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vendredi, 19 avril 2024
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Le salon parisien « Russkaya Literatura » — deuxième édition

Kira Sapguir, traduction de Kumar Guha0:56, 14 janvier 2016Russie IciImprimer

Le salon du livre russe « Russkaya Literatura » s’est tenu pour la deuxième fois à la mairie du 16e arrondissement de Paris, du 8 au 10 janvier cette année. Cet événement était organisé par le Comité littéraire franco-russe, qui a fait venir pour l’occasion des dizaines d’auteurs de Russie et de France.

L’Observateur russe a participé au salon pendant ces trois jours.

У микрофона Ирина Рекшан |Irina Rekchan au micro

« Le thème du salon de cette année est la mosaïque des littératures des peuples habitant Russie », explique Irina Rekchan, véritable force motrice de cet événement culturel. « Nous nous sommes fixé comme tâche de donner la parole et d’offrir une tribune, non seulement aux auteurs connus et en vogue, mais aussi « à une myriade d’auteurs jeunes et inconnus » en France, qui prennent le relais littéraire dans ces temps de changement en Russie. Notre principal objectif : montrer la véritable littérature russe contemporaine, sortir, enfin, des sentiers battus des matriochkas et des balalaïkas… ».

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Evoquons la crème de la littérature russe venue de Moscou et des coins les plus reculés de Russie, pour se présenter devant les parisiens, les critiques, les traducteurs et les journalistes. A côté des vedettes de premier plan, tels Andrei Bïtov, Victor Erofeev, Valery Popov, des vedettes en herbe se sont fait remarquer. Parmi eux, Alexander Sneguirev, 35 ans, finaliste du concours NatsBest (Bestseller National), lauréat du Prix Booker Russe 2015, Guzel Yakhina, lauréate du prix « Bolchaïa Kniga » (le Grand Livre), Michail Elizarov, qui avait remporté en 2014 le concours NOS. Ils étaient venus avec d’autres de la capitale russe, mais aussi des « terres lointaines ». Les auteurs qui participèrent aux débats, aux lectures de prose et de poésie et aux séances de signature organisés dans l’enfilade des somptueuses salles de la mairie, sont originaires de Mongolie, Sibérie, Tatarstan, Bachkirie, Bélarus, Moldavie, Ukraine ou encore Azerbaïdjan. Ces écrivains n’ont eu de cesse de dialoguer avec des homologues français très inspirés par la Russie, sa vie et son destin.

А.Снегирев и директор магазина «Глоб» Ф. Девер | A.Sneguirev et F.Deweer directeur de la librairie Globe

« J’en ai assez du noir ! » a déclaré Frédéric Pons, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, et auteur du livre au titre laconique, Poutine (éd. Calmann-Lévy). Paradoxalement, cette monographie, qui se présente comme un portrait politique de la Russie et de son leader, fait figure de défi, à contre-courant du conformisme intellectuel régnant en Occident.

« Je suis personnellement convaincu que la Russie fait partie de l’Europe et qu’elle doit être notre partenaire », affirme Frédéric Pons, « n’est-ce pas ce que disait De Gaulle en son temps ? »

« Je prends mon pied en écrivant. C’est tellement génial de pouvoir noter des choses intéressantes, d’y greffer un écrit, de développer, de mélanger d’une façon puis d’une autre et de faire émerger tout un monde avec des gens, des animaux, des rues et un ciel. C’est parfois très difficile, mais au final, écrire est un plaisir », explique le romancier Alexander Sneguirev. Son dernier roman, dont le titre russe est littéralement La Vénus de pétrole est paru le 7 janvier, la veille même de l’ouverture du salon, traduit par Nina Kekhayan. Cette version française est intitulée Je ris parce que je t’aime (éd. de l’Aube), on ne sait trop pourquoi. On ignore également la raison du changement du nom de famille véritable de l’auteur, Kondrachev, pour Sneguirev. D’ailleurs, la vie du héros et de son fils, « Ivan le simplet » nous semble plus matière à un rire amer.

В.Попов приветствует В.Ерофеева | V. Popov salue V.Erofeev

 

« Le meilleur livre est celui que tu passes une vie à écrire », déclare Andrei Bïtov, en montrant les quatre volumes de L’empire en quatre dimensions, sorte de bilan d’un parcours créatif, pas définitif, bien entendu.
« Mon Empire est une sorte de carte littéraire où l’on aurait indiqué les genres, depuis « l’absurdisme » jusqu’au post-modernisme et à l’essai […] J’ai pratiquement renoncé à l’écriture, car je sens que j’ai rempli mon plan de vie. Sauf, comme toujours, un dernier livre » continue Bïtov non sans une pointe d’autodérision, lors du débat sur « les contours d’un avenir inquiétant ». Avec lui, Yvan Blot, écrivain et député, et Guy Mettan, journaliste suisse et politologue, se sont essayés (avec plus ou moins de bonheur) à dessiner les contours de cet avenir.

L’avenir paraît effectivement inquiétant, en particulier, celui de la littérature. Ce signal apparaissait en contre-point de tous les débats, tables rondes et communiqués de ceux dont la vie tourne autour du livre…
« Les Russes ont commencé à lire moins. Même dans la ville qui compte le plus de lecteurs, Saint-Pétersbourg, le nombre de personnes qui lisent a drastiquement baissé. « L’homme lisant » est une espèce sociale rare et en voie d’extinction », plaisante tristement le romancier pétersbourgeois Valery Popov, lauréat de nombreux prix et président de l’Union des écrivains de Saint-Pétersbourg. Valery Popov est venu au salon avec ses livres : La nage démente, Mon Pétersbourg, Likhatchev (collection JZL – Biographie des Personnes Remarquables), ainsi que son roman traduit en français, Le troisième souffle (Fayard, 2005).

Où en est, donc, la littérature mondiale ? En France, il n’y plus de belles lettres dans le sens plein du terme (si l’on exclut « Houelbegbedder »…).

Mais voici la recette que donne Valery Popov : « La meilleure chose à faire, en littérature, c’est de transformer les coups du destin en récit des miracles de la vie ».

« Toute orientation créative est le reflet individuel (ou bien collectif) multiplié par l’approche artistique », ainsi commence, en moqueur talentueux, Michail Elizarov, pour son discours-déclamation ambivalent sur « la témérité réflexive ». « Dans l’espace de la modernité littéraire, cette témérité a perduré jusqu’au milieu des années 30, a brillé et s’est éteinte », tel est le verdict de l’écrivain. « La Russie est un pays centré sur le verbe », estime Elizarov, qui semble littéralement créer, dans ses livres, des incantations magiques pour protéger la « Rous » ancestrale. En témoigne, par exemple, son roman Le Bibliothécaire, Prix Booker Russe. C’est, au fond, une exploration sarcastique sur la signification magique et sacrée, pour l’homme, du Livre et du Lecteur.

« D’après vous, quelle est la situation de la littérature jeunesse en Russie ? » — c’est la question qui a été posée à votre serviteur après son exposé intitulé « Comment la littérature jeunesse est devenue une affaire sérieuse ».

« Les affaires vont parfaitement bien ! La preuve en est donnée par le journaliste Petr Vlassov, conteur, auteur de petits livres pour enfants merveilleux, chaleureux et joyeux ! » ai-je répondu. De fait, c’est ainsi qu’on peut décrire Le chevalier, le chat et la ballerine (éd. Ripol) et Voyage au bout du monde (éd. Klever). Dans ces récits, des gnomes habitent le métro de Moscou et les chats du musée de l’Hermitage savent parler, la terre est plate et le Bien, toujours joyeux, triomphe sur le Mal ronchon.

« Notre passé n’est toujours pas révolu », estime Andrei Bïtov. En témoigne le film du réalisateur Gilles Dinnematin, « Attention à l’art », consacré à la pléiade des non-conformistes des années 60 et projeté pendant le salon. Le héros principal du film — le peintre Oscar Iakovlévitch Rabin, qui vient de fêter ses 88 ans, y représente « deux infinités se tenant à la verticale » !

Photo: Natalia Medvedeva

8 commentaires

  1. Nina de Nicolai dit :

    Под впечатлением о Салоне прочла статью Киры. Захотелось присоединиться к ней в знак благодарности за эти уникальные литературные дни. Спасибо Кире за очень хорошую статью об очень хорошем литературном событии, нам тоже очень понравилось: и программа и участники и посетители. В отличие от бескомпромиссной Киры нам очень хотелось попасть на вечер Федоровского, которого мы очень любим, но из статьи мы поняли, что нас ввели в заблуждение, сказав, что этот вечер организован мэрией по предварительной записи. Мы не смогли попасть на встречу, поскольку запись была закрыта уже давно. Кстати, нам понравилась публика, которая пришла на встречу с Федоровским. Это были такие же парижане, как и мы, парижане со своим вкусом и традициями, парижане, которые интересуются, как и мы, Россией, читают и покупают книги и посвящают свое вечернее время встрече с писателем. Так что спасибо Салону за отсутствие «цензуры», за уважение к нам, читателям, к нашему мнению, вкусу, за уважение к книге. Спасибо за отсутсвие окололитературный полемики. Получился открытый для всех литературный праздник, где мы, читатели, смогли встретиться с очень разными , но признанными нами,читателями, писателями, познакомиться с ними, их планами, услышать их очень разные и интересные мнения. Блестящий список участников приклеил нас к Салону на эти два с половиной дня, как и многих и многих других посетителей. После своих выступлений писатели оставались среди нас, читателей, и были расположены к разговору с нами, парижанами. Было много русских книг и книг о России на очень разные темы. Остается пожелать Салону, чтобы книг было все больше и больше, чтобы на Салон приезжали и российские издательства. Еще раз спасибо за эти блестящие литературные встречи.

    Vive le salon du live russe à Paris Russkaya literatura! A l'aneé prochaine рour la troisième édition,

    Спасибо Русскому очевидцу за публикацию,

    Nina N.

  2. Марина Д. dit :

    Никто об этом не говорит, но ведь во время Салона была демонстрация против Путина. Организаторы Салона, которые утверждают, что они придерживаются принципа нейтралитета , и что литература их главный критерий, под этим предлогом они сделали вид, что ничего не заметили и не пригласили манифестантов высказаться! Я знаю, что писатель Михаил Шишкин отказался участвовать в Салоне потому, что организаторы не согласились на его условия и не прислушались к его мнению о некоторых участниках Салона, вот он и не приехал! Хотя мы и во Франции, но речь идет о России! Пожелаю организаторам Салона быть более избирательными!

  3. camille aubaude dit :

    Un salon littéraire d'une rare intensité !

    Félicitons les organisateurs d'avoir su contrôler les pulsions d'une réunion de nombreuses personnalités du monde de l'art et des médias, à l'heure où la Russie revient au-devant de la scène. Des manifestants qui distribuaient des tracts anti-Poutine devant la Mairie et de nombreuses personnes qui n'ont pu entrer ont témoigné de cette forme de tension collective. Il faut saluer les compétences d'Irina Rekchan,capable de faire venir tant de monde et de créer la beauté là où elle n'est pas.

    On n'attend plus qu'une chose : une troisième édition, au même endroit, en 2017.

  4. Абрам-Али dit :

    Марина Д., вы — тролль?

  5. Michel dit :

    Раз в жизни либералы типа Михаила Шишкина не монополизируют трибуну и это уже кому-то мешает. Кстати, отличная статья.

  6. Чумак Елена dit :

    Добрый день! Хочу попасть на Салон в 2017. Подскажите, где найти информацию и контакты с руководством? С благодарностью, автор.

  7. От редакции Елене Чумак dit :

    У нас нет информации по Салону 2017. Но мы сможем передать вашу просьбу организаторам.

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