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mardi, 11 février 2025
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Le théâtre Alexandrinski se produit à Saint Denis

Elena Iakounine, traduction de Alison Périé11:04, 20 janvier 2018CulturesImprimer

Le théâtre Alexandrinski de Saint-Pétersbourg nous a apporté son tout nouveau spectacle « Kroum ».

Avant le spectacle. Photo de E.Iakounine

Jusqu’ici, la pièce a été jouée seulement deux fois en Russie durant le mois de décembre. La voilà qui se produit déjà en France, au théâtre Gérard Philipe à Saint Denis.

Lors de la première représentation, le théâtre croulait sous les applaudissements et les « bravos » de la part des spectateurs, si bien qu’ils sont restés dans la salle bien après la fin du spectacle. Le public était essentiellement francophone, il y avait bien évidemment des sous-titres qu’ils lisaient très attentivement. Sans cette aide il est impossible de suivre la pièce. En revanche, cela est tellement dommage de ne pas pouvoir se concentrer sur l’essentiel : le fabuleux jeu d’acteur des comédiens.

J’ai demandé à une femme d’un certain âge si le spectacle lui avait plu. « Mieux que ça ! » m’a-t-elle répondu.

Au début de la représentation, mon voisin de droite était intrigué par la question : « Cela se passe t-il en Russie? »

« Les noms ne sont pas russes, vous voulez plutôt dire en Israël ».

« Mais non, c’est bel et bien la réalité russe », puis j’ai eu un flash. « N’existe-t-il pas en France ce genre d’endroit oublié par Dieu, où un petit homme souffre de désespoir ? » « Bien sûr que si, il en existe même trop ».

En résumé, l’histoire est universelle. Quelques logements dans un quartier, tels que des logements du temps de Krushev ou tout autre logement social.

Et dans ces quartiers, on trouve de tout : un amour non partagé, la recherche du bonheur, un enfant prodigue, un vieux couple sans enfant, une maladie incurable… mais aussi l’éternelle question : « pourquoi moi ? »

La tristesse, l’ennui, les rêves inaccessibles… le désœuvrement.

Kroum est le protagoniste de l’histoire, le représentant de la  énième génération perdue, celle de la fin du 20e siècle. Celle qui n’a ni travail, ni famille, ni projet. Des dialogues vides sur la nécessité de l’écriture, d’écrire un roman.

Mais Kroum est-il vraiment le personnage principal ? Dans cette pièce, il n’y a pas de second rôle. Chaque personnage est le protagoniste de son histoire.

Combien de femmes connaissent la solitude et l’amour non-réciproque ? Combien de jeunes souffrent de maladies incurables, combien de personnes âgées ne possèdent pas d’enfants et combien de mères qui entretiennent toujours leurs enfants devenus adultes.

Ces personnes, elles existent ici et maintenant. Partout dans le monde.

C’est Hanokh Levin, dramaturge israélien, qui nous raconte cette histoire universelle, avec malgré tout un sens de l’humour qui nous serre le cœur, et grâce auquel la vie continue.

La pièce a été adaptée par le metteur en scène français Jean Bellorini, également directeur du Centre dramatique national de Saint-Denis, le théâtre Gérard Philipe.

Le théâtre Alexandrinski, en engageant Bellorini, rêvait d’une pièce de théâtre française. Il se trouve que le dramaturge est un passionné de littérature russe, et a décidé de voir les choses sous un autre angle. Au final, le choix s’est porté sur l'histoire d'Israël.

Avant cette pièce, Jean Bellorini a mis en scène « La Mouette » de Tchekhov, « Les Frères Karamazov » de Dostoïevski, et « Le Suicidé » de Nikolaï Erdman… en français.

La rencontre avec le directeur du théâtre Alexandrinski a pu avoir lieu grâce à Patrick Sommier.

Patrick Sommier, c’est l’homme qui a offert aux français et aux russes parisiens l’opportunité unique de voir les mises en scène de Lev Dodine, Rimas Tuminas, ou encore Anatoli Vassiliev.

Cependant, une tournée théâtrale à l’étranger s’accompagne forcément de certaines difficultés, qui sont totalement inconnues au public. Pour que tout cela ait lieu, il faut aimer le théâtre sans réserve, et tout particulièrement le théâtre russe.

Au grand bonheur de tous, Patrick Sommier a créé l’association « L’Art des Nations », après avoir quitté la direction du Centre de Bobigny, où de nombreuses représentations russes ont eu lieu pendant des décennies, notamment dans la salle Oleg Efremov.

L’espoir renaît alors de voir des artistes russes sur la scène française.

Que reste t-il après « Kroum » ? Ce curieux sentiment d’être chamboulé intérieurement, d’être surpris par ces contemporains qui, après les grands classiques, arrivent à nous raconter en seulement deux heures la vie. Dans tous ses états.

Jusqu’au 28 février 2018.
Les réservations et les informations supplémentaires sont disponibles sur le site du théâtre
http://www.theatregerardphilipe.com/cdn/kroum

 

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