Le film « Polina, danser sa vie » du célèbre chorégraphe Angelin Preljocaj et de son épouse la réalisatrice Valérie Müller est sorti sur les écrans français.

L'histoire du film est une adaptation de la bande dessinée « Polina » de Bastien Vivès publiée en 2011 retraçant la vie d'une jeune fille russe, depuis ses études à l'école des ballets de Moscou à sa carrière en Europe où elle devint une célèbre danseuse.

L'intrigue du film rappelle beaucoup le chemin artistique de Preljocaj, directeur du Centre Chorégraphique National d'Aix-en-Provence et titulaire de nombreuses et prestigieuses récompenses dans le domaine de la danse. Ayant commencé sa formation par la danse classique, il étudie ensuite dans la classe de Karine Wagner et apprend la danse contemporaine. En 1980, il part à New-York et revient en France afin de poursuivre ses cours et rentrer dans la compagnie de Dominique Bagouet, dans laquelle il dansa jusqu'à la création de sa propre compagnie de danse en 1984.

Polina, l'héroïne du film commence son apprentissage de la danse classique dans le Moscou des années 90. Ses parents issus d'un petit quartier défavorisé et éloigné de Moscou mettent tout en œuvre pour que leur fille intègre l'Académie des ballets de Bojinski, un professeur exigeant et strict, dont le rôle est superbement interprété par Alekseï Guskov. « L'Observateur russe » avait déjà fait part de ses performances.

Bojinski va découvrir en elle un don évident, bien que son regard sévère ne laisse aucunement entrevoir de relation particulière, ni les espoirs qu'il place en elle. La ballerine va comprendre en grandissant que les cadres de la « vieille » école l'oppressent et ne satisfont pas ses ambitions. En dehors de la scène, elle improvise et donne libre cours à ses élans libérant son corps du carcan de la danse classique.

A 18 ans, Polina commence à se produire au Bolchoï. Le rôle de la danseuse adulte est interprété par la diplômée de l'Académie des ballets Vaganova de Saint-Pétersbourg Anastasia Shevtsova qui a depuis intégré la compagnie du théâtre Mariinsky. Anastasia fût choisie après l'audition par le réalisateur de plusieurs dizaines d'actrices françaises, il comprit qu'aucune ne pouvait incarner ce rôle qui demandait une réelle technique ne pouvant être jouée.

De plus, Shevtsova a une beauté slave très particulière, avec une certaine tristesse dans le regard, associée traditionnellement par le spectateur occidental à l' « âme slave ». Preljocaj ne s'est pas trompé et la ballerine a su être une actrice convaincante, capable de transmettre des émotions à travers l'écran et ne laissant pas le spectateur insensible. Une scène de tentative de suicide provoque une émotion particulièrement forte et contraint le spectateur à ressentir littéralement ce qui se passe dans l'esprit de la jeune fille dans un moment de désespoir.

Le film comporte des chorégraphies de qualité. Niels Schneider et Jérémie Bélingrad, danseurs à l'opéra de Paris, accompagnent Anastasia Shevtsova, mais ce film est intéressant pas seulement grâce aux danseurs, ses héros sont loin de passer toute leur vie sur scène et dans les salles de répétition, ils vivent, rêvent et souffrent, aiment et se séparent, comme les héros de n'importe quel drame.

Dans le film, Polina va rencontrer un danseur français qui lui fait découvrir un nouveau monde, celui de la danse contemporaine. Elle quitte son bien-aimé pour le sud de la France afin d'apprendre cet art avec une chorégraphe interprétée par Juliette Binoche.

Passionnément dévouée à l'art, la chorégraphe va aider Polina à se libérer du carcan de l'école classique. Sa renaissance se passera dans la douleur et sa transformation se fera avec peine, mais petit à petit elle parviendra à se transcender et s'émanciper socialement et artistiquement. La danse va devenir son salut quand elle sera trahit par ses proches, quand elle n'aura plus confiance en personne, elle va l'aider à rester forte et indépendante.