Lettre pour Amélie Nothomb
Il y a de nombreuses et diverses sources la concernant : Amélie Nothomb (née le 9 juillet 1966 à Etterbeek, en Belgique) est un écrivain contemporain, enfant terrible de la littérature française ; Amélie Nothomb serait née le 13 août 1967 à Kobe (Japon) dans la famille d’un diplomate belge ; elle serait née Fabienne Claire Nothomb et serait la fille d’un ministre plénipotentiaire de Rome ; Amélie Nothomb serait une Belge née au Japon, aurait grandi en Chine, aux Etats-Unis, au Bangladesh, en Birmanie et au Laos, aurait fait ses études en Belgique puis se serait installée à Paris.
Amélie Nothomb écrit environ 3.7 romans par an. Il paraîtrait qu’elle en aurait écrit 64, mais selon d’autres sources il y en aurait 75, et selon les lois des mathématiques -81.4. 22 d’entre eux ont été publiés et traduits dans 23 langues étrangères. Les autres sont conservés dans des boîtes (et pas dans un bureau), dans son appartement belge, et ne verront jamais la lumière du jour.
Même lorsque son sujet littéraire préféré s’incarne dans la vie, la mort vainc l’amour. Son premier roman Hygiène de l’assassin a fait fureur. Le second, Le Sabotage amoureux, a reçu trois prix. Le septième, Stupeur et tremblements, a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française. Huit de ses romans ont donné des spectacles. Et trois d’entre eux ont été adaptés au cinéma.
Le Japon, la Belgique, l’anorexie, l’ayahuasca, la potomanie, le suicide par amour, les meurtres (y compris de l’auteur elle-même, le rêve de Roland Barthes), les journaux étrangers, les ponts parisiens et étrangers, les tremblements de terre et les tsunamis… Où se trouve la vérité et où se trouve l’allusion, où se trouve l’ (auto) biographie et où se trouve l’exercice artistique, où se trouve la littérature et où se trouve la vie : le lecteur troublé doit se débrouiller.
On peut même écrire à Amélie Nothomb une lettre, contenant les questions qui vous dérangent. Cependant, souvenez-vous qu’Amélie Nothomb est occupée à l’écriture de son 82ème roman, ainsi ne vous étonnez pas que les réponses puissent être approximativement les suivantes :
L’Observateur russe : Lorsque j’étudiais la philologie française à l’université, en Sibérie, vos œuvres étaient recommandées à la lecture. On trouvait Maupassant, Zola, Elsa Triolet et Amélie Nothomb. Puis, trois ans plus tard, lors d’un prix littéraire à la Closerie des Lilas, vous m’avez dit que j’avais une belle jupe. A vrai dire, je ne savais pas qui vous étiez. Je n’avais jamais vu de photos de vous, et Amélie Nothomb c’était un « concept, une image littéraire et abstraite » crée grâce à vos livres. C’est notre ami commun, Pierre Canavaggio, qui m’a dit qui vous étiez et c’est ainsi que la littérature s’est ranimée pour moi. Pour vous, c’est important que l’écrivain reste un mythe littéraire ou non ?
Amélie Nothomb : Je ne savais pas que j’étais étudiée en Sibérie et cela me fait beaucoup d’effet. Cela dit, j’ai eu raison de vous dire que vous aviez une jolie jupe car c’était sûrement vrai. Vouloir être un mythe littéraire est le moyen le plus certain de ne jamais en devenir un.
O.R. : Une citation de votre roman Métaphysique des tubes : « Notre unique spécificité individuelle réside en ceci : dis-moi ce qui te dégoûte et je te dirai qui tu es. » Qu’est ce qui vous dégoute?
A.N. : La bouche des carpes.
O.R. : A quoi ressemble la vie de l’écrivaine Amélie Nothomb ?
A.N. : Avant midi, rien que du thé très fort. Après, rien que du champagne.
O.R. : Vous connaissez les souffrances de la création ? Comment les surmontez-vous ?
A.N. : Oui, des angoisses inhumaines, je les surmonte en écrivant.
O.R. : Est-ce qu’Amélie Nothomb relit Amélie Nothomb ? Si oui, est-ce qu’elle a envie de réécrire quelque chose, de le changer, de l’AMELIorer ?
A.N. : Non. Et je n’ai pas envie d’AMELIorer quoi que ce soit.
O.R. : Dans une interview de 1996 avec Mylène Farmer pour le magazine « Vogue », vous avez dit : « Je n’ai encore jamais eu l’honneur de me faire censurer ». Toujours pas ?
A.N. : Toujours pas. Désespérant !
O.R. : Est-ce que, quand nous nous exprimons dans une langue étrangère, nous sommes encore nous-mêmes ? Que pensez-vous des traductions de vos romans ?
A.N. : Oui, cela libère. Je ne peux juger que mes traductions japonaises (superbes) et anglaises (étranges) mais je suis toujours heureuse d’être traduite, même et surtout quand je n’y comprends rien.
O.R. : L’Académie française a retiré du dictionnaire le mot « soulier », et a ajouté « twitter » et « bombasse ». Qu’est-ce que vous en pensez ?
A.N. : Pour ma part, je porte des souliers, je n’ai pas de compte twitter et je ne suis pas une bombasse.
O.R. : Une dernière question. Sur l’amour. Ne pensez-vous pas que dans le monde d’aujourd’hui, l’amour s’est transformé en une abstraction littéraire ?
A.N. : Dans ma vie, l’amour signifie bien plus que cela.
Merci pour vos excellentes questions.
Amélie Nothomb
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Великолепно! Алена, у Вас была очень сложная задача, и Вы с ней справились блестяще !!! Браво!
Да, очень живое интервью.
Au xxi°siècle, il suffit d'être une sorte de baronesse belge excentrique pour avoir un certain nombre de lecteurs.
Российский читатель Уэльбека, Бекбеде и Амели Нотомб чувствует себя branché (продвинутым).