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jeudi, 28 mars 2024
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Sur les traces du festival du cinéma russe à Honfleur

Texte et photos de Maria Tchobanov, traduction de Olga Vesic0:52, 6 décembre 2017CulturesImprimer

Dans la ville normande de Honfleur s'est déroulé le 25è festival du cinéma russe: les salles étaient pleines à craquer.

De toute évidence, la popularité du festival a depuis longtemps déjà dépassé les capacités d'accueil du cinéma Henri-Jeanson et du Grenier à Sel où des projections sont organisées depuis déjà de nombreuses années.

À la veille du 25è anniversaire du festival du cinéma russe à Honfleur l'Observateur Russe a demandé au réalisateur, scénariste et acteur français Safy Nebbou, qui présidait cette année le jury, ce qu'il attendait du festival.

Le réalisateur a répondu qu'il voulait qu'on l'émeuve, qu'on l'amène à se poser des questions, qu'on l'irrite et qu'on le fasse espérer. Il a dit que comme dans la vie en général, le meilleur qui puisse nous arriver, c'est de pouvoir grandir, de grandir grâce au cinéma, à la culture et à une autre langue.

Ses attentes ont été complètement exaucées. Le programme du festival a fait éprouver aux spectateurs et aux membres du jury toute la gamme des émotions humaines et les a convaincu encore une fois du fait que «si la raison ne permet pas de comprendre la Russie» le cœur en revanche, lui, le permet complètement.

Le jury du festival

Nathalie Oléon-Papin, première adjointe du maire de Honfleur pour la culture et le commerce a souligné lors de la cérémonie de l'ouverture du festival qui s'est tenue, selon la tradition, dans le local de l'ancien Grenier à Sel que malgré la baisse des dotations d'État versées aux communes durant les trois dernières années, la ville de Honfleur continue et continuera de soutenir le festival du cinéma russe.

"Tout d'abord parce que les films qui y sont présentés montrent un point de vue indépendant et traitent une problématique large, choses auxquelles la présidente du festival Françoise Schnerb prête une attention particulière, ensuite parce que le festival apporte également à la ville un profit économique, en remplissant les hôtels, les restaurants, en amenant plus de clients aux commerçants durant cette période habituellement «morte» de l'année — a expliqué l'adjointe du maire.

Alexeï Mechkov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France, dont la venue au festival constituait son premier évènement en dehors de Paris en tant que nouveau chef de la mission diplomatique russe a exprimé sa reconnaissance aux organisateurs, à la municipalité et aux habitants de la ville, ainsi qu'aux festivaliers pour leur amour et leur fidélité envers ce festival qui dure depuis un quart de siècle et pour leur volonté de se développer davantage et d'étendre ce festival de cinéma aux autres villes de Normandie.

Alexeï Mechkov et son épouse (au premier rang)

De son côté, le réalisateur russe Karen Shakhnazarov, venu au festival présenter son film «Anna Karénine. L'histoire de Vronsky» (2017), a encouragé lors de son discours à l'occasion de l'ouverture du festival «tous ceux qui en ont la force» à contribuer au festival par tous les moyens possibles, parce que «cela est important non seulement pour Honfleur, mais également pour le monde, pour l'Europe, pour nos relations».

Représentant le jury, Safy Nebbou a fait remarquer qu'il y a encore quelques années la Russie lui paraissait difficile à comprendre et lointaine, mais après le tournage sur le Baïkal du film «Dans les forêts de Sibérie» qui avait été «intensif, plein d'émotions et de rencontres intéressantes» chaque nouvelle rencontre avec la Russie était passionnante, c'est pour cela que la proposition de présider le jury du festival et la perspective d'entendre de nouveau la langue russe et de toucher de nouveau au cinéma russe qui est désormais «dans son cœur pour toujours» l'ont extrêmement touchées.

Alexander Hant

Le programme du concours était évalué par un jury français qui était composé par les actrices Pascale Arbillot, Anne-Solene Hatte, Marie-Ange Casta, les acteurs Richard Sammel, Mehdi Nebbou, le chef-opérateur Gilles Porte et le chroniqueur cinéma et administrateur Grégoire Chertok.

Sept films étaient en compétition: «Arithmie» de Boris Klebnikov, «Allume le feu!» de Kirill Pletnev, «La Carpe dégivrée» de Vladimir Kott, «Comment Vitia a mené Liokha aux Invalides» d'Alexander Hant, «La Selle turque» de Yussup Razykov, «Les Païens» de Lera Surkova, «À bon chat bon rat» d'Anna Kreis.

Après le visionnage de tous ces travaux il faut longtemps pour revenir à soi étant donné que chaque film demande au spectateur et un effort émotionnel et une réflexion. Ce n'est pas du tout comme lorsqu'on regarde un film pour se reposer et passer du bon temps.

Toutefois les amateurs d'un genre plus léger n'ont pas eux non plus été négligés par les organisateurs et outre les films en compétition, le programme du festival incluait également les plus grands succès du box-office russe: «Attraction» de Fedor Bondartchouk, «Le temps des premiers» de Dmitri Kiselev, «Salyut 7» de Klim Shipenko, «Viking» d'Andreï Kravtchouk, «Gogol. Le Début» d'Egor Baranov, «Mathilda» d'Alexeï Uchitel, «Tango balte» de Pavel Tchoukrai et «Moi Professeur» de Sergueï Mokritski.

Comme les années précédentes, les projections se déroulaient dans deux salles et comme auparavant les personnes souhaitant assister aux séances étaient souvent plus nombreuses qu'il n'y avait de place en salle de projection. Pour certains films les spectateurs patients commençaient à faire la queue une heure avant le début de la séance.

Le public

De toute évidence, la popularité du festival a depuis longtemps déjà dépassé les capacités d'accueil du cinéma Henri-Jeanson et du Grenier à Sel où des projections sont organisées depuis de nombreuses années déjà.

C'est précisément pour cela que les organisateurs ont décidé d'étendre le festival aux autres villes de Normandie. Cette année les séances de projections qui ont eu lieu à Deauville et Pont-l'Evêque ont connu le succès.

L'année prochaine, il est possible que les habitants du Havre, ainsi que ceux des villes les plus proches de Honfleur puissent également se joindre au cinéma russe contemporain.

L'actrice Xenia Koutepova

Le Grand Prix du festival et le prix du Public a été attribué à «Arithmie» — drame du réalisateur Boris Klebnikov portant sur les ambulanciers. Interprétant le rôle principal, Alexander Yatsenko a remporté le prix du «Meilleur rôle masculin».

Alexander Hant a reçu pour son film «Comment Vitia a mené Liokha aux Invalides» racontant le rapprochement d'un père et d'un fils étrangers l'un à l'autre un prix d'argent de la région d'Ivanovo (travaillant en partenariat avec la ville de Honfleur), remis pour la première fois au festival cette année. Le choix des représentants s'est porté sur ce film en raison de l'aspiration à l'humanité et à la justice qu'ils y avaient vue.

Le prix de la «Meilleure Actrice» a été attribué à Marina Neïolova, interprétant dans la tragi-comédie de Vladimir Kott «La Carpe dégivrée», une institutrice de village âgée qui a décidé de préparer d'avance ses funérailles afin de faciliter la vie à son fils vivant en ville et éternellement occupé. (Evgueni Mironov)      .

Le prix du «Meilleur Début» et du «Meilleur Scénario» a été remporté par la diplômée de l'école de cinéma de Cologne Anna Kreis pour son film «À bon chat bon rat» qui ravive d'emblée toutes les blessures de la société russe postsoviétique à travers l'histoire de la famille d'un jeune soldat tué en Tchétchénie.

Anna Kreis

Le film, le scénario que nous avons primé nous a frappé par la radicalité des scènes et la profondeur de ce qui est dit — a noté Gilles Porte.

L'action du film se passe à Ivanovo en 2000, au plus fort de la seconde campagne tchétchène. Eltsine est remplacé par Poutine, dans la société on parle de fin du monde. Anton revient de guerre lors de laquelle a péri son frère cadet, au beau milieu du conflit entre son plus jeune frère, souffrant d'épilepsie et un gang local.

L'Observateur Russe a demandé à Anna pourquoi elle a tourné son premier film justement sur cette période — la fin des années 90 — le début des 2000.

Pour moi, mon enfance a été une période heureuse. Quinze ans est largement suffisant pour «digérer» psychologiquement les évènements et s'exprimer sur le sujet. Le but du film était de dédramatiser ces évènements, parce que je les regarde à travers les yeux d'un enfant qui ne comprend pas encore leur essence. Les spectateurs allemands et français ont réagi de manière parfaitement adéquate, il me semble même que le public étranger comprend un peu mieux mon travail, ils comprennent toutes ces images: ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, où est la vérité et où est le grotesque, étant donné qu' ils n'ont pas connu cette période et qu'ils peuvent regarder tout cela sereinement de l'extérieur — a expliqué Anna Kreis.

Le rideau du festival est tombé, la langue russe s'est tue dans les rues de Honfleur et la ville a repris son rythme habituel... jusqu'à novembre 2018, date à laquelle commencera le décompte du second quart de siècle du plus grand et intéressant festival de cinéma russe en France.

 

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