La nouvelle composition de la Commission Européenne
Le commentaire de Arnaud Dubien, directeur du centre d’analyse franco-russe de la chambre de commerce et d'industrie France Russie et à propos de la nouvelle composition de la commission Européenne.
Aujourd'hui, le 10 septembre, le président de la Commission européenne Jean Claude Juncker a déclaré la composition du futur organe exécutif de l'Union Européenne de 2014 à 2019 qu'il a formé.
Très probablement, ce sera la commission la plus « politique » et marquante depuis Jacques Delors qui dirigeait la commission de 1985 à 1994.
Jean Claude Juncker a lui même composé la commission sans céder à la pression des pays-membres de l'Union Européenne. Ces dernières années sous Barroso, nous avons été les témoins de ce que les capitales des grands pays européens avaient conquis des pouvoirs sur la commission européenne. Junker se positionne comme un homme politique fort, prétendant à une position autonome dans le cadre d'une politique européenne commune.
En dépit de son âge (59 ans), Juncker est un vétéran de la politique européenne. Pendant quelques années, il a été à la tête du gouvernement luxembourgeois. Un fait symbolique que le chef de la commission européenne soit représentant du Luxembourg, pays qui se trouve à la jonction entre le monde français et germanique. C'est un retour à la «vieille Europe».
Malgré le fait que la France soit maintenant objectivement affaiblie en raison de sa situation économique et de l'impopularité de Hollande, elle a réussi à obtenir la désignation de son ancien ministre des finances Pierre Moscovici comme commissaire pour les questions économiques et monétaires l'une des trois directions les plus importantes. Cette nomination a eu lieu en dépit d'un certain scepticisme du coté allemand provoqué par le déficit budgétaire actuel en France. Ainsi, la France a gardé son rôle important au sein de la commission européenne et globalement dans l'Union Européenne.
La France a également soutenu la nomination de Frédérique Mogherini à la fonction de représentante suprême de l'Union Européenne aux affaires étrangères et adjointe de Juncker. Cela révèle que la France essaie de développer un axe informel avec le nouveau premier ministre italien Matteo Renzi en contrepoids de la politique de rigueur venant d'Allemagne et de Scandinavie.
Que signifie la nouvelle composition de la Commission européenne pour la Russie? En dépit de ce qui a été écrit dans la presse russe, la nomination du polonais Donald Tusk à la fonction de président du Conseil de l'Europe, ne doit pas être perçue comme un pas hostile envers la Russie. Tusk, un polonais très « spécifique », kashub n'est pas nationaliste à la différence de la majorité des hommes politiques de Pologne. Il ne faut pas oublier que Tusk et Poutine ont participés ensemble aux commémorations à Katyn en avril 2010. Il est partisan de la réconciliation historique entre la Russie et la Pologne.
Le fait que le portefeuille de commissaire de l'Energie ait été confié à l'espagnol Miguel Arias Canete est le signe que Bruxelles concernant ces questions va respecter la neutralité. C'est particulièrement important dans le contexte des accords trilatéraux sur l'Ukraine et de la situation actuelle dans ce pays.
Après une lecture rapide de la composition de la commission, il est flagrant que les pays d'Europe de l'Est sont plus largement représentés et qu'on leur a donné de plus hautes fonctions. Mais cela ne mènera sans doute pas à la dégradation de la relation à la Russie. Les représentants de l'Estonie et de la Lituanie se sont vus confier les sphères importantes d'un marché numérique uni européen et des relations sociales. Mais on peut comprendre que malgré toute leur importance, ces domaines sont peu liés à la Russie.
On a confié la supervision du projet séparé d'Union énergétique européenne au représentant de la Slovénie qui ne fait pas partie des opposants déclarés de la Russie.
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