Metamorphosis, ou Kirill Serebrennikov à Paris
Kirill Serebrennikov est venu dans un Paris printanier, ce qui est en soi remarquable. Sa troupe de jeunes « Studio 7 » s’est produite dans deux spectacles au théâtre Chaillot, dont le mur donne sur l’esplanade devant la Tour Eiffel. Ici ont lieu régulièrement des manifestations pour la défense des peuples dispersés dans le monde entier. Le militant pour la liberté théâtrale se trouve à côté des défenseurs des droits de l’homme. Doublement remarquable.
Pour le premier spectacle, « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare, qui a été joué cinq fois, les billets ont été vendus plusieurs jours avant la première. Salle pleine. C’est l’intrigue principale jusqu’au début : comme dans le théâtre national on résoudra les problèmes de place pour l’organisation. Dans le spectacle il y a plusieurs espaces scéniques, plusieurs salles, ce qui pose problème dans le théâtre Chaillot où d’autres spectacles sont programmés en même temps. Heureusement, il a été construit plus tôt avec envergure ; et le foyer du théâtre, d’où s’ouvre l’une des meilleures vues dans le symbole du pays, a convenu parfaitement à cette expérience russe.
Absent lors de la première, « l’Observateur russe » est venu pour la deuxième représentation. Le spectateur russophone ne saute pas aux yeux, à l’exception de Boris Akounine, qui à chaque changement de salle occupait bien le premier rang, suivait l’action avec intérêt et n’a pas pu résister à aller, lors du finale, faire tourner l’estrade ronde. Et si, sans aucun doute, l’écrivain russe a réussi à aller au fond des choses, les francophones avaient quelques problèmes.
Pendant l’entracte, « l’Observateur russe » a essayé de recueillir des avis.
Une jeune Française : « Non, je ne regarde pas les sous-titres. Je connais presque par cœur la pièce, et je vois que Serebrennikov a tout mélangé, on ne ressent pas les successions d’actions shakespeariennes, et selon moi c’est très intéressant ».
L’ami de la jeune Française : « Je ne connaissais rien de la pièce, et je suis constamment obligé de regarder l’écran, à cause de cela je ne vois presque rien du jeu des acteurs. C’est difficile pour moi, je n’ai pas le temps ».
Encore une jeune Française : « J’ai l’impression de participer à une émission de l’institut théâtral lorsque la jeunesse est exposée au maximum : elle chante, elle danse, elle se déshabille. C’est du haut niveau ».
Lors du dernier acte, que le public regarde debout, une magnifique miniature en plastique et la musique amènent à de longues clameurs « bravo ».
Il semble que tous sont contents.
Suivront encore six soirées à Paris, cette fois la « Métamorphosis, » d’Ovide réalisée par le metteur en scène français David Bobée et par Kirill Serebrennikov.
Pendant les premières minutes du spectacle, on se conforte dans l’idée que le Théâtre a fait un pas dans une nouvelle ère. Et l’a fait dignement. Le spectateur ne se remue plus de honte sur sa chaise, et ne se cache plus le visage dans les bras. Et c’est plus que de la chance. Parce c’est la suite de la vie théâtrale, et non sa fin tragique, comme c’était le cas il y a encore peu de temps. La génération des intelligents et des talentueux est arrivée.
Ensemble, ils prouvent que les classiques ne meurent pas. Oui, les héros antiques se changent en généraux aux galops sablonneux. A la place des paysages antiques, il y a une décharge de voitures cassées et un tas d’ordures.
« C’est est la vie », remarque sans surprise le monsieur local. Tout coule, tout change. L’ancienne génération ne comprendra pas ? Un retraité français, étudiant révolté de 68, aujourd’hui fatigué des promesses futiles, comprendra comme personne.
A nouveau les Français applaudissent et crient « bravo » à la fin de la représentation. Ils ne versent pas de larmes et ne rient pas en même temps que les acteurs, ils réagissent après. Ils apprécient le spectacle dans son entité : les décisions du metteur en scène, la scénographie, la vidéo d’art. Mais c’est seulement une partie de la vérité. Parce que dans la salle, il y a encore une métamorphose, digne de la plume d’Ovide : les conséquences de la Tour de Babel se reflètent sur l’écran du moniteur : des Français ne le quitte pas des yeux, pour comprendre ces Russes.
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« J’ai cessé de lire la traduction, et je me suis mise à simplement regarder la pièce, me dit ma voisine. Bien que je ne me rappelle pas de tous ces mythes, il m’est plus agréable d’écouter les paroles russes mélodieuses et de suivre l’action. Autrement, je manque tout ce qui est important ». Après le spectacle, elle s’est approchée des acteurs démaquillés et a déployé une banderole où été inscrit en cyrillique : « Bravo ! »
Au dessus des têtes des spectateurs, sur d’immenses talons dominait l’actrice française Béatrice Dalle (connue pour avoir joué dans les films « 37°2 le matin », « Night on Hearth », « La Belle Histoire » etc.)
L’Observateur Russe : Béatrice, qu’avez-vous pensé du spectacle ?
Béatrice Dalle : A tomber par terre ! Et Hamlet est encore plus fort. Je l’avais vu à Moscou. C’était la première fois que j’allais là-bas, et j’aimerais que vous m’invitiez à nouveau, cela m’avait tellement plu !
« A ma honte, notre théâtre se repose, soupire son amie, vous avez des acteurs géniaux. Une seule et même personne chante, fait des acrobaties, et cela à un niveau hautement professionnel ».
« C’est puissant, partage un homme âgé entouré de ses dames. Il faut éprouver ce spectacle, le digérer. Je suis encore assommé par ces émotions. »
Tranquilles, sans déchirure hystérique, ce sont les monologues de Myrrha et Galatée. Un art vidéo de bonne qualité, projeté sur une toile de fond. Un solo virtuose de choc. Presque le ballet d’Eurydice et les croquis plastiques d’une grille de fer, tendue au fond de la scène : la symbiose de tous les aspects de l’art, est organique et même parfaite.
L’Or convoité du Roi Midas transforme tous ceux qu’il croise sur son chemin, l’acteur ne regrette pas le seau de peinture noire (l’or noir) qui couvre pour de bon son corps et sa tête, et qui atteint sa bouche. Et le regarder est difficile et terrible. Orphée, ensanglanté, périt douloureusement entre les mains des Bacchantes, sans trahir la mémoire de sa bien-aimée. Et la peinture rouge sang imprègne toutes les parties de son corps jusqu’à ses pupille
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А физиономии на фото мало приятные.