« La religieuse » : nouvelle ode française à la liberté
Après sa participation au Festival de Berlin, « la Religieuse », film de Guillaume Nicloux, sort sur les écrans.
Le metteur en scène a concrétisé son rêve ancien de porter à l'écran le roman éponyme de Diderot. Pourquoi Guillaume Niclous s'est-il lancé dans cette entreprise, et quelle est l'actualité de cette œuvre du XVIII siècle ? Serait-ce donc que la liberté, si chère à la France, naît là, ou alors, que le metteur en scène, lui-même athée, tente de découvrir les causes de la disparition de la foi dans la société française actuelle?
La France, années soixante du XVIII siècle.
Un jeune homme revient chez son père gravement malade. Sur le bureau il remarque un manuscrit « Les mémoires de Suzanne Simonin ». « Mon père était avocat. Il avait épousé ma mère dans un âge assez avancé ; il en eut trois filles ». Ainsi débute le texte. Suzanne (Pauline Etienne), belle demoiselle très douée pour la musique, déclare à sa mère, au détour d'une phrase, qu'elle éprouve de l'amour pour Dieu. Aussitôt cette dernière, soucieuse de trouver mari pour les deux aînées, envoie sa fille dans un cloître, évitant ainsi une troisième dot. La jeune fille pense tout d'abord qu'elle y passera une année. Mais le prêtre de la famille, venu lui rendre visite, lui apprend qu'elle doit prendre le voile. Contre son gré. En outre elle apprend alors qu'elle est un enfant naturel. Sa mère la supplie de rester au couvent afin de laver ses propres péchés. Le cœur lourd, la jeune fille accepte. Sa vie parmi les sœurs devient un enfer quand Soeur Christine (Louise Bourgoin), mère supérieure sadique, vient remplacer la mère supérieure malade. Suzanne cherche à quitter le couvent et à rompre ses vœux. Après de nombreuses humiliations, elle se retrouve dans un nouveau couvent. Bien que jouissant d'une cellule confortable et de compagnes bienveillantes, elle a une vie peu simple : en effet, sœur Thérèse (Isabelle Huppert), mère supérieure, éprouve pour elle des sentiments peu religieux et veut en faire sa favorite.
Лишь два года назад Никлу смог приступить к адаптации романа Дидро. Режиссер, ставший к этому времени атеистом, решил не фокусироваться на антирелигиозном посыле книги и снять оду свободе. «Дидро не выступал против религии, он выступал против религиозного фанатизма. Сюзанна не отрицает свою веру в Бога, она лишь борется за то, чтобы выражать ее так, как считает правильным для себя». Во многом, именно поэтому название фильма «La religieuse» логичнее было бы перевести «Верующая», но ни в коем случае не «Монахиня». Ибо в своей вере ты свободен, а в монашеской келье, как показывает режиссер, не всегда...
«Монахиня» Дидро претерпела кое-какие изменения и стала ближе к современному миру. «Моя семнадцатилетняя дочь в прошлом году открыла для себя эту книгу и заявила, что она до сих пор важна. Некоторые религии до сих пор относятся к женщинам очень жестоко, — сказал режиссер на пресс-конференции на Берлинале. — Мы до сих пор живем в патриархальном обществе, где женщинам отказывают в правах на свободу мысли по религиозным или культурным соображениям. Это и побудило меня к созданию картины».
Из романа Дидро читатель так и не узнает, что случилось с Сюзанной. Авторы экранизации 1966 года предложили довольно мрачную версию, тогда как у Гийома Никлу совсем другой, более гуманный взгляд на историю свободолюбивой мадемуазель Симонен. «В шестидесятых связь государства и церкви была еще слишком сильна, чтобы показывать другой финал», — считает режиссер.
Настоящим открытием фильма стала исполнительница роли Сюзанны, бельгийская актриса Полин Этьен, которую Никлу увидел в фильме Хоакима Лафосса «Частные уроки». «Я вызвал ее на прослушивание, и когда Полин вошла в комнату, я почувствовал в ней огромную внутреннюю силу, но в то же время и необыкновенное спокойствие».
Этьен четыре месяца потратила на обучение пению, поскольку у ее героини должен был быть прекрасный голос. Все композиции, что в кадре исполняет Полин, записаны непосредственно на площадке. Как и режиссер фильма, Этьен не верит в Бога, но это не помешало ей понять свою героиню.
В свою очередь, Изабель Юппер впервые за свою карьеру играет монахиню
«Роман Дидро я ранее не читала, но когда взялась за него, он показался мне во многом очень забавным», — признается актриса. Возможно, этот факт несколько повлиял на игру Юппер: ее сестра Тереза смотрится немного карикатурно, но это никак не мешает общему тону картины.
Фильм Никлу многие критики сравнивают с лауреатом прошлогоднего Каннского фестиваля «За холмами» Кристиана Мунджиу.
Как и в картине румынского режиссера, монастырская жизнь в драме Никлу не является чем-то чудовищным. Просто она не подходит Сюзанне, так стремящейся к свободе. К свободе выбора и свободе слова, которую Дидро воспел еще три столетия назад.Pour Guillaume Nicloux, « La Religieuse » est le film de sa vie. « Je porte ce projet depuis ma jeunesse, quand j'ai lu pour la première fois ce roman ». Très jeune, avoue-t-il, il voulait entrer au séminaire. Mais à l'âge de 14 ans, après une phase punk et quelques péchés de jeunesse, il abandonna cette idée.
Il a pu engager ce travail et l'écriture du scénario, il y a seulement deux ans. Il a souhaité « se déconnecter de l'image anticléricale de Diderot » et « se concentrer sur l'essence même de texte : l'ode à la liberté ». Il poursuit : « Diderot n'a pas voulu combattre la foi, mais le fanatisme religieux. Suzanne ne renie pas sa foi, ni son amour de Dieu, elle affirme seulement sa volonté de les vivre comme elle l'entend ».
C'est pourquoi le film mériterait plutôt le titre de « La croyante », car dans ta foi, tu es libre, alors que dans une cellule, pas toujours, comme le montre Nicloux...
« La Religieuse » de Diderot a subi quelques changements ; elle est plus proche du monde actuel. « Ma fille, âgée de 17 ans, a découvert ce livre l'année dernière, et il est resté très important pour elle. Quelques religions sont encore aujourd'hui très dures envers les femmes- - a-t-il déclaré lors de la conférence de presse à Berlin — nous vivons encore dans des sociétés patriarcales, où l'on refuse aux femmes le droit à la liberté de penser, en raison de considérations culturelles ou religieuses. C'est ce qui m'a incité à faire ce film ».
Dans le roman de Diderot, le lecteur ne saura pas quel sera le destin final de Suzanne. En 1966, les auteurs du précédent film avaient imaginé une fin sombre. Guillaume Nicloux, lui, a un regard beaucoup plus humaniste sur la demoiselle Suzanne, amoureuse de la liberté. Le metteur en scène considère que « dans les années soixante, le lien entre l'état et l'église était beaucoup trop fort pour montrer une autre fin ».
L'actrice belge, Pauline Etienne, est la vraie découverte du film. Elle interprète Suzanne. Guillaume Nicloux l'a remarquée dans le film de Joachim Lafosse « Elève libre ».
« Je l'ai invitée à une audition, et quand elle est entrée dans la pièce, j'ai senti en elle une énorme force intérieure, et une sérénité peu commune ».
Elle a passé quatre mois à apprendre le chant, car son héroïne avait une voix magnifique. Pauline Etienne est, elle aussi, athée, mais cela ne l'a pas empêchée de comprendre son héroïne.
Isabelle Huppert joue pour la première fois une religieuse
« Je n'avais pas lu Diderot avant, mais quand je l'ai découvert, il ma semblé très amusant » — avoue l'actrice. C'est peut-être pour cela que sa sœur Thérèse est un peu caricaturale, mais cela ne gêne absolument pas le ton général du film.
De nombreux critiques comparent le film au lauréat du festival de Cannes « Au-delà des collines » du roumain Cristian Mungiu.
Comme dans le film de Mungiu, la vie dans un monastère ne semble pas monstrueuse. Simplement, elle ne convient pas à Suzanne, elle qui veut tellement la liberté. Liberté du choix, liberté de la parole, que Diderot chantait il y a trois siècles.
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