Où il est à nouveau question de l'impératrice Joséphine
S'il n'est pas aisé de faire rapidement le compte des rois de France, pour les empereurs, pas de problème : ils sont deux. Ce qui explique peut-être que les passions autour du Premier Empire ne cessent jamais. Bien que tout, semble-t-il, ait été dit, écrit, étudié (ce qui reste à prouver), chaque année apporte immanquablement son lot d'expositions, livres, colloques et séminaires. Et il y a toujours une bonne raison pour y revenir.
Cette année, en mai 2014, les Français auront l'occasion d'honorer la mémoire de l'impératrice Joséphine, morte il y a tout juste 200 ans. A cette occasion, le musée du Luxembourg vient d'ouvrir une exposition qui lui est consacrée.
C'est pour nous le moment d'évoquer une femme peu ordinaire, mystérieuse même, de s'intéresser aux trésors de ses collections de robes et de bijoux, mais pas seulement, collections de tableaux, et d'instruments de musique.
Joséphine jouait plutôt bien de la guitare et de la harpe, ses partitions sont dissimulées dans des reliures en cuir épais et sa harpe en acajou est en parfait état de conservation.
Les conservateurs du musée de Malmaison croient dur comme fer que l'opinion répandue, selon laquelle, les collections ont été acquises grâce aux objets ramenés lors des expéditions militaires de son époux, sont pure invention.
« Oui, Joséphine a fait construire une galerie attenante au château de Malmaison pour y exposer ses objets d'art. Mais il n'y a là que 400 tableaux. A comparer aux 14000 tableaux du cardinal Fesch (oncle de Napoléon). Ce qui permit l'ouverture d'un musée en Corse, capable de rivaliser avec les lieux les plus prestigieux : il y a là des Botticelli, des Titien, des Bellini, et bien d'autres encore. », explique Alain Pougetoux, conservateur en chef du musée de Malmaison.
Selon les mots d'Alain Pougetoux, Joséphine avait coutume de se rendre dans des salles de vente et parmi ses conseillers, elle comptait Vivant Denon, futur directeur du Louvre.
Quand elle se rendait aux eaux en France ou en Belgique, elle avait coutume d'inviter des artistes et d'acheter leurs œuvres. A peine arrivait-elle dans sa propriété en Suisse, que toute la bohème artistique, dans un rayon de cent kilomètres à la ronde, s'invitait chez l'impératrice.
C'est noble, vraisemblable et on a envie d'y croire. Mais il existe une autre version : Joséphine aurait vendu une partie de ses collections au tsar Alexandre 1er, justement dans la crainte de devoir rendre les trophées rapportés de toute l'Europe.
Pour aussi incroyable que cela paraisse, le nom du tsar Alexandre 1er est mentionné dans l'exposition aussi souvent que celui de l'empereur de tous les Français. C'est qu'il manifesta à l'ancienne impératrice plus d'obligeance qu'au conquérant déchu de terres et de capitales. Lorsqu'il était à Paris, le tsar rendait visite à Joséphine plusieurs fois par semaine dans sa villégiature de Malmaison.
Le tsar acheta à l'impératrice quatre statues du sculpteur Canova, dont un Amour et Psyché debout, exposée aujourd'hui à Paris. Il fit aussi l'acquisition de près de 40 tableaux. Quant à Napoléon, s'il est connu qu'il ramena des pays conquis bon nombre de chefs d’œuvre il ne fut jamais dit qu'il les avait achetés aux vaincus.
Il est un autre mythe auquel les curateurs de l'exposition s'efforce de mettre fin : l'impératrice n'aurait pas eu bon goût et se serait contentée de collectionner en suivant la mode. « Parmi les têtes couronnées féminines, il n'y eut jamais en France le goût pour cette mode. », commente Alain Pougetoux. « les reines n'ont jamais eu pour passion de constituer des collections d'art personnelles. Et Joséphine ne put être inspirer que par des pairs» . Elle s'y connaissait donc en art.
L'exposition permet d'admirer quelques pièces du service de table le plus cher du Premier Empire, sorti de l'usine de faïence Dihl et Guérhard, aux armes de Joséphine. Une partie de ce service se trouve à l'Ermitage qui l'a prêté pour l'occasion, en particulier, un magnifique plat à glace.
Ce service n'a pas de prix, affirment, enjoués, les spécialistes. Ce qui rend d'autant plus curieux le récit d'Amaury Lefébure, directeur du musée du château de Malmaison « Durant la deuxième guerre mondiale, Staline a offert pour son départ à l'ambassadeur des USA sept vases de ce service, conservés à l'Ermitage. Plus tard, les héritiers vendirent ces vases et le musée en fit l'acquisition lors d'une vente aux enchères. » Voilà comment, de façon inattendue et au hasard, des trésors cachés de l'histoire sont révélés au grand jour... Incroyable mais vrai ? A vous de voir.
L'impératrice achetait bijoux et toilettes, sans s'intéresser à leur prix. Plaire à l'empereur, voilà ce qui importait. Elle donnait le ton dans tout le pays et à l'étranger. L'empereur était aux anges : la production française de tissus et en particulier les soieries de Lyon étaient réclamés dans toute l'Europe.
Et, bien sûr, il faut rappeler que c'est à Joséphine que nous devons la première orangerie : elle adorait la botanique, comme en témoignent les nombreuses aquarelles de plantes et de fleurs.
Au musée du Luxembourg Jusqu'au 29 juin
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