La Belle et la Bête : beaux effets spéciaux et contenu monstrueux
Une nouvelle interprétation d’une vieille histoire bien connue parait parfois plus attrayante qu’un thème inédit et original. C’est peut-être ce qui explique l’immense popularité des remakes et adaptations qui règnent ces derniers temps dans l’industrie du cinéma.
Mercredi dernier, deux films de ce genre sont sortis sur les écrans français : Les Trois frères, le retour et La Belle et la Bête. Si le premier est exclusivement destiné au public français, le deuxième aspire naturellement à un succès planétaire.
L’histoire de cette jolie jeune fille, enfermée dans un château délaissé, en tête à tête avec un monstre énigmatique, a déjà été projetée plus d’une fois sur grand écran. Walt Disney, Jean Cocteau et beaucoup d’autres scénaristes se sont en leur temps intéressés à cette histoire archétypale. Pourtant, à chaque fois, les spectateurs, particulièrement les jeunes, attendent avec impatience la nouvelle production avec leurs héros préférés.
Cette fois, c’est le réalisateur français Christophe Gans, célèbre pour ses films Le Pacte des loups et Silent Hill, qui s’est chargé de l’adaptation du conte de fées. Cependant, malgré les anciens exploits du scénariste dans le genre horreur-fantastique et la distribution d’acteurs prestigieux (Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussolier), cette nouvelle création peut à peine être qualifiée de réussie.
Les décors et intérieurs grandioses, réalisés en images de synthèse, ainsi que les costumes splendides de l’héroïne principale contribuent sans aucun doute à reconstituer une atmosphère mystérieuse et à envoûter les spectateurs. Néanmoins, les actions des personnages sont si mécaniques et dépourvues de profondeur et d'intrigue que, tout au long du film, on ne cesse, même pour une seconde, de s’interroger sur le sens de ce qui se passe à l’écran. Reprenant un à un tous les rebondissements classiques du genre et se laissant entraîner, en vain, par les nouvelles technologies, Christophe Gans semble oublier le thème de la naissance de l’amour qui, en somme, est à la base de tout récit. Les spectateurs ne peuvent donc pas comprendre comment la magnifique Belle peut soudain éprouver des sentiments pour ce monstre sinistre. D’ailleurs, même la décision de Belle de se sacrifier pour sauver son père ne semble pas assez justifiée. Apparemment, seules les sœurs caricaturales de Belle, interprétées par Audrey Lamy et Sara Giraudeau, peuvent être considérées comme les personnages les plus intéressants et les plus considérables de ce conte cinématographique.
Ainsi, si le réalisateur de cette nouvelle version de La Belle et la Bête peut être qualifié d’illustrateur talentueux, il est peu probable que les termes « artiste original, capable de voir un thème populaire sous un nouvel angle » seront employés pour le désigner.
Il sera intéressant de voir s’il parviendra à conquérir le cœur du public international et de rentabiliser le budget colossal de 33 millions d’euros ?!
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