Le gouverneur russe d’une ville française
Un grand et beau livre est sorti à Paris. Le monde s’est tellement habitué à l’aspect extérieur irréprochable de la production typographique française, que l’on pourrait ne pas remarquer l’in-folio suivant. Si son nom n’était pas « Serge Wolkonsky, prince de Reims ». Admettez-le, le début est intriguant.
En effet, Serge Wolkonsky était lié à une ville française, dont la cathédrale principale est celle dans laquelle furent couronnés tous les rois de France. Il servait là-bas. Il était à la tête de Reims et exerçait l’honorable fonction de gouverneur. Ce fût ainsi jusqu’à la fin de la Guerre patriotique, en 1814. Il allait alors sur ses 26 ans.
Deux cents ans après, Martine Bertho-Guyon est une Française amoureuse de la langue russe, qui enseigne depuis plus d’une dizaine d’années à Reims ; et c’est pourquoi, en découvrant une trace russe dans les archives de la ville, elle s’est passionnée pour la personne du gouverneur russe et a écrit un travail volumineux, avec beaucoup de commentaires, de calculs et de références à des documents historiques.
Ceux qui font partie de la génération de l’Union soviétique se souviennent du nom des Wolkonsky, parce que Sergueï Grigorievitch (parent proche et homonyme du gouverneur français) fait partie des décembristes qui ont réveillé Herzen (celui qui a déployé la propagande révolutionnaire). Et encore, souvenons-nous, nous apprenions par cœur le poème de N. Nekrassov « les Femmes Russes », dont l’une des héroïnes principales était Maria Wolkonskaïa, la femme du général, qui a suivi son mari au bagne puis en exil en Sibérie.
Aujourd’hui, dans les manuels d’histoire, chacun à probablement sa propre histoire sur les Wolkonsky, sa propre version des faits ; chaque auteur développe l’histoire comme bon lui semble.
Il faut se souvenir que Lev Nikolaïevitch Tolstoï était un descendant de la deuxième génération, son grand-père était un Wolkonsky de la deuxième branche. Ce n’est bien sûr pas sans raison que la famille Bolkonsky figure dans Guerre et Paix.
La ville française de Reims, au temps de la Campagne russe (les Français appellent ainsi la guerre de 1812), se trouvait au croisement des chemins des trois armées. Et si le jeune gouverneur Serge Wolkonsky n’avait pas été là, les citadins actuels ne pourraient voir ses bâtiments historiques et autres reliques. D’après les documents conservés, il a notamment sauvé la ville du pillage des Prussiens. De plus, il a payé de sa poche pour la restauration et la reconstruction des monuments détruits. En gros, le prince agissait beaucoup « à la russe ». Les habitants de Reims le respectaient et lui ont même offert un coffret précieux, orné de diamants.
Le portrait du prince, que l’on voit sur la couverture du livre, a été découvert dans le musée historique de la ville, qui a été installé dans l’ancienne abbaye. Par un concours de circonstances, un hôpital militaire russe se trouvait notamment là en 1814.
Aujourd’hui, des descendants des Wolkonsky vivent sur le territoire français. « L’Observateur russe » a fait leur connaissance lors de la présentation du livre de Martine Bertho-Guyon, qui était venue dans la résidence de l’ambassadeur de Russie.
Des enfants accompagnaient le prince Alexandre Wolkonsky : le prince Cyril et la princesse Marina Wolkonsky. Est venue à cette soirée Nadia Wolkonsky, issue d’une génération nombreuse et qui appartient à une autre branche de cette illustre famille. « En lisant le livre, j’ai appris beaucoup de nouvelles choses sur notre ancêtre, dit Nadia. Peu de Français savent comment la Russie a aidé la France, parce que les Russes n’ont pas toujours une bonne réputation. Ce livre est important et nécessaire ».
Le prince Alexandre Wolkonsky et ses enfants ne parlent pas russe parce que leurs ancêtres, en échappant à la révolution, aspiraient à quitter leur ancienne vie avec leur famille et repartir à zéro, en donnant à leurs enfants une éducation uniquement en français. D’ailleurs, cela n’a pas empêché le prince Alexandre, malgré les années, à faire un pèlerinage jusqu’à Irkoutsk avec sa famille durant l’été 2013.
Alexandre Wolkonsky a raconté à « L’Observateur russe » qu’il aurait voulu lui-même voir et montrer à ses enfants la maison et le lieu où leur célèbre ancêtre a vécu. Le prince n’a pas pris l’avion jusqu’à Irkoutsk les mains vides. Il a pris avec lui 17 containers, dans lesquels se trouvaient emballés 160 kilogrammes d’arbres, sans terre et sans feuilles. Pour passer les douanes, il a du se soumettre à un règlement sévère. Mais le prince avait amené avec lui son jardinier, qui a planté tous ces arbres autour de la maison des Wolkonsky, sur la terre sibérienne.
« J’avais peur que les arbres ne passent pas l’hiver avec ce climat rude. Cet été, je viendrai obligatoirement voir comment ils se sont acclimatés», raconte le prince, et il sourit en se rappelant son aventure extraordinaire.
Une présentation du livre de Martine Bertho-Guyon « Serge Wolkonsky, prince de Reims » aura lieu à l’occasion de l’annuel salon du livre de Paris, le 22 mars à 16h40 au stand S- :60.
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Joyeux anniversaire Monsieur Bernard Gauducheau !
26 juin 2021
Куплю!!!
Желательно открыть рубрику в газете \"история русских семей во Франции\" у многих есть архивы особенно у пожилых людей , но им нужно помочь представить все професионально в историческом очерке и опубликовать .Наверное найдутся лица у которых есть что сказать!
Avec l'Association, «EUROPE.BAÏKAL» créee en 1999, dont je suis et reste la Présidente, nous avons SAUVE le PATRIMOINE en BOIS d'IRKOUTSK . UNE fois rénovée, LA MAISON CHASTINE a été inaugurée le 22 septembre 1999 par l'Ambassadeur français Hubert COLIN de VERDIERE, comme «MAISON de l'EUROPE».
LE «QUARTIER» des MAISONS EN BOIS des PRINCES a été ainsi inscrit au PATRIMOINE MONDIAL de L'UNESCO.
RESULTATS d'un TRES gros TRAVAIL B.de P.