La littérature russe, à Paris, en période de sanction économique
Il semble que jamais à Paris, il n’y avait eu autant d’événements russes qu’en période de sanction économique. Cet automne, « L’Observateur Russe » ne pouvait vraiment pas être physiquement présent à tous les endroits où la Russie est un participant-invité.
Ce dimanche se terminait la première édition du Salon du livre « Russkaya Literatura », qui pendant trois jours s’est tenu dans le quartier historique du Marais (pas loin du musée Picasso, récemment rénové) à l’Espace des Blancs Manteaux.
« Le but de notre salon est de faire en sorte que la littérature moderne russe occupe à nouveau la place que la littérature russe historique a toujours occupé dans les cœurs et esprits des Français. L’époque s’est déjà calmée, les écrivains ne créent pas leur œuvre sur la nécessité du jour, mais avec leurs propres histoires, émotions, leurs propres catharsis, celle-ci ne ressemble à aucune autre, et cette littérature forte est digne d’être présentée dans l’univers français » dit l’organisatrice du Salon, Irina Rekchan.
Les organisateurs ont tout fait afin que, sous une grande vieille arche, se rencontrent deux littératures, les éditeurs et les écrivains, les traducteurs et les lecteurs. Dans l’immense salle de 900m², il y avait assez d’espace pour les imprimeurs français, publiant des livres d’écrivains russes (les maisons d’éditions Gallimard, Syrtes, Rocher, L’Age d’Homme, Beaux-Arts de Paris, Institut d’études slaves) et pour les imprimeurs russes («Художественная литература», «Амфора», «Росток», «Родное пепелище» et «Владимир Чугунов» de Nijni Novgorod, le «Центр духовного возрождения» de Voronej).
Si tu le souhaites, tu peux marcher entre les rangées de livres et découvrir des nouveautés dans les deux langues. Ou flâner le long des murs, auxquels sont suspendus des expositions de photos et de peintures. Parmi elles, deux singulières : « Les 900 jours de siège de Léningrad » et « Sur les traces de Gogol à Paris ».
Le chef de « Rospetchat », Mikhaïl Seslavinski, est venu en avion spécialement pour l’ouverture du Salon, et l’ambassadeur de Russie en France, A.K. Orlov, était aussi présent. Les règles de protocole ont été respectées et le plus intéressant a commencé après. Notamment : de somptueuses tables rondes ont eu lieu, les grands noms des lettres russes ont pris la parole. Paris a vu un nouveau visage des lettres russes, majoritairement pas de Moscou. Cette fois-ci, c’était celui de la capitale nordique, Nijni Novgorod et de Voronej.
« Une nouvelle ère dans la littérature russe s’est achevée » a déclaré Evguéni Vodolazkine dans un entretien « à propos du croisement des époques dans la littérature de nos jours ». C’est terriblement intéressant, car il ne s’agit pas de n’importe quel porte-parole mais du lauréat du premier prix « Bolchaïa Khniga » (celui de l’année 2013 pour le roman « Le Laurier » sur un guérisseur médiéval).
La littérature change brutalement, a poursuivi un spécialiste de la littérature russe ancienne, c’est une nouvelle époque, cette énorme couche temporelle qui est apparue après le Moyen Âge est finie. Il est légitime que chaque époque lutte avec la précédente. La littérature actuelle, reniant le passé plus récent, commence à acquérir les traits littéraires du Moyen Âge…
Уважаемый читатель, надеюсь, вы поняли, что, мы не над пропастью, а на пороге новой эры. И это писательское наблюдение, которое щекочет нервы и будоражит воображение. Что же, после лихих 90-х и тучных нулевых россиянин вспомнил о вечном? Сухая статистика гласит, что читают в России больше, нежели пять лет назад. Власть заинтересовалась литературой и внимательно наблюдает за реакцией читателя. Пятнадцать лет назад мало кого трогали слова провидца, сегодня писатель снова в центре русского общества. Впервые в новой России возникает литературное собрание, пытающееся объединить левых и правых, агрессивных и пацифистов. Надо ли добавлять, что подобным речам французы внимали, раскрыв рты.Cher lecteur, je l’espère, vous avez compris que nous ne courrons pas au précipice mais nous sommes sur le chemin d’une nouvelle ère. Et l’observation de cet écrivain titille les nerfs et trouble l’imagination. Qu’est-ce, après les fougueuses années 90’ et les grassouillettes années 2000’, le citoyen russe se serait tourné vers l’éternité ? Des statistiques sèches invitent à penser qu’on lit davantage en Russie maintenant qu’on ne l’a fait depuis les cinq dernières années. Le pouvoir s’est intéressé à la littérature et suit de près l’accueil du lecteur. Il y a quinze ans, les mots d’un tel ou autre visionnaire auraient touché peu de gens, aujourd’hui l’écrivain est à nouveau au centre de la communauté russe. Pour la première fois dans la nouvelle Russie éclot une assemblée littéraire ayant essayé de réunir les agressifs et pacifistes de gauche et de droite. Il faut dire qu’à l’écoute d’un tel discours, les français demeuraient bouche bée.
Un autre écrivain, et musicien de rock, Vladimir Rekchan, a réuni le pouvoir et la littérature. Les personnalités politiques du passé (Machiavel ou Dante), selon le fondateur du groupe rock Saint-Pétersbourg, brillaient par leur plume talentueuse. Chez Lénine et Churchill, avec une certaine part de formalités, il est aussi possible de trouver une disposition à la composition, car ils écrivaient eux-mêmes. Même les méchants effrayants, Staline et Hitler, ainsi que les politiciens de l’époque d’après-guerre, De Gaulle et Kennedy (lauréat du prix Pulitzer), confiaient leurs pensées au papier sans intermédiaires. Mais, hélas, l’élite politique est anonyme en ce nouveau siècle. Plus que cela, l’anonymat devient un trait global et fondamental des temps nouveaux, ils écrivent tous, pour n’importe quel prétexte, à n’importe quel moment de la journée. C’est pourquoi V. Rekchan fais la conclusion (on veut croire provocatrice) : l’écrivain est une profession finissante.
Voilà donc que vous avez deux déclarations issues d’une même conversation, contradictoires l’une avec l’autre, ce qui, au fond, est habituel dans l’immensité d’un pays sans limites.
De telles tables rondes, « L’Observateur Russe » en a compté plus d’une dizaine. Des personnalités éminentes ont pris la parole : Natalia Ivanova, Valery Popov, Kira Sapguir et beaucoup d’autres. Et aussi, beaucoup d’autres jeunes parmi lesquels Roman Sentchine, Féodor Koureuhine et Julia Zoniss. La jeune fille, emballée dans du cuir noir de la tête au pied, est une jeune écrivaine de cette vague nationale de romans fantastiques, qui n’a pas immédiatement conquis le devant de la scène. Il a fallu attendre patiemment son heure avec les amateurs de science-fiction, qui dans la première décennie ont suivi le flot agité des visionnaires occidentaux sur les étalages de livres russes. Lorsque la première soif du lecteur s’est finalement éteinte, le tour des auteurs russes est venu. Avec son passé de biologiste moléculaire, Julia écrit des livres fantastiques, combinant les contes russes et superman, réunissant la science et le surnaturel. On croit traditionnellement les chercheurs en Russie et il faut penser qu’une aube lumineuse se lève dans l’horizon de Julia Zoniss.
Dans la salle de cinéma improvisée dans les entre-sols, le volontaire responsable du programme cinéma marmonne : « c’est la troisième fois de la journée que je manipule le film « le Monde selon Gazprom » (directeur A. Dolgorouki) et tout le monde vient ». Tout le monde est intéressé.
Cependant, il y a d’autres intérêts, dont ceux mentionnés par Alexandre Jevakhoff à une autre table ronde sur « l’actualité russe vue par les écrivains de Russie et de France ». Oui, il y a ces Français, qui ont envie de voir la Russie à travers le prisme du roman du Marquis de Custine, ayant effectué un voyage à travers le pays presque deux cent ans plus tôt. Bien sûr, rien de mieux que d’effectuer le voyage soi-même, mais à défaut d’une telle possibilité, venez aux manifestations russes à Paris. Nous vous le recommandons.
Toutes les informations au sujet des participants du Salon et des thèmes énoncés ici.
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На входе в Салон gjchtkbyt валялаcь бело-красно-голубое тряпье — инсталяция в честь национального триколора? или просто забыли собрать с пола?
Де Кюстину прекрасно ответила сама Императрица Екатерина Великая!
Она этого физически не могла сделать, та как померла примерно за полвека до путевого дневника де Кюстина «Россия в 1839 году». Да и что ответишь, когда всё правда. Что двести лет назад. что сейчас.
«В этой стране признать тиранию уже было бы прогрессом... Низкий люд больше держится лжи, даже такой, какая идет ему во вред, нежели истины»
«Русский человек думает и живет, как солдат!.. Как солдат-завоеватель. Настоящий солдат, в какой бы стране он ни жил, никогда не бывает гражданином, а здесь он гражданин меньше, чем где бы то ни было».
«Здешнее правительство с его византийским духом, да и вся Россия, всегда воспринимали западных людей вообще как недоброжелательных и ревнивых шпионов. Между русскими и китайцами есть то сходство: те и другие вечно полагают, будто чужестранцы им завидуют; они судят о нас по себе.»
ну и так далее.
.
Елена, как всегда, пишет интересно и с глубоким анализом темы. Порадовал зачин — санкции-санкциями, а культурные связи даже активизировались. Так что вся надежда на культуру, как всегда это было в истории русской литературы и искусства.
npocmume, koHe4Ho, a66amy Chappe d' Auteroche ( u3BecmHblu, kak Antidot)
Та що це таке?!
Какой-то местечковый салон, скажу я вам.
Влади, русская элита — сибариты. А гомосексуалисту Кюстину всё «подсказал» любовник-поляк. Поляк — этим всё сказано.
Что страшнее, поляк или гомосек?
Réponse à un anonyme. Для некоторых страшнее русского гетеро ничего нет.