Lorsqu'on évoque la présence russe dans les environs de Paris, c'est d'abord, naturellement, Sainte-Geneviève-des-Bois qui vient à l'esprit. Au-delà, les avis varient selon le locuteur.

Le père Nicodème, lui, considère que la petite ville de Clamart est devenue la deuxième plus importante dans l'histoire de l'émigration russe, ce dont témoigne au moins son cimetière municipal.

Дом Бердяева | La maison de Berdiaev. Photo: Boris Guessel

« L'Observateur russe » s'est rendu à Clamart, en premier lieu pour voir la maison où a vécu le fameux philosophe religieux russe Nicolas Berdiaev pendant plusieurs décennies. C'est aussi là-bas qu'il est mort d'une crise cardiaque, à sa table de travail, après avoir eu le temps de changer la date de son calendrier de bureau et de préparer un manuscrit.

Photo: Boris Guessel

On l'a enterré dans le cimetière de Clamart, où reposent de nombreux Russes. C'est dans ce cimetière qu'ont également trouvé le repos les familles entières des Troubetskoy, des Gagarine, des Obolensky, etc.

Après la révolution russe, Clamart est rapidement devenu un lieu d'asile pour de nombreux Russes : les prix des locations y étaient beaucoup plus bas que dans la capitale. Ce n'est pas loin du tout de Paris, à six kilomètres seulement ; mais c'est un monde tout à fait différent. En particulier lorsqu'on passe la clôture d'une maison sur laquelle est fixée la plaque commémorative informant que c'est là qu'a vécu et qu'est mort l'écrivain et philosophe russe N.A. Berdiaev.

C'est le hiéromoine Nicodème qui nous a ouvert la porte. Des arbres séculaires et, derrière eux, une sculpture et un petit étang ; une pile de bois appuyée contre le mur. Qu'est-ce qui a changé depuis que son propriétaire a quitté les lieux pour son dernier voyage ? Rien.

La magie d'une vieille maison où le temps s'est arrêté.

Photo: Boris Guessel

Berdiaev est mort en 1948 et a légué sa maison à l'Eglise. Mais cette dernière a dû rembourser les dettes importantes qui se sont accumulées après la mort du philosophe et à cause desquelles sa famille a été contraint de mettre la maison en vente. Ce n'est qu'après le paiement de tous les arriérés que l'Evêché de Chersonèse du Patriarcat de Moscou entrera, en vertu du testament, en possession de la propriété.

A présent, ce sont des moines qui y vivent, ainsi que des serviteurs du culte qui prennent en charge leurs ouailles de Paris et de Clamart. Celles-ci peuvent y trouver un apaisement nocturne, y affermir leurs forces. La communauté n'est pas grande, seulement cinq personnes : trois prêtres et deux novices. Au premier étage se trouve une chapelle en l'honneur du Saint-Esprit, où un office a lieu une fois par an pour la fête paroissiale. Les autres jours, on prie en petit comité, selon la règle monastique.

Photo: Boris Guessel

La chapelle n'existait pas du temps de Berdaiev : l'aménagement de l'église a eu lieu au cours des années 1960 — 1970. A sa place, il y avait alors une pièce où des penseurs se rassemblaient le soir ; ils discutaient, débattaient, conversaient sur des thèmes spirituels et politiques. La maison du philosophe religieux était ouverte à tous, aux Russes comme aux Français ; des voisins et des connaissances de Paris y venaient.

Le cabinet de travail de Nikolaï Berdaiev a été conservé. C'est le père Nicodème qui nous l'a montré.

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Les manuscrits du philosophe sont rangés soigneusement dans la commode.

Photo: Boris Guessel