Les archives de Félix Youssoupoff sont mises aux enchères à Paris
Le 14 novembre à Paris, dans un des plus grands hôtels de vente « Drouot », Olivier Coutau-Bégarie organise la vente des archives de la famille Youssoupoff.
Conservés par miracle et découverts depuis peu dans un sous-sol d’une maison parisienne, les documents (un bon début pour un roman historique fascinant) sont en grande partie la correspondance du prince Félix Youssoupoff et de sa femme, la princesse Irina Alexandrovna, elle se compose de plusieurs centaines de lettres écrites de 1914 à 1960.
De plus, l’un des plus intéressants lots de la future mise aux enchères est le récit écrit, donné par le prince Youssoupoff concernant l’assassinat de Raspoutine, et sa correspondance avec le grand-duc Dimitri Pavlovitch. En outre, seront mis aux enchères les journaux intimes de Félix Youssoupoff et de sa mère, la princesse Zénaïda Nikolaevna, ainsi que des albums avec les photographies des membres de la famille impériale et leurs lettres. La majeure partie des documents mis aux enchères datent de la période de la Première guerre mondiale et de la révolution de 1917.
Une fois émigré en France, Félix Youssoupoff, un des assassins de Grigori Raspoutine, a écrit un livre franc, détaillé et en certains endroits choquant, intitulé « la Fin de Raspoutine », où il raconte exhaustivement la planification et l’exécution de l’assassinat du favori de l’impératrice Alexandra Fedorovna, exerçant sur elle une très forte influence. Selon Youssoupoff (et aussi une grande partie de l’entourage de la cour à l’époque), l’ingérence d’un paysan inculte non seulement dans la famille mais aussi dans les affaires politiques ne donne pas une bonne image de la famille impériale, aussi bien sur le plan politique que pour l’image du pays.
Le début du 20ème siècle est une période intéressante dans l’histoire de la Russie. Dans ces temps difficiles et en même temps brillants, l’aristocratie se passionne pour le mystère et donne une grande importance aux signes et aux symboles. Le seul à éviter cela est Youssoupoff : bien qu’il rejette les capacités supérieures de Grigori Raspoutine, il relève néanmoins une multitude de détails étranges, mystiques et effrayants survenus lors de l’assassinat, conférant de sa propre main une image démoniaque à l’homme, qu’il s’était efforcé à démystifier.
En 1953, Youssoupoff publie un livre de mémoires, où il évoque l’histoire de sa famille. Il relate encore une fois l’épisode de l’assassinat de Raspoutine, mais retrace aussi sa vie avant et après l’émigration. Ce livre vraiment captivant se confond souvent avec un roman d’aventures, où Youssoupoff apparaît comme l’ambassadeur – capricieux, très cultivé et à des moments merveilleusement flegmatique – de l’une des familles aristocrates les plus anciennes de Russie. Ses mémoires peuvent se lire comme un bon livre de fiction, et il est parfois difficile de croire que tout ce qui est écrit dans ce livre s’est effectivement passé. Au cours de sa vie, Youssoupoff est passé de représentant de la plus riche famille noble de Russie, dont la fortune dépassait même celle de la famille impériale, à propriétaire d’une des maisons en vogue de Paris, l’IRFÉ (dont le nom est construit à partir des premières lettres du prénom des époux, Irina et Félix Youssoupoff). Incontestablement, la mode française fut très redevable au goût des aristocrates russes, forcés par le hasard à survivre dans un nouvel environnement.
Il est possible que les archives Youssoupoff, mises en vente à Paris, puissent compléter l’image connue de tous de Félix Youssoupoff et même nous parler de l’époque, dans laquelle il vécut. Les lots de la prochaine vente aux enchères seront disponibles à la consultation au grand public du 12 au 14 novembre dans les salles de l’hôtel de ventes « Drouot » dans le dixième arrondissement de Paris. Pour l’instant, bien sûr, il est difficile de savoir quel succès aura la vente d’archives rares et précieuses, mais je croise les doigts pour que même dans une collection privée, elles soient accessibles aux chercheurs et pour que ne fût-ce qu’une partie d’entre elles retournent en Russie.
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Очень ценный материал, спасибо. Т.П.
Последнее время очень интересуюсь жизнью Юсуповых. Очень рада, что Росархив приобрел на аукционе архив Юсуповых. Молодцы.
Написано аристократическим слогом, приятно было читать.
Пишущие в рф сенсацию бы «продали» в другом тоне.
Le Prince ne cessera jamais d'entretenir le mystère, quel être fascinant entre tous, et que j'aurais aimé le rencontrer! Avec lui, c'est encore et toujours l'indéfinissable charme éthéré des Romanov et de la Russie blanche finissante qui ressurgit. Je regrette que l'ingratitude française n'ait pas jugé honorable de rendre hommage à ce monde à la fois disparu et si présent, qui, par son sacrifice, nous a évité de connaître en 1914 un 1940 avant l'heure. Pourquoi ne pas consacrer un musée à cette épopée, et au courage sans limites de l'armée impériale, au lieu de juger sans rien comprendre la Russie actuelle, qui, comme la Russie éternelle, est vouée aux gémonies, là où les criminels bolcheviques sont canonisés. Pensons un instant aux derniers Romanov, quel courage y-a-t-il à massacrer quatre jeunes filles et un adolescent tragiquement beau comme elles? Pour «finir», quel dommage aussi que plus personne ne porte le titre de Prince Youssoupov, après tout le père de Félix l'avait bien relevé en son temps!