Impressions d’Honfleur
Du 24 au 29 novembre, dans la ville française d’Honfleur, le 23e festival du cinéma russe s’est taillé un franc succès. En dépit des craintes des organisateurs, liées aux événements tragiques ayant récemment touché la France et la Russie, le festival a connu, cette année, un record d'affluence.
«Русский очевидец» попытался найти ответ на этот вопрос, обратившись к участникам фестиваля – кинематографистам и зрителям. Алексей Гуськов, российский актер, приз за лучшую мужскую роль в фильме «Находка» режиссера Виктора Демента (получившего также приз зрительских симпатий и приз за лучший дебютный фильм).
Pendant toute la semaine du festival, les salles affichaient complet et se sont vues obligées de refuser du monde à certaines séances. Où réside le secret du succès d’un festival qui chaque année réunit, dans cette petite ville de Basse Normandie, quelques centaines de personnes partageant un même amour de la Russie ? L’Observateur Russe a tenté de trouver la réponse en interrogeant ses participants, cinéastes et spectateurs.
Alexeï Gouskov est un acteur russe, prix du meilleur rôle masculin ex-æquo dans le film « La Trouvaille », du réalisateur Viktor Dement (prix du public et meilleur début).
— Pour moi, le festival d’Honfleur, c’est chaque année la joie du mois de novembre. J’aime beaucoup cette ville, mais le plus important, ce sont les gens, qui, quoiqu’il en coûte, avec un enthousiasme sincère, même après ces événements si tragiques, font leur travail malgré tout. Ce festival est comme un papier de tournesol, ici, il n’y a pas de militantisme, ni de la part des spectateurs, ni de celle du jury, très professionnel. Tout simplement, ils aiment le cinéma, ils regardent, reçoivent, partagent leurs impressions. Cela n’arrive pas, en général, qu’un seul film remporte trois, quatre ou même cinq prix en même temps lors d’un festival, les prix sont répartis d’une façon ou d’une autre pour ne pas faire d’envieux. Alors qu’ici, si un film se distingue, on le récompense, sans partage. Ce sont mes impressions d’Honfleur.
Joël Chapron, spécialiste senior chez UNIFRANCE pour le cinéma des pays d’Europe de l’Est et centrale
— Ce festival a toutes les raisons d’exister. Il est prisé depuis déjà plus de vingt ans et il remplit une mission très importante. Quand on voit autant de gens dans les salles, qui sont venus voir des films que personne ne pourra voir et qui ne seront pas diffusés en salles, d’un côté, cela inspire confiance, mais de l’autre, cela rend triste. Car ces films, on ne les verra nulle part ailleurs qu’à Honfleur. Ce festival est pour moi, personnellement, très important, parce qu’il permet à des centaines, voire des milliers de gens, de voir le nouveau cinéma russe. Ce festival, il faut continuer de le soutenir par tous les moyens, contre vents et marées.
Mylène Demongeot, actrice française, membre du jury du 23e festival d’Honfleur (elle est connue du public russe grâce aux rôles de Milady, dans les « Trois mousquetaires » et d’Hélène, dans « Fantomas »).
— Я впервые на этом фестивале, и первый вывод, который я делаю из просмотренных мной фильмов – положение женщин в России, что касается прав и свобод, оставляет желать лучшего. Нужно еще пройти огромный путь. Меня еще очень поразило то, что между современным российским обществом и нашим, французским, не такая уж большая разница. Технологии развиваются со страшной скоростью, но человек остается везде одинаковым – та же суровость, агрессия, но и потребность в заботе, нежности и любви. Есть какие-то общие, универсальные знаменатели, очень мощные, и поэтому фильмам не мешает языковой барьер. Когда в кино вкладываются чувства, мы их воспринимаем. Фестивали хороши тем, что на них происходят новые неожиданные встречи с людьми, образуются новые связи, возникает дружба.
Дарья Полторацкая, российский режиссер, представлявшая фильм «Побег из Москвабада» (актеры Мария Машкова и Джавахир Закиров, сыгравшие в картине, получили призы за лучшие женскую и мужскую роли соответственно).— C’est la première fois que je viens à ce festival et ma première conclusion, à partir des films que j’ai vus, c’est que la situation de la femme en Russie, en ce qui concerne ses droits et ses libertés, laisse à désirer. Il reste un long chemin à faire. Ce qui m’a frappée aussi, c’est que la différence n’est pas si grande que cela, entre la société russe actuelle et notre société française. Les technologies se développent à une vitesse terrible, mais l’Homme reste le même partout – la même dureté, la même violence et le même besoin d’attention, de tendresse et d’amour. Il y a des points communs universels, forts, c’est pourquoi la barrière de la langue n’est pas un obstacle dans ces films. Quand on met de l’émotion dans un film, on la reçoit. Le bon côté des festivals, c’est qu’on y fait des rencontres inattendues, cela crée des liens, des amitiés naissent.
Daria Poltoratzkaya, réalisatrice russe, qui présentait le film « Adieu Moskvabad » (dont les acteurs, Maria Mashkova, Jawahir Zakirov ont respectivement reçu les prix des meilleurs rôles féminin et masculin ex-æquo).
— Le critère qui permet d’évaluer un festival, c’est si les spectateurs vont voir les films. Tout peut être parfait, le programme de visites, une merveilleuse ville, de grandes salles. Mais sans spectateurs, point de festival. A Honfleur, les salles sont combles, certains, même, n’ont pas pu entrer à certaines séances. Des traditions se sont installées ici, le festival a son public bien à lui, et ça c’est très bien. J’ai été étonnée de voir que le public du festival est plus âgé que celui que nous avons l’habitude de voir en Russie. Mais il est très attentif, il s’imprègne, connaît déjà d’autres films russes tournés avant, compare, donne son avis. Je ne parle pas français, mais je comprends le mot « super » et c’est très agréable de l’entendre.
— Первый раз мы с мужем поехали на этот фестиваль лет двадцать назад и нам очень понравилось. В тот год председателем жюри была Ани Жирардо. Лет пять назад мы начали с подругами ежегодно собираться на этом фестивале. Здесь можно увидеть новые фильмы, которые во французском прокате вряд ли появятся, а уж в русском тем более. Я очень люблю посещать лекции и круглые столы Жоэля Шапрона – на них узнаешь много нового и о русском, и о французском кино. На фестивале происходят интересные встречи, люди много общаются, обмениваются мнениями. Мы собираемся по вечерам компаниями и даже поем русские песни. Здесь много русско-французских пар, преподавателей русского языка и литературы. Приятно видеть, что русское кино с таким энтузиазмом принимается здесь.
Николай Богданофф, зритель, сын «белого» русского эмигранта.
— Меня здесь больше всего поражает значимость истории в кинематографе и верность ей. На Онфлерском фестивале много фильмов на военную тематику, а также сумасшедшие комедии, совсем не похожие на наши, где все зашкаливает, переходит всякие границы, доходит до абсурда. Но также в этих фильмах можно увидеть Россию совсем с другой стороны, по сравнению с нашими стандартными представлениями. Мы часто видим невзрачные, неприветливые города, где, тем не менее, присутствует человеческое тепло и нефальшивые отношения между людьми. Это полная противоположность Голливуда. Кино отражает истинную природу страны, и для меня это возможность узнать, чем живет Россия. Российское кино несет вес истории своей страны, показывает ее современность и пытается открыть двери в будущее.
Olga Volga, spectatrice.
— La première fois que nous sommes venus à ce festival avec mon mari, c’était il y a vingt ans et ça nous a beaucoup plu. Cette année-là, la présidente du jury était Annie Girardot. Depuis environ cinq ans, avec des amies, nous avons commencé à nous retrouver chaque année pour le festival. Ici, on peut voir de nouveaux films, qui ne seront sans doute pas diffusés dans les salles en France, et encore moins en Russie. J’aime beaucoup assister aux conférences et aux tables-rondes de Joël Chapron, on y apprend beaucoup de choses nouvelles sur le cinéma russe et aussi français. On fait des rencontres intéressantes, les gens échangent beaucoup, se font part de leurs opinions. Le soir, on forme des groupes et on chante même en russe. Il y a beaucoup de couples franco-russes ici, des enseignants de la langue et de la littérature russe. C’est agréable de voir l’accueil qu’on fait ici au cinéma russe.
Nicolas Bogdanoff, spectateur, fils d’un émigrant russe « blanc »
— Ce qui m’étonne le plus ici, c’est l’importance de l’histoire dans le cinéma, et la fidélité à l’histoire. Au festival d’Honfleur, il y a beaucoup de films traitant de la guerre, et aussi des comédies loufoques, très différentes des nôtres, où tout dépasse la mesure, les frontières et confine à l’absurde. Mais aussi, dans ces films, on peut voir un aspect de la Russie très différent des représentations stéréotypées qu’on se fait. On voit souvent des villes mornes, peu accueillantes, où, malgré tout, il y a de la chaleur humaine, des relations vraies entre les gens. C’est tout-à-fait l’inverse d’Hollywood. Le cinéma reflète la vraie nature du pays, et pour moi, c’est un moyen de savoir comment la Russie grandit. Le cinéma russe porte en lui l’histoire de son pays, montre sa modernité et tente d’ouvrir des portes vers l’avenir.
Photos de l'auteur
Laisser un commentaire
Lire aussi
Russie Ici
В Париже прошел Девятый Салон русской книги «Русская литература»
5 décembre 2023Russie Ici
Salon Russkaya Literatura à Paris
15 novembre 2023Russie Ici
Le salon du livre RUSSKAYA LITERATURA
17 octobre 2023Russie Ici
«Quand les Russes voyagent »
21 février 2022Russie Ici
La 7ème édition du salon Russkaya Literatura
6 novembre 2021Russie Ici
Joyeux anniversaire Monsieur Bernard Gauducheau !
26 juin 2021