La Cité interdite dans la principauté de Monaco
Si vous ne pouvez pas aller en Chine, alors la Chine viendra à vous. C'est de cette manière que l'on pourrait annoncer la prochaine exposition dans la célèbre principauté intitulée « La Cité interdite à Monaco ».
La Cité interdite, pour bien visualiser, est une sorte de Kremlin chinois. Il s'agit du lieu d'où les terres chinoises sont issues, et autour duquel la capitale de l'Empire du milieu a continué de se développer.
Et tout comme le Kremlin, la Cité interdite est devenue le foyer de musées nationaux, et possède une grande valeur aux yeux du pays. C'est un gigantesque palais, l'un des plus visités au monde (dix millions de visiteurs par an), qui donne, par ailleurs, sur la place la plus grande du monde : la place Tiananmen.
Il était grand temps pour la Chine de s'habituer aux caractéristiques au degré superlatif. Ce pays peut se vanter à juste titre du nombre de ses habitants, de son histoire millénaire ou de ses inventions révolutionnaires.
Organiser une exposition sur l'histoire de l'Empire, et notamment sur l'Empire céleste, était extrêmement difficile.
Jean-Paul Desroches, conservateur général honoraire du Patrimoine et chercheur sinologue, entretient, depuis 30 ans, des liens amicaux avec le musée de la Cité interdite. C'est grâce à de telles relations, qu'il est devenu possible d'exposer, en Occident, des objets qu'il était rare, voire impossible d'exporter hors des frontières du pays.
Le Grimaldi forum Monaco dispose d'un espace de 3 000 m², amplement suffisant pour accueillir l'immense exposition. Pour rappel, le Grimaldi forum est ponctué d'événements en tout genre chaque été (meilleur moment de la saison). Dans le cadre de l'année de la Russie à Monaco, l'exposition « De Chagall à Malevitch, la révolution des avant-gardes » s'est tenue au forum en 2015, ainsi que l'exposition « Impérial Saint-Pétersbourg : de Pierre le Grand à Catherine II » en 2004.
Pendant la préparation de l'exposition chinoise, les organisateurs se sont focalisés sur une période impériale en particulier, à savoir, sur les temps de la dernière dynastie Qing.
Les Mandchous Qing ont gouverné la Chine de 1644 à 1911 (approximativement à la même période que les Romanov en Russie). L'armée mandchoue Huit Bannières a supplanté la dynastie Ming, alors au pouvoir, et a garanti à la dynastie peu nombreuse des Qing, une place privilégiée pendant près de 300 ans. Les Mandchous se sont, par ailleurs, rapidement adaptés à la culture chinoise.
La gouvernance des Qing a permis à la civilisation impériale chinoise d'atteindre son apogée. Les arts comme la calligraphie et la peinture, la confection d'objets laqués ou en porcelaine, et la musique et l'opéra ont tous atteint leur plein développement sous les Qing.
En Chine, l'empereur n'a absolument rien à voir avec les monarques des autres pays. C'est un véritable envoyé du ciel, faisant le lien entre les forces célestes et les forces terrestres.
Le tout-puissant « Fils du ciel » était à la tête de l'armée, mais était également un leader spirituel et le chef des érudits.
D'après Jean-Paul Desroches, la plus vieille carte du ciel a été composée en Chine (elle est aujourd'hui gardée au British Muséum). Selon d'anciens documents, l'empereur était perçu comme le centre de l'univers, et comme l'étoile polaire, autour de laquelle la terre tournait.
L'architecture de la Cité interdite reproduisait l'emplacement des étoiles dans le ciel. Il sera possible d'ailleurs d'apercevoir une reconstitution du palais de l'époque Qing, visible en vue aérienne, dans un film diffusé à l'exposition.
Il est difficile de choisir un objet en particulier parmi les 250 présents pour l'exposition, car ils sont tous uniques. Dans la salle du trône, par exemple, un paravent en bois de santal rouge est exposé. Ce paravent doté de fines incrustations, était destiné à sauver la vie de l'empereur des vagues nocives, lorsque ce dernier recevait des hôtes.
Il y a encore un autre paravent précieux, long de dix mètres, décoré de feuilles d'or et d'argent. Ce paravent n'a quitté le palais qu'une seule fois, pour le Métropolitain Muséum of Art de New-York, car il avait financé sa restauration.
L'empereur Kangxi est l'empereur le plus connu de sa dynastie. Il a dirigé le pays pendant 61 ans, et c'est sous son règne que s'est développée la culture de l'Empire céleste.
Selon des croyances chinoises, il existe, entre les morts et les vivants, un lien, invisible, mais puissant, qu'il faut absolument honorer. Les portraits des personnes passées dans l'autre monde symbolisent leur présence au milieu de nous.
Les représentations des « Fils du ciel », de leur femme et de leurs concubines officielles (toutes très instruites par ailleurs) sont dessinées à l'encre et colorées sur de la soie. Datant du XVII et XVIII siècles elles sont très bien conservées.
Il n'y a pas de décorations dans l'opéra chinois, ou comme les gens l'appelle aussi, l'opéra pékinois. Pendant les spectacles, toute l'attention se concentre sur les costumes, qui peuvent nous en apprendre beaucoup sur l'histoire de la Chine. Les costumes sont les attributs les plus précieux et quasiment les seuls restes de l'art de la scène de la Chine antique.
Grimaldi Forum Monaco
14 juillet – 10 septembre 2017
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