L’île de la musique
L’île musicale a été inaugurée en printemps dernier en proche banlieue parisienne.
Et dire qu’encore récemment se trouvait là l’usine Renault où des émigrants russes ont travaillé dans la première moitié du XXe siècle.
A cette époque, il y avait une forte concentration de Russes à Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne; des compatriotes qui avaient fui la Révolution et les Soviets s’y étaient installés et y travaillaient.
Il n’est alors pas étonnant de trouver à Boulogne-Billancourt le Musée des années 30, où on expose des œuvres des peintres de l’Ecole de Paris, en majorité originaires de l’Empire russe, ainsi que des peintures d’Alexandre Iakovlev et Alexandre Zinoviev (peintre russe au début du XXe siècle).
Le Japonais Shigeru Ban (lauréat du Prix Pritzker en 2014) et le Français Jean de Gastines ont conçu cette île musicale. Les deux architectes avaient déjà collaboré pour la construction du Centre Pompidou de Metz.
L’Île Seguin étant située à l’entrée de Paris, il est aisé de s’y rendre. Moins de dix minutes de marche sont nécessaires depuis le métro. La première impression venant à l’esprit est celle d’une ascension de l’île pensée comme une montée rituelle sur une colline sainte.
Dans les bâtiments de l’île musicale, qui occupent quasiment la totalité de l’Île Seguin, le monde du son règne en maître, loin des agitations terrestres.
Bien entendu, la salle principale, située dans la sphère, constitue l’apogée de l’œuvre. Mais elle n’est qu’une petite partie de cette dernière.
Beaucoup d’espace a été accordé aux salles de répétition et aux studios d’enregistrement, aux locaux de l’Académie musicale Philippe Jarrousky et du chœur de l’Opéra de Paris. On compte ici aussi l’orchestre Insula, une école de musique, des salles de réception, sans parler des locaux purement techniques.
La Seine Musicale, nom exact de cet ensemble ainsi que de l’île, se donne à l’opéra et au jazz, aux musiques symphonique et pop, au rock et à ce que les nouvelles générations inventeront en jouant avec les sons.
L’île est ouverte à tous.
Y compris aux expositions.
L’exposition « Maria by Callas » inaugure ces salles.
Elle est dédiée à la diva de l’opéra Maria Callas, décédée il y a exactement quarante ans, en septembre 1977.
L’exposition est à la pointe de la technologie. De mémoire de visiteur, on n’a jamais vu tant d’innovations audiovisuelles dans aucune autre exposition ou musée.
Callas chante, donne des interviews, enseigne à ses élèves, accepte des compliments, aime et souffre. Le visiteur est littéralement entouré par la vie de la diva.
Les plus beaux airs sont diffusés dans chaque salle, tout comme les mots d’amours avec le milliardaire Aristote Onassis, des images prises par Grace Kelly et le réalisateur Franco Zeffirelli. On trouve aussi un court roman avec Paolo Pasolini; une rencontre avec Marilyn Monroe le jour du dernier anniversaire de John F. Kennedy en 1962; des décors scéniques et des diamants naturels, des fourrures et de la soie.
Et pourtant, tout cela est intime et révèle une personnalité: des yeux tristes, une sagesse de celle qui a vécu. Une tranquillité et une humilité pour l’éternité.
La Seine Musicale, Ile Seguin. Jusqu’au 14 décembre
Métro Pont de Sèvres.
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