Russes et Français réunis pour commémorer l’exploit de leurs ancêtres
Du 5 au 9 mai, une série d’événements dédiés à la mémoire des combattants et victimes de la Seconde Guerre mondiale ont eu lieu à Paris et dans d’autres villes de France à l’initiative de l’Ambassade de la Fédération de Russie et d’associations russes et françaises, réunissant des anciens combattants et de simples citoyens qui ont tenu à rendre hommage aux héros du combat commun contre l’Allemagne nazie.
Le 7 mai, des gerbes et des fleurs ont été déposées au pied du monument aux pilotes et mécaniciens du régiment Normandie-Niemen au Bourget, près du Musée de l'Air et de l'Espace, qui accueille l'exposition permanente retraçant l’aventure de ce légendaire régiment de chasse ayant lutté dans le ciel soviétique durant la Seconde Guerre mondiale.
Comme l’a fait remarquer le général Vitry, directeur par intérim du musée de l’Air et de l’Espace, la cérémonie officielle de cette année en présence de diplomates et militaires russes, du nouveau président de Mémorial Normandie-Niemen Pierre Roure, d’une délégation des anciens combattants venue de Russie et de porte-drapeaux s’est déroulée à l’intérieur du musée à cause des contraintes de sécurité.
À cette occasion, une réplique miniature du monument aux pilotes et mécaniciens du régiment inauguré il y a trois ans dans la ville d’Ivanovo, où l’escadrille fut formée il y a 75 ans, a été installé à l’entrée de l’espace du musée accueillant l'exposition permanente dédiée au régiment Normandie-Niemen. Le monumlent représente le pilote Maurice de Seynes et son mécanicien de bord russe Vladimir Belozoub, tombés ensemble à l’été 1944.
Le 8 mai, la place de la République à Paris fut le point de départ de la marche du « Régiment immortel », une action organisée par le collectif « Russie-France : mémoire commune ».
Ce défilé, créé au sein de la société civile en Russie indépendamment de la parade officielle du 9 mai en mémoire des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, est devenu un événement annuel dans de nombreux pays du monde.
Partie de la place de la République, la colonne réunissait plusieurs centaines de personnes brandissant des portraits de membres de leur famille : des soldats et des officiers ou tout simplement des personnes qui ont vécu la guerre ou y ont perdu la vie.
Cette manifestation rassemble des Russes, des ressortissants des anciennes républiques soviétiques et des représentants d’autres pays qui ont combattu ensemble l’Allemagne nazie, pour partager la fierté et le deuil – sentiments qui accompagnent traditionnellement ce jour mémorable du calendrier, qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le cortège s’est dirigé vers le cimetière du Père-Lachaise où s’est tenue une cérémonie de dépôt de gerbes devant le Mémorial des Combattants russes et soviétiques de la Résistance française. Dans la foule, on pouvait distinguer des drapeaux ukrainien, biélorusse et kirghiz.
Olga est venue sur la place de la République avec son fils Daniel de 18 ans. Elle tient le portrait de ses grands-parents qui ont fait la guerre tous les deux. Le grand-père, Alexandre, a commencé son combat à Kharkov (Ukraine) et fut décoré de l'Ordre de l'Étoile rouge pour la libération de la ville d’Orcha. La grand-mère Olga a survécu au blocus de Leningrad et a participé à la défense de cette ville. Ils se sont rencontrés à la fin de la guerre.
« Mon fils est né en Italie et nous vivons actuellement en France, mais pour moi c’est très important qu’il connaisse cette histoire et qu’il se souvienne de ses arrière-grands-parents. Cette marche est une très bonne chose pour qu’on n’oublie pas le rôle considérable de la Russie dans la victoire sur le nazisme », est convaincue Olga.
Iris, 9 ans, a rejoint le Régiment immortel avec le portrait de son arrière-grand-père Pavel, originaire de la région de Riazan. Il a participé aux batailles de Koursk et de Stalingrad et a été tué lors de la bataille du Dniepr en octobre 1943.
« Je suis venue pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale et pour rendre hommage à mon arrière-grand-père qui a combattu jusqu’au bout. C’est ma maman qui m’a parlé de lui et l’histoire de cette guerre m’intéresse, parce que la Russie en a fait partie et moi, je parle russe. Il faut que je sache ce qui s’est passé là-bas, c’est important. À l’école on n’en parle pas et demain je vais parler de ce défilé à mes camarades de classe », a confié Iris à RBTH.
Chaque année, au début du mois de mai, dans le cadre de la célébration de la Victoire sur l'Allemagne nazie, les anciens combattants de la Résistance française, des représentants des autorités municipales de Noyers-Saint-Martin, de la sous-préfecture de Clermont, du département de l’Oise, des ambassadeurs et des représentants militaires de la CEI, des écoliers russes et français et des résidents de la commune se ressemblent dans la nécropole des soldats de l'Armée rouge tués en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette année, la cérémonie a eu lieu le 9 mai, le jour où toute la Russie commémore la victoire sur le nazisme.
Plus de 35 000 Russes et ressortissants des anciennes républiques soviétiques ont combattu dans les rangs de la Résistance. 7 000 ont laissé leurs vies sur les champs de batailles ou ont été exécutés. 4 643 d’entre eux sont enterrés dans le cimetière militaire de Noyers-Saint-Martin. Plus de 4 000 ne sont toujours pas identifiés.
À la fin des années 1970, l’État français décida de regrouper l’ensemble des corps soviétiques éparpillés en différents endroits de France dans cette nécropole. Pour l’essentiel, il s’agit des dépouilles des prisonniers de guerre soviétiques affectés dans l’industrie lourde et précédemment inhumés en Alsace et en Lorraine. Parmi eux, près de 3 000 venaient du camp de Ban-Saint-Jean, situé à Denting, en Moselle.
Il comporte également les sépultures de Soviétiques ayant rejoint les rangs de la Résistance morts dans la région. Un monument en hommage aux victimes de plus de deux mètres, baptisé « les Fleurs de Russie », œuvre du sculpteur russe Vladimir Sourovtsev, a été inauguré à la nécropole le 21 juin 2001, date du 60e anniversaire de l’attaque de l’Union soviétique par le IIIe Reich.
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