Les fleurs du mal : le gouvernement français déclare la guerre aux Djihadistes
Sur les photos, Sabina et Samra, des écolières autrichiennes de quinze ans, sourient ouvertement, d’un sourire semi-enfantin. Un peu plus bas ; la dernière image avant leur disparition, publiée sur Facebook : elles portent des niqab, et on peut lire l’inscription « Vous ne nous retrouverez jamais ».
Иногда вербовка джихадистов маскируется добрыми намерениями. Жан-Луи Дени по прозвищу «Покорный» (Le Soumis) ни от кого не скрывался: до своего ареста в начале 2014 года он успел дать интервью едва ли не всем бельгийским и французским СМИ. В кадре, он, конечно, занимался благотворительностью: развозил по бедным мусульманским семьям мешки с рисом и коробки с фруктами. А еще учил молодежь правильно молиться и следовать букве Корана. Но на скрытой съемке группы Envoyé spécial обращенный мусульманин Жан-Луи увещевает своих молодых последователей: «Тебе должно быть наплевать на твое тело. Если оно должно разорваться на тысячу частей на благо Аллаха, тем лучше. Не волнуйся, Аллах воскресит твое тело».
Et plus loin, Samra avec un voile et Sabina avec le hijab : l’emplacement des deux écolières djihadistes reste encore inconnu, elles sont actuellement recherchées activement par Interpol. L’histoire de Samra et Sabina, parties en Syrie pour « lutter contre le régime de Bachar el-Assad, aux côtés des insurgés armés », n’est malheureusement pas une exception. D’après les données du Centre de lutte contre le radicalisme et la violence politique (ICSR), en 2013 entre 3 et 11 mille étrangers sont partis en Syrie devenir djihadistes : une mission sacrée, une lutte contre les vices et les péchés, établie par la république islamiste. Parmi eux se trouvent entre 400 et 2 000 citoyens de l’Union Européenne et environ mille Français. Ces chiffres peuvent ne pas être exacts, bien sûr, et même sans statistiques on ne peut avoir de doutes sur le fait que le djihads est devenu un piège mortel pour une centaine de jeunes Européens.
Un professeur toujours à nos côtés
« Djihad 3.0 », de la même façon que l’on appelle la nouvelle génération Internet (« web 3.0 »), c’est ainsi qu’un journaliste du Monde a appelé la cyber-onde des jeunes djihadistes qui s’inscrivent volontairement sur les vastes espaces que sont les réseaux sociaux. L’expérience, qu’a passée il y a environ six mois le journaliste du programme français Envoyé spécial –Nicolas Bertrand, confirme qu’aujourd’hui partir en Syrie pour « faire le djihad » peut se faire sans s’éloigner de l’écran de son ordinateur. Pour cela, il suffit d’entrer en contact avec un groupement extrémiste, dont on trouve généralement la page en libre accès sur Facebook.
Cependant dans le monde réel, les « professeurs » ne se cachent de personne. Le centre radical « Charia pour la Belgique » a existé tranquillement pendant deux ans, derrière ses portes on donnait des leçons sur l’Islam, on examinait des vidéos propagandistes d’Afghanistan et de Syrie, et ses membres menaient des fois des actions ouvertes contre les lois « amorales » belges. On ne sait pas combien de jeunes gens ont été expédiés en « mission sacrée » en Syrie pendant que le centre existait et après sa fermeture en 2012. Dans le cadre du programme Envoyé spécial, le gourou du centre, Fouad Belkacem, prêche aux jeunes gens qui l’entourent : « Un Etat islamique se fait par deux voies : le prêche et le djihad. Quand tu es en Afghanistan, tu prends ton kalachnikov et tu purifies la terre. Ta nationalité est musulmane, la loi que tu suis c’est la Charia et tu te fous de toutes les autres lois ».
Parfois, le recrutement des djihadistes est camouflé par de bonnes intentions. Jean-Louis Denis, surnommé le « Soumis », ne le cachait à personne : avant son arrestation début 2014, il a eu le temps de donner des interviews à presque tous les médias belges et français. En théorie, certes, il s’occupait de la bienfaisance : il livrait à des familles de Musulmans pauvres des sacs de riz et des caisses de fruits. Et il enseignait à la jeunesse comment prier correctement et à suivre à la lettre le Coran. Mais dans un enregistrement caché du groupe Envoyé spécial, le Musulman converti Jean-Louis Denis exhorte à ses jeunes disciples : « Tu t’en fous de ton corps. Qu’il soit explosé en mille morceaux au nom d’Allah c’est bien, c’est pas ton corps qui compte. T’inquiètes pas, Allah va ressusciter ton corps ».
Qui est coupable et que faire ?
« Il y a un cliché dans lequel il ne faut pas tomber : pour la plupart ils ne sont pas en décrochage scolaire, il y a des lycéens même très brillants. Ils s’éveillent à la conscience politique et font face à la justice » explique Nicolas Bertrand, journaliste, auteur du film pour Envoyé spécial. La journaliste du Figaro Natacha Polony pense aussi que l’on peut expliquer le développement de ces dispositions radicales par une réaction de retour de la jeunesse à une société de consommation économique moderne qui leur est imposée. Ils ne peuvent pas rentrer dans ce système et décident d’aller « contre », de l’exterminer par n’importe quel moyen.
Personne ne se décide à prendre sur elle-même la responsabilité de ce phénomène social. Est-ce que le gouvernement est coupable parce qu’il n’accorde pas assez de conditions pour l’intégration des adolescents dans la société ? Ou est-ce que ce sont les professeurs et les parents, qui ferment les yeux sur l’éducation des enfants ? Ou est-ce que cela vient d’une infrastructure non développée qui isole les quartiers malheureux du centre, et que cette isolation géographique conduit à une perception limitée de la réalité par les adolescents ?
Se ressaisissant, le Ministère de l’Intérieur français a élaboré un plan de lutte contre les djihadistes. Il prévoit la confiscation des passeports et des biens des enrôleurs confirmés et des djihadistes, l’expulsion des étrangers et la suppression de la nationalité française pour ceux qui sont impliqués dans le recrutement des jeunes français, ainsi qu’un contrôle intensifié d’Internet. Pour les parents qui se sentent complètement impuissants face à l’hypnotisation de leurs enfants, il y a aussi des propositions : s’ils remarquent des signes de radicalisation dans le comportement de leurs enfants, ils devront le signaler à la police.
Le plan a été annoncé la semaine dernière, mais les sociologues craignent déjà des vagues d’islamophobie. « La laïcité est devenue une valeur suprême de la République qui a changé complètement. Elle impose aux usagers d’être neutres » déclare Hanane Karimi, sociologue et chef du mouvement féministe « Femme à la mosquée », dans l’émission Ce soir (ou jamais). Autrefois, selon Karimi, la loi française obligeait les femmes à refuser le port du voile et du niqab, limitant ainsi ses droits ; aujourd’hui, après de nombreux scandales autour du djihadisme, n’importe quelle expression manifestant l’appartenance à une religion est interprétée comme une manifestation de l’extrémisme. Cependant, pendant qu’il y a tous ces débats sur la responsabilité sociale et sur les conséquences de chaque plan, le sang d’adolescents se répand en Syrie, qui sont partis à cette guerre impitoyable et qui leur est complètement étrangère.