sous-titres en supposant qu’on s’adresse à un public des connaisseurs...
«Le Journal d'un fou» n’a connu que deux représentations, Youri Kraskov ne pouvant s’absenter que pour deux spectacles parisiens afin de ne pas perturber l’emploi du temps de son théâtre.
Lors de la réservation des billets sur internet, un message est apparu deux semaines avant même la date de la première représentation : «Venez en avance, le placement est libre et il y a beaucoup de demandes». Une demi-heure avant le début du spectacle, une longue queue de personnes inscrites en liste d'attente était dejà visible dans le hall du théâtre Nesle. Les passionnés de théâtre ont ensuite dû s'installer sur les marches de la salle.
Il faut avouer que l'Observateur russe s'attendait à reconnaître des visages familiers de la diaspora, mais il a été surpris de voir autant de Français. À l'entrée du théâtre, on pouvait d’ailleurs entendre des bribes de phrases comme «j'apprends le russe», «j'adore Gogol», «je comprends un peu», etc.
Youri Kraskov s’est révélé un génial Poprichtchine. Les media russes ont déjà dressé tous les éloges possibles à Youri pour sa performance depuis 2009, quand le spectacle a commencé a être joué à Moscou. D'autant plus que l'initiative de jouer du Gogol était son idée, et quand il l'a proposée à Rimas Tuminas, ce dernier l’a tout de suite acceptée.
Après le spectacle, l'Observateur russe a posé quelques questions à un Youri Kraskov épuisé :
Les spectacle a t-il déjà été présenté dans des pays plus lointains, comme en Allemagne, où notre diaspora y est importante ?
Y. Kraskov: Non, je ne me suis rendu que dans des pays proches de la Russie, dans des festivals à Vilnius et à Erevan, à Kaunas et en Moldavie. Mais c'est grâce à Maya de Lacoste que « Le Journal d'un fou » est joué à Paris. A Moscou, Maya est venue au théâtre Vakhtangov, a vu ce spectacle ainsi que bien d’autres. L'arrivée de Rimas Tuminas au théâtre a contribué à métamorphoser la troupe.
Maya De Lacoste :
J'ai vécu quelques années à Moscou. Mon mari y travaillait. Et avec ma compagnie MM, j'ai monté sur scène des spectacles sur la littérature russe en français. Et je me suis dit : pourquoi ne pas faire quelque chose de similaire à Paris ? On a pensé à montrer des spectacles en langue originale. Dans le futur, ça pourrait être des spectacles en tchèque, en polonais... Le projet a pris le nom de «Moscou sur Seine». Le spectacle sur Gogol, c’était pour commencer, un premier coup d'essai.
Et le coup d'essai a été un succès. Comment a réagi le public ?
Y. Kraskov: il a très bien réagi, en fait, il a réagi comme à Moscou.
Gogol est un grand auteur, il avait une intuition folle : il avait prévu et décrit ses derniers jours dans «Le Journal d'un fou».
Y. Kraskov: Quelles difficultés avez-vous rencontrées en préparant ce spectacle parisien ?
Le plus difficile était de trouver un moment de libre entre les différents spectacles dans lesquels je joue à Moscou pour venir à Paris. Et de connaître l'avis de Tuminas, afin de pouvoir utiliser le nom du théâtre sur les affiches et dans la communication, et pour qu'il me libère quelques jours. Le metteur en scène a aimé l'idée et nous avons vite reçu sa bénédiction...
Et une fois à Paris ? Avez-vous une idée pour un nouveau spectacle ?
Dès que je suis arrivé, nous avons commencé les répétitions. Je ne resterai que quatre jours, mais j'aime bien Paris. Et j'ai une nouvelle idée qui se profile, aussi sur Gogol.
Youri Kraskov a joué le 13 avril 2017 sa centième représentation du «Journal d'un fou» de Gogol.
Il l'a jouée dans une ville où, il y a plusieurs années, une plaque commémorative en l'honneur de l'auteur des «Âmes Mortes» avait été apposée solennellement sur la maison dans laquelle l’écrivain avait écrit plusieurs chapitres de son œuvre.
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