Nouveau cinéma hors industrie : « Desiatka » de Vladimir Kozlov
Vladimir Kozlov est un nouveau réalisateur indépendant et l’auteur du film « Desiatka », qui a fait salle comble à la Librairie du Globe, endroit culte pour les russes à Paris. Des étudiants intéressés par leur homologue issu d’un petit village de Russie aux véritables cinéphiles attirés par un drame social à faible budget quelque peu à scandale, en passant par quelques français timides, avides de découvrir les détails d’une vie postsoviétique au-delà de la Ceinture des Jardins (boulevards circulaires au centre de Moscou – ndlr.). Et parmi tous — un homme au regard tenace et attentif, qui scrute plutôt le public que l'écran, où se déroule son œuvre.
Кто-то сурово отчитал режиссера, нельзя же показывать Европе такую Россию — со случайным отравлением метиловым спиртом, растленными девушками, мечтающими продаться, люмпенами, готовыми забить насмерть булыжником за вопрос «Чё борзый такой?»
Сам же Владимир Козлов уверен, что за границей — особенно тут — нужны разные фильмы о России, только так можно отойти от приевшегося стандарта блестящих лубочных куполов и улыбающихся героев, поднимающих Россию с колен. Мало кому интересны Амели, играющие на аккордеоне у подножия Эйфелевой башни, так же и западный зритель хочет увидеть настоящую, не открыточную Россию.Vladimir Kozlov est un écrivain biélorusse, dont les intrigues portant sur la vie en Russie et sur ses voisins impressionnent d’authenticité et d’émotions. "Gopnik», «1986», «Svoboda» — toutes ces histoires parlent d'une manière différente, mais de la même Russie moderne, la vraie, à la fois terrible et ambiguë. En 2013, Kozlov a réalisé le film "Desiatka », d’après le roman éponyme. Quelques milliers de dollars, une simple caméra numérique, de nombreuses difficultés techniques dues au budget, seulement huit jours de tournage, avec des acteurs non professionnels, et le mensuel «Snob» désigne «Desiatka» comme l'un des événements les plus importants de 2013. Après avoir fait ses preuves au festival international des débuts cinématographique « Esprit du Feu » à Khanty-Mansiysk, le film a finalement été montré au public parisien.
L'intrigue du film est construite sur la frustration d’un jeune adolescent. Valera, le protagoniste, a de grands espoirs en tant que footballeur, mais après une blessure il retourne à son Tcheliabinsk natal. Là, il tente de trouver un nouveau but auquel il pourrait prétendre. Cependant, il ne sait pas à quoi s’accrocher : sa mère passe ses soirées à regarder des émissions de télévision et se plaint régulièrement de son ex-mari, qui n’a pas poussé son fils à entrer dans une bonne université. Sa petite amie travaille comme caissière au magasin, et ses rêves se limitent à une carrière d'escorte girl dans une grande ville comme son amie. Violée par Valera, elle ne trouve pas extraordinaire cette façon de commencer une relation avec lui. Les amis du jeune homme sont la caricature presque comique de la racaille locale, avec tous les signes extérieurs de leur statut social — survêtements, des paroles comme « Pourquoi il y a autant de négros, la Russie aux russes, p*tain » ou des projets de cambriolage de l’appartement du voisin d’en-dessous. Dans une autre vie, Valera pourrait probablement bien tourner, mais celle qu’il a ne lui donne pas cette chance, et sa fin est prédéterminée depuis le début de l'histoire. Alors que lui croit en sa bonne étoile, puisque ce n’est pas pour rien qu’il a obtenu le numéro 10, comme la star du football Arshavine.
Après le film, les spectateurs se sont lancés dans une vive discussion, essayant de déterminer si le personnage principal avait la moindre chance. D’après le réalisateur lui-même, toute fin heureuse aurait été d’une fausseté impardonnable. Quelqu'un s’est montré sévèrement mécontent et disait au réalisateur: « vous ne pouvez pas montrer une telle Russie à l’Europe — des empoisonnements à l'alcool méthylique, des filles qui rêvent de vendre leurs corps, des clochards, prêt à vous battre à mort avec une brique pour un oui ou pour un non. Vladimir Kozlov est convaincu qu’à l'étranger, et ici en particulier, il faut différents films sur la Russie, pour qu’il soit possible de s’éloigner des standards ennuyeux du héros souriant, relevant la Russie de ses genoux. Peu sont intéressés par Amélie jouant de l'accordéon au pied de la Tour Eiffel, et de même, le spectateur occidental veut voir la vraie Russie, pas une carte postale.
Cependant, malgré une atmosphère morose indéniable, les sentiments que transmet le film sont bien loin de l'angoisse existentielle et du désespoir. En Russie, l’art cinématographique se dirige vers des films « hors industrie », comme le décrivait Vladimir Kozlov. Cet art devient lumineux, vif et absolument imprévisible — car il n'est pas soumis aux mêmes codes, aux mêmes lois. «Desiatka» n’est pas seulement le premier film de l'écrivain en tant que réalisateur, mais il représente aussi le début de nouvelles formes de cinéma moderne, puisque celui-ci est devenu accessible à tous grâce à la simplicité et au prix des nouvelles caméras professionnelles, ainsi que grâce à l'enthousiasme des groupes d’artistes créatifs. Qui sait, peut-être qu’avec l'avènement d’œuvres tout aussi vives et originales, la Russie aura droit à son propre Sundance !
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