Cléopâtre, l’impératrice fatale
A la Pinacothèque de Paris se déroule l’exposition épique « Le Mythe Cléopâtre ». 350 objets, installés à la fois dans deux salles de la Pinacothèque, sont présentés dans l’exposition.
Sur l’affiche de l’exposition se trouve l’arc de triomphe. A côté, une barque à voiles égyptienne a déployé sa voile, soit sur la Seine, soit sur le Nil… Au premier plan se trouve un visage en marbre qui semble regarder fixement vers l’éternité. Le portrait sculptural de l’impératrice Cléopâtre a été accordé à la Pinacothèque par le musée du Vatican.
Est-ce que Cléopâtre était belle ? Selon les canons du glamour, non. En examinant dans l’exposition les portraits de la maitresse de César et Antoine, dans le bronze, le marbre, l’albâtre, le visiteur voit des yeux profondément implantés, un nez busqué fin.
En regardant ce profil (assez semblable à celui d’Akhmatova), tu te rappelles sans cesse les mots de Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ». Cette phrase, avec laquelle Pascal tentait d’illustrer le rôle du hasard dans l’histoire, est devenue comme le début d’une première partie de l’archéologie, portant généralement le nom de « Égyptomanie ».
On appelait ainsi cette passion générale pour l’Egypte ancienne, dont s’est emparée l’Europe après la campagne d’Egypte de Bonaparte (1798—1799). Lors de son trajet, le futur empereur avait amené avec lui des savants, des archéologues et des historiens. Et en 1799, la « pierre de Rosette », appelée ainsi par l’officier de Napoléon, a donné à Champollion la clef pour décoder les hiéroglyphes égyptiens. Le premier nom à avoir été déchiffré fut celui de Cléopâtre.
Sur les stands et dans les vitrines, ont été cédé pour l’ « Egyptomanie » de l’or, du bronze, du marbre, de la céramique, des colliers et des bracelets, des flambeaux et des amulettes, des coupes, des papyrus, des pièces de monnaie. Sur les médailles et sur les camées se trouvent les dieux et les rois, les serpents et les chars. Mais aussi elle, Cléopâtre VII, dernière reine d’Egypte.
Dans le bâtiment en face, c’est le Nouveau temps. Dans la salle centrale se trouve Cléopâtre vue par les yeux de Guido Reni, de Francesco Cozza, de Giovanni Gentile. Sur les toiles se trouve principalement cette scène fatidique : Cléopâtre se meurt dans le luxe, serrant dans sa main un petit serpent.
A la fin, le tribut cinématographique est donné à « l’archétype fatal ». On tourne ici et là des films avec Elizabeth Taylor, Vivien Leigh. Sur les podiums, des toilettes « pharaoniques » des vedettes qui ont joué le rôle de Cléopâtre se pavanent. Sur l’un des mannequins se trouve le manteau d’or de Liz Taylor, sur un autre –le péplum extravagant de Monica Bellucci, dans la comédie kitsch de Zeffirelli « Mission Cléopâtre » (2003), etc.
En examinant tout cela – les curiosités anciennes et les réalités modernes, tu te poses immédiatement cette question : qui était-elle, cette fatale impératrice égyptienne, inspirant les classiques, de Shakespeare à Pouchkine ?
Est-ce qu’il y a du vrai dans ce mythe intemporel qui l’entoure ?
Une enfance difficile et une jeunesse inquiétante
Cléopâtre VII n’était pas Egyptienne. Son ancêtre, Ptolémée Ier, était général dans l’armée d’Alexandre le Grand (ou Alexandre de Macédoine). Après la mort du grand capitaine, son compagnon d’armes est devenu roi d’Egypte.
Cléopâtre est née en 69 avant J. -C. dans la famille du roi Ptolémée XII d’Aulète.
Le prénom Cléopâtre était très à la mode dans la famille des Ptolémée. La sœur d’Alexandre le Grand s’appelait ainsi. Neuf femmes de la dynastie des Ptolémée s’appelaient également Cléopâtre.
En 58 avant J. -C., le peuple d’Alexandrie renverse Ptolémée d’Aulète. C’est la sœur aînée de Cléopâtre qui monte sur le trône ; puis en — 55, Cléopâtre VII et son frère cadet, Ptolémée XIII alors âgé de 12 ans, que Cléopâtre épouse immédiatement.
… Ainsi, comment la dernière reine d’Egypte a-t-elle attiré vers elle César et beaucoup d’autres ? Elle avait de la personnalité, était douée de talent. Cléopâtre subjuguait par son charme improbable, son esprit fin, un admirable don pour les manigances. De plus, elle savait parler, en dehors de l’égyptien, 8 autres langues ; elle connaissait également l’histoire, la philosophie, la diplomatie, et même la tactique de gestion dans les combats maritimes.
La guerre d’Alexandrie dura six mois et s’acheva sur la victoire de César, qui rendit le trône à Cléopâtre. Puis les heureux amants partirent pour un voyage de deux mois sur le Nil en barque à voiles, décrit par tous les chroniqueurs.
De cet heureux voyage est né leur fils, Ptolémée XV. César reconnu l’enfant. Bientôt, Cléopâtre et son petit Césarion se dirigent vers Rome.
A l’exposition de la Pinacothèque passent des extraits du blockbuster hollywoodien « Cléopâtre » de Joseph Mankiewicz (1963). Ici, dans le gigantesque char, Elizabeth Taylor (Cléopâtre) roule solennellement dans les rues de Rome, où elle rencontre César (Richard Burton).
Pendant deux ans Cléopâtre vécu dans une villa tout près de Rome. Son prince bien-aimé l’adore : une statue en or de la reine d’Egypte est placée dans le temple de Vénus.
Mais les Ides de Mars sont attendues. Et le 15 mars de l’an 44 avant J. -C., des conspirateurs tuent César au Sénat. Cléopâtre quitte Rome en urgence, et retourne vers l’Egypte.
Antoine et Cléopâtre
Après la mort de César, le neveu de César (Octave) et le général Marc Antoine se partagent le pouvoir à Rome.
En 42, Marc Antoine arrive à Tarse, et ordonne à Cléopâtre de s’y trouver. La reine se rend là-bas en navire dans la séduisante toilette de Vénus. Et quoi ? Marc Antoine, comme avant lui César, se rend à l’ennemi sans combattre.
Il est fou de Cléopâtre. Il ordonne de créer des pièces d’or avec son profil dessus et une inscription en latin : « Une déesse, la gloire de son père ». Ensemble, ils partent pour Alexandrie. Là-bas ce sont des festins incessants qui passent à l’orgie. Mais ils ne sont pas au goût du sévère Romain. Il réussit à échapper au tourbillon frivole et retourne à Rome. Là-bas, il se marie de suite à la demi-sœur d’Octave, Octavie.
Six mois après le départ de son bien-aimé, Cléopâtre donne naissance à des jumeaux –Cléopâtre et Alexandre. Puis Octavie met au monde deux filles de Marc Antoine. Les deux s’appellent Antonia.
En 37 avant J. -C., Marc Antoine lance de nouveau une campagne en Egypte et redevient le captif amoureux de Cléopâtre. Elle devient sa femme. Un nouvel héritier vient au jour.
Mais la coupe de patience de Rome déborde. Octave déclare la guerre à l’Egypte. Dans la bataille d’Actium (en Grèce), il apparaît à Cléopâtre que Marc Antoine essuie une défaite. Elle quitte alors rapidement le champ de bataille et « livre » son amant, le général. Mais il se trouve que ce dernier est sain et sauf. Pendant trois jours il refuse de la voir. Puis ils se réconcilient, retournent en Egypte, mais sont rattrapés par le fait que l’armée de Marc Antoine est défaite et que ses soldats prêtent serment à Octave. Alors, Cléopâtre ordonne à ses serviteurs d’annoncer à son bien-aimé qu’elle est morte. De désespoir, Marc Antoine se poignarde. Mortellement blessé, il rampe jusqu’au mausolée où se cache la « défunte » Cléopâtre. En premier lieu, la reine craint d’ouvrir la porte. Puis elle jette tout de même à son amant une corde, par la fenêtre. Baigné dans son sang, Marc Antoine grimpe à la corde vers Cléopâtre et meurt directement sur son lit.
Après les obsèques du général de guerre, Octave fait assiéger le mausolée de Cléopâtre. Elle refuse de lui ouvrir la porte, mais elle est saisie, désarmée et faite prisonnière.
Après sa défaite, sur ordre de Rome, sont détruites presque toutes ses représentations. Mais à l’exposition de la Pinacothèque, on peut voir un buste d’albâtre, conservé par miracle, de la dernière reine d’Egypte (il vient du musée national Palazzo Massimo, à Rome). Trois serpents entourent la tête de la souveraine, symbole des trois pays qui lui dépendaient : la Haute et la Basse Egypte, mais aussi la Syrie et la Palestine.
L’impératrice avait compris : seule la mort pouvait la sauver de l’infamie. Selon le mythe, enraciné pour toujours dans la conscience collective, Cléopâtre a approché un petit serpent de sa poitrine, que ses fidèles serviteurs lui avaient amené dans une corbeille de fruits…
Il est probable que cette action soit simplement une belle invention de Cléopâtre elle-même. En effet, ce conte contribuait à la création du mythe intemporel de la belle impératrice, qui a elle-même immortalisé sa mort.
P.S. : Nous ajouterons qu’au même moment, au Grand Palais à Paris, une grande exposition a été ouverte, consacrée à l’ennemi juré de Cléopâtre, l’empereur Octave, dont elle a essayé de venir à bout sans succès.
L’exposition à la Pinacothèque est ouverte jusqu’au 7 septembre 2014.
Au Grand Palais jusqu’au 13 juillet 2014.
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Клеопатра была маленькая, кругленькая с кошачьтм взглядом, какк и автор статьи
, моя добрая знакомая