« Saint-Etienne » et les « attaquants » ukrainiens, ou comment amener le « Mistral » sur un terrain de football
Ces derniers temps, les fans du football français n’ont pas du tout de chance, ils se trouvent constamment au centre d’affrontements avec les fans d’équipes étrangères. Moins de 24 heures après l’incident à Barcelone où deux supporters du Paris Saint-Germain ont été poignardés, voilà qu’un groupe de supporters de l’équipe « Saint-Etienne » est devenu la victime d’une bagarre – mais cette fois-ci avec des ultras ukrainiens dans le centre de Kiev.
Comme il est indiqué dans le communiqué officiel, publié sur le site du club de football.
« L’ASSE (Association sportive de « Saint-Etienne ») déplore les graves incidents qui se sont produits ce jeudi après-midi à Kiev où une centaine de supporters stéphanois ont été agressés de façon inopportune, dans un bar, par des supporters ukrainiens, armés de couteaux et de pistolets à grenaille. Onze supporters stéphanois ont dû être évacués vers un hôpital de Kiev alors que plusieurs autres, légèrement blessés, ont tenu à assister au match d'Europe League face à Dnipro. »
Tel est le scénario général de l’incident dramatique. Les détails varient selon l’interprétation des différents médias – russes, ukrainiens, français, anglais, allemands et américains.
D’abord, il y a une confusion sur le nombre de personnes touchées : ainsi, France info parle d’une centaine de victimes, dont 14 ont été emmenées dans un hôpital ukrainien pour recevoir une aide médicale. Ensuite 9 personnes en sont sorties (certaines d’entre elles sont allées au stade), et cinq, grièvement blessées, sont restées sous la surveillance médicale. Plus tard, elles ont été conduites à l’aéroport, sous protection de l’ambassade française et certaines d’entre elles sont rentrées avec l’avion de l’équipe « Saint-Etienne ». La presse de Russie affirme qu’il n’y avait que 11 victimes dont certaines ont été blessées sévèrement à coups de couteau. D’autres donnent des chiffres : deux grièvement blessées, quatre…
On trouve aussi sur internet des vidéos amateurs des affrontements dans le centre de Kiev, dans l’une d’elle nous voyons clairement un supporter français avec la tête brisée, dans une autre quelques hommes persécutant des fans de « Saint-Etienne » dans les rues de la capitale ukrainienne. Ce qui rend perplexe est que la police, qui pendant le match de la ligue Europa devait patrouiller dans les rues de la ville avec une vigilance particulière, a réagi tardivement à l’incident.
Les raisons à la source du différend restent floues. Dans les médias ukrainiens, on diffuse l’information que les responsables de l’incident sont les Français qui ont mis le feu au drapeau ukrainien devant les habitants (il faut dire que cette version a aussi été reprise par les journalistes français de la chaîne de télévision BFMTV). Le site « Вести.ru », quant à lui, présente une version complètement différente : « Selon les employés des magasins à proximité, l’affrontement a commencé après que les supporters de « Saint-Etienne » ont brandi le drapeau français. Les fans ukrainiens ont vraisemblablement, confondu celui-ci avec le drapeau russe et se sont mis en colère… »
Mais finalement, la publication la plus saisissante sur le sujet fut celle d’Anton Gerashchenko, député ukrainien populaire et conseiller du ministre de l’intérieur. Ce « papier » « indépendant » est devenu la fable du quartier dans l’espace médiatique international :
Il y a quelques heures dans la rue Proreznyi a eu lieu une lutte entre les supporters de football français et supporters ukrainiens.
Les Français sont venus supporter le club Saint Etienne, qui aujourd’hui joue à Kiev contre le Dnipropetrovsk.
Deux Français ont été transportés en ambulance avec des fractures à la tête.
Je pense qu’ils se souviendront longtemps de cette visite hivernale à Kiev.
La Police a mis en garde à vue deux hooligans ukrainiens.
Je pense que les avocats des supporters ukrainiens peuvent utiliser comme défense le fait que la France n’a pas encore expliqué clairement à la communauté internationale si elle vendra oui ou non les navires Mistral à la Russie.
Il est intéressant d’analyser quelles phrases parmi les six propositions de cette publication ont été considérées comme intéressantes par les journalistes des rédactions les plus variées. Paradoxalement, la mention du « Mistral » et le caractère politiquement incorrect de l’homme politique ukrainien ont seulement intéressé les médias russes ainsi que quelques médias français, « Le Figaro », « Le Parisien » et « Europe 1 » !
Les collègues de la BBC, CNN, « Deutsche welle » et « Zeitung », « The Guardian » et « The Times », « Le Monde » et « Libération » ont soit ignoré la nouvelle dans son entièreté, soit n’ont pas diffusé la déclaration forte de Gerashchenko, ne publiant seulement que quelques extraits de ce si joli et bref message. A propos du « Mistral », pas un mot, comme s’il n’y avait pas eu dans le discours de l’homme politique cette image, il faut bien le dire, percutante ! Selon toute vraisemblance, c’est précisément grâce à de telles citations ouvertement sélectives que l’incident est resté du domaine des incidents sportifs et n’a pas eu un statut de scandale international.
Un exemple frappant de la manière dont les nouvelles sont présentées différemment dans le monde actuel.
Enfin, j’ajouterai qu’il faut rendre justice aux lecteurs ukrainiens de la page Facebook d’Anton Gerashchenko. Beaucoup d’entre eux ont critiqué les propos irréfléchis du politicien, même après que ce dernier leur ait suggéré dans un forme assez brusque de se désabonner des nouvelles de son compte. Voici une des répliques des commentateurs ukrainiens sur le post de Gerashchenko :
« Nous allons vers l’Europe ? Mais l’Europe sera-t-elle au juste contente de nous face à de tels actes et à la manière dont les premières citoyens de l’Etat les qualifient ?
Вот так история! Я даже не слышала ничего об этом! Спасибо Катрин за любопытную новость. Да, своего рода информационная война даже на таком уровне...
Добрая статья)) Без эмоций. Все бы события так освещались- без подливы и кастраций. Глядишь и обстановочка в мире была бы поспокойней.
Свое мнение по поводу инцидента пока оставлю при себе. Хотя выводы очевидны, сами напрашиваются)
Спасибо Осеан
Добрая статья)) Без эмоций. Все бы события так освещались- без подливы и кастраций. Глядишь и обстановочка в мире была бы поспокойней.
Свое мнение по поводу инцидента пока оставлю при себе. Хотя выводы очевидны, сами напрашиваются)
Спасибо Катрин
Мда, действительно интересно, я как-то сам эту новость пропустил, хотя читал и российские , и французские сми, спасибо за анализ. Не думал, что все настолько фильтруется. Хотя что это я удивляюсь, у всех своя правда и свой интерес
Первое, что я прочла с вчера утром. Мне сложновато быть объективной, но на мой вкус все нужные точки над ё тут есть, и при этом нет излишнего навязывания своей версии политической истории.
«Скорая помощь с разбитыми головами» просто умилила))) Антон Геращенко рассмешил. А уж его умение строить причинно-следственные связи, так и вовсе вызывают оторопь. Браво украинской политике!))))
Осеан, спасибо за репортаж!
Самая правдоподобная версия, что украинские фанаты перепутали флаги. Вполне по их интеллекту.
Attnetion, si vous ne parlez pas comme Mr Guerachenko vous l'impose:
https:!//www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=rooN9n9v0UE
Вот только не надо здесь меряться уровнем интеллекта ))никому ,вдруг,не кажется почему эту мегаинтелектуальную версию выдвинуло лишь одно русское издательство, и не смогло придумать ничего более правдоподобного.
Проблема в том, что другие версии еще хуже характеризуют интеллект бивших, ибо бить болельщиков из страны, которая оказывает тебе помощь — это все равно, что гадить себе самому на голову – для этого в ней должно быть абсолютно пусто. Уважаемый Best, Вы хоть представляете, сколько сейчас фанатских объединений во Франции, скажем так, мягко: невзлюбили Украину? И как это влияет на общественное мнение против незалежной? Они этих французских болельщиков на руках должны были носить. А гипотеза с флагом политкоректнее: ну что-то знакомое увидели. Ну, смутная ассоциация в мозгу возникла (для этого он должен быть). Ну, перепутали малость направление полос. Ну, с кем не бывает?