Le roman de Jules Vernes, « Michel Strogoff », et les films « Sibériade » d’André Kontchalovski et « Le Barbier de Sibérie » de Nikita Mikhalkov, ont contribué à former, dans l’esprit des Français, une image de la Sibérie comme d’une contrée lointaine et rude, où des hommes sombres et intrépides vivent au milieu de forêts infinies. Bien que la Sibérie regorge de richesses naturelles et humaines, les entrepreneurs et les touristes occidentaux n’investissent ce territoire que timidement encore.

Татьяна Ламболез представляет Бурятию | T.Lambolez présente la Bouriatie

La conférence « Sibérie, nouvelle terre de développement » organisée par l’association « Cercle Kondratieff » et qui s’est tenue le 16 décembre de cette année, avait pour objectif de dissiper les mythes et les craintes et d’apporter le plus d’informations possible sur les potentialités et les perspectives du marché sibérien aux entrepreneurs, aux investisseurs potentiels et aux acteurs économiques des relations franco-russes. L’Observateur Russe assistait à la conférence.

Près de 20 intervenants venus de Novossibirsk, Krasnoïarsk, Omsk, Tomsk, et des républiques de Khakassie et de Bouriatie, ainsi que des experts et des chefs d’entreprise français travaillant déjà avec succès avec des partenaires sibériens, ont démontré, à l’aide d’indicateurs économiques, de cartes géographiques et géologiques, de données sur la sociologie et l’histoire de la région, que la Sibérie présentait, pour les entreprises, des opportunités de développement dans les domaines les plus variés.

Григорий Милогулов, почетный консул Франции в Новосибирске, директор Российского Делового Клуба | G.Milogulov, consul honoraire de France à Novossibirsk

«Мы такого еще никогда не видели. За два года эта компания превратилась в настоящий завод по созданию игр и мобильных приложений во всех возможных областях, сейчас на нем трудится 4 тыс. человек».

Ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que le milieu des affaires français découvre les réalités sibériennes. Depuis la création, en 1998, du « Programme présidentiel » (échange de spécialistes d’entreprises russes et étrangères dans le but de former les cadres dirigeants pour l’organisation de l’économie de la Fédération de Russie et l’établissement des liens commerciaux), des dizaines d’entrepreneurs français ont visité les régions de Novossibirsk, de l’Altaï, de Krasnoïarsk, de Kemerovo, d’Omsk et de Tomsk. Leur intérêt s’est porté sur les entreprises de santé, l’agriculture, la construction, l’énergie, les industries alimentaire et pharmaceutique et le tourisme. Un résultat concret fut la coopération établie entre une petite entreprise familiale, Biopost-Cofuna, spécialisée dans la production de biofertilisants issus de sous-produits et de déchets d’entreprises agricoles, et le plus gros producteur de volailles de la région (kraï) de l’Altaï, Altaïski broiler.

Un autre exemple est l’alliance franco-sibérienne présentée lors de cette conférence par Olivier Chouraki, représentant de la société Madgic (plateforme mondiale de publicité sur mobile). De jeunes entrepreneurs d’une petite entreprise d’informatique, Akadem Media, basée à l’Akademgorodok (cité scientifique) de Novossibirsk, se sont adressés à O. Chouraki pour une prestation de services. En juin, 2015, ils l’ont convaincu de venir leur rendre visite à Novossibirsk pour discuter des possibilités de coopération. « Nous n’avions encore jamais vu cela.

En deux ans, cette société s’est transformée en une véritable fabrique de jeux et d’applications pour appareils mobiles dans tous les domaines possibles, avec un effectif qui s’élève aujourd’hui à 4 000 personnes.

« Après une semaine d’échanges avec les « sibériens », nous avons compris que nous ne courrions aucun risque à signer un contrat de partenariat exclusif avec eux. Nous n’avons même pas eu à signer des papiers officiels, car nous avions pu nous convaincre que nous n’avions rien à craindre et que c’est ensemble que nous pouvions réussir ». C’est ainsi qu’Olivier Chouraki a partagé son enthousiasme avec les autres participants.

La conférence a accordé une place importante au tourisme, qui est l’un des principaux secteurs économiques de Sibérie, et qui se développe très activement. L’industrie touristique de la région fédérale de Sibérie possède un énorme potentiel d’investissement pour les entreprises français, tant du point de vue des infrastructures (hôtels, routes, sites sportifs), que de celui des services (formation de spécialistes, marketing et communication).

Certains projets communs ont déjà démarré et se développent avec succès. Parmi les exemples, un programme de formation des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration est en cours d’élaboration dans le cadre d’un accord de coopération internationale entre la région de l’Altaï et la région Franche-Comté. Des spécialistes du CNRS et de Sibérie travaillent de concert sur les problèmes de pollution du lac Baïkal. L’entreprise Dianeige développe un concept de développement de parcs nationaux dans la république de l’Altaï. Enfin, le bureau d’architectes Off-The-Grid Studio a été retenu pour réaliser le réaménagement du centre historique d’Omsk.

La Sibérie accueille cinq mille touristes français tout au plus chaque année. 2016 a été baptisée « année du tourisme et du patrimoine culturel » de la Russie et de la France. C’est une excellente occasion pour l’ensemble du secteur touristique russe, ainsi que pour les tour-opérateurs français, de concentrer leurs efforts afin de rendre la Sibérie plus proche et plus familière aux Français.